Chute mondiale de l'intérêt pour l'Aïkido
L'Aïkido n'est pas seulement en perte de vitesse, il est en chute libre. S'il n'est pas possible d'avoir le nombre précis de pratiquants dans le monde, on peut supposer en observant les informations de Google Trends, que l'âge d'or de la discipline est loin derrière nous…
Au niveau mondial
En dix ans, les recherches sur l'Aïkido ont chuté de 80% !
Au niveau français
En dix ans, les recherches sur l'Aïkido ont chuté de 70%...
Il est aussi amusant de noter que notre pays a la particularité d'avoir un pic de recherche en septembre, lors de la rentrée. Une période à ne pas rater pour tous les dojos.
L'avenir de l'Aïkido au Maghreb, en Amérique du Sud et dans les pays de l'est
Un rapide coup d'œil sur la répartition géographique dessine une tendance claire. Aujourd'hui les pays qui portent de l'intérêt à l'Aïkido sont à l'est, en Amérique du Sud et au Maghreb.
Quel avenir pour la discipline ?
L'Aïkido ne disparaîtra pas demain, non. Ni même après-demain. Mais si l'on suit la tendance actuelle en s'appuyant sur le passé et les informations que le net nous fournit, on peut faire quelques suppositions réalistes :
- L'Aïkido va continuer sa baisse inexorable dans ses bastions que sont la France et le Japon. Le nombre de pratiquants y est encore conséquent, mais la moyenne d'âge ne fait qu'augmenter. Une chute brutale est prévisible d'ici une vingtaine d'années, car il n'y a pas de renouvellement.
- L'Aïkido va se développer dans quelques pays émergents. Il faut toutefois noter qu'il est déjà en chute libre dans les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).
- Au niveau mondial la baisse est aussi inexorable, même si l'arrivée de pays en voie de développement pourra faire illusion pendant un certain temps.
Pourquoi ?
Tout simplement l'Aïkido ne tient plus ses promesses, qu'elles concernent une efficacité martiale ou un développement humain. La majorité des têtes d'affiche de l'Aïkido contemporain ne font pas illusion, et les élèves ne sont pas aveugles.
S'il est possible de continuer à attirer des fidèles en jouant sur la nostalgie et la fidélité, cela ne fonctionne qu'avec des pratiquants déjà impliqués. Les élèves potentiels sont de moins en moins nombreux à s'engager sur la réputation des maîtres disparus. Ils ont naturellement besoin de pouvoir vérifier sur pièce. Nul doute que si je n'avais pas rencontré Tamura senseï, mon passage à l'Aïkido aurait été éclair. Mais où sont les Shioda, Toheï, Nishio ou Tamura d'aujourd'hui ?
Comment agir ?
- Pratiquer
Il faut que les enseignants pratiquent et évoluent. Pas qu'ils se contentent de donner deux cours hebdomadaires, et de faire une journée de stage tous les deux mois. Il faut continuer à être élève, et s'entraîner seul. Beaucoup.
- Actualiser et adapter
Les arts martiaux sont supposés être des traditions martiales vivantes. Dès lors qu'ils ne sont plus adaptés à leur époque, ils rentrent dans le folklore qui est si souvent l'antichambre de l'oubli. L'Aïkido est le fruit d'une longue évolution, et Osenseï n'a jamais cessé de l'affiner, comme ses successeurs tels Yamaguchi Seïgo, Nishio Shoji, Tamura Nobuyoshi, etc…
Il faut comprendre ce qui fait l'essence de l'Aïkido, et avoir le courage de le faire évoluer en fonction du monde contemporain, faire preuve d'awase. Oui c'est une tâche difficile, risquée et ambitieuse. Oui beaucoup apporteront des modifications sans pertinence. Mais c'est le prix à payer pour survivre.
Toutes ces questions mériteraient bien entendu d'être creusées plus avant, et il ne s'agit ici que de quelques pistes. Il est toutefois urgent que chacun prenne ses responsabilités, afin de permettre à l'Aïkido de se réinventer pour survivre. Non pas en se reniant, mais en tenant ses promesses. L'avenir de la discipline en dépend.