Quel bokken pour pratiquer l'Aïkido ?
Ueshiba Moriheï, Fondateur de l'Aïkido, utilisait régulièrement le bokken, sabre de bois, lors de ses cours et démonstrations. Si la place accordée au travail aux armes dans la pratique de la discipline est variable selon les enseignants, tout pratiquant régulier possède généralement bokken, jo et tanto dans sa panoplie. Mais pour quel bokken opter ?
A chacun son bokken
Si l'origine de tous les courants d'Aïkido est Ueshiba Moriheï, force est de constater que dès la première génération, une multiplicité de courants est née de son enseignement. De la décontraction de Yamaguchi senseï à la puissance de Saïto senseï et l'incisivité de Nishio senseï, chacun a développé une utilisation du corps, des formes et une façon de transmettre particulières. Et la variété de ces pratiques s'est aussi souvent traduite dans le choix du matériel.
Il y a quelque temps Jordy Delage de Seïdo/BudoExport m'a demandé quels étaient mes choix pour le bokken. Voici l'échange que nous avons eu à l'époque, légèrement développé.
Quel type de Bokken utilisez-vous habituellement pour donner cours (à supposer que vous avez le choix) ?
J'utilise un bokken Jiki Shinkage ryu naginata ho en sunuke.
Avant même de pratiquer l'Aïkido je possédais déjà plusieurs bokkens du type que l'on appelle "classique", et ce sont ceux-ci que j'ai utilisés à mes débuts. Je privilégiais déjà le matériel en provenance du Japon en raison de sa qualité nettement supérieure.
Après quelques temps, au début des années 2000, j'ai commencé à utiliser des bokkens de type Yagyu Shinkage ryu. Ils avaient un aspect plus affuté qui me plaisait plus, et me donnaient une meilleure sensation de coupe. Je crois avoir été un des tous premiers à les utiliser dans le domaine de l'Aïkido.
Finalement lorsque je suis entré au Shinbukan, l'école de Kuroda senseï, j'ai constaté qu'il utilisait un bokken très fin qu'il faisait fabriquer spécifiquement. Je ne trouvais pas la qualité exceptionnelle, aussi j'ai acheté le modèle fabriqué par l'atelier Aramaki qui lui ressemblait le plus. Il s'agissait du Jiki Shinkage ryu naginata ho en chêne blanc. Plus tard je leur ai demandé de fabriquer ce modèle en sunuke. Le bois est plus dense et ainsi, malgré une forme effilée qui donne une très agréable sensation de coupe, il conserve un poids similaire à celui des bokkens classiques en chêne blanc. Il est aussi très agréable au toucher et très élégant.
J'ai offert à Tamura senseï un bokken de ce type, et il m'a dit que c'était le meilleur bokken qu'il avait jamais eu. Il se souvenait qu'Osenseï en avait un similaire mais qu'à son désappointement, il l'avait donné à quelqu'un. Aujourd'hui ce bokken est devenu assez populaire, et est utilisé par des Aïkidokas au-delà du Kishinkaï.
Dans la vidéo ci-dessous Tamura senseï utilise le bokken que je lui avait offert.
Tamura Nobuyoshi avec Antoine Soares (Tamura senseï utilise le bokken Jiki Shinkage ryu naginata ho)
Utilisez-vous des bokken différents (plus léger ou plus lourds) pour votre entrainement personnel et/ou en avez-vous utilisez par le passé et dans quel but ?
Pour ma pratique personnelle j'utilise le même modèle. J'utilise aussi des iaïtos (dotanukis et higo koshirae), des shinaïs et surtout des fukuro shinaïs de type Yagyu. Dans le passé j'ai possédé des suburitos, et plusieurs barres de fer très lourdes de la longueur d'un bokken et d'un jo. Ce sont des objets que je n'utilise plus, car ils ne correspondent pas à l'utilisation du corps que je souhaite développer. En revanche, lorsque je suis en stage il m'arrive régulièrement de poser mon bokken et de passer corriger et démontrer en utilisant les armes des élèves. C'est un très bon exercice car même s'il est préférable de posséder le matériel que l'on estime le meilleur, il est aussi nécessaire de pouvoir s'adapter instantanément.
Certains enseignants considèrent la pratique des armes indispensable, d'autres inutile, et d'autres comme un simple support. Je n'aborderais pas vraiment ce sujet, car il ne m'appartient pas de juger les expériences et les choix de chacun. Cependant, vos recommandations pour la pratique peuvent être intéressantes pour les pratiquants.
D'où la question : Recommandez-vous un type de Bokken particulier au pratiquant selon le niveau de travail, et si oui quel type de Bokken, à quel niveau et pourquoi ?
J'invite tous les élèves du Kishinkaï à utiliser si possible le Jiki Shinkage ryu naginata ho, que ce soit en chêne blanc ou en sunuke. Si le travail à réaliser n'est pas le même selon le niveau, nous utilisons le même matériel.
Je préconise d'utiliser un bokken léger, et des iaïtos longs et lourds. C'est généralement l'opposé qui est fait, avec des kens lourds, et des iaïtos légers et courts. La principale raison de mes choix, est la difficulté supplémentaire qu'apportent ces outils. Un bokken lourd tombe droit tout seul, et sa masse facilite les effets dans des mouvements tels que maki otoshi. Un bokken léger, particulièrement lorsque l'on travaille au ralenti, montre tous nos défauts. Il ne descend pas droit, et toute tension inutile l'agite. Sa légèreté oblige à créer du mouvement pour avoir un effet. Mouvement nécessitant d'autant plus de relâchement… qu'il est léger. Pour le iaïto, une arme courte et légère permet de sabrer avec aisance dans tous les sens. Une arme longue et lourde nécessite une modification précise de l'utilisation du corps pour arriver aux mêmes résultats.
Plus généralement, avez-vous des recommandations particulières pour les Jo ou les Tanto ?
Je conseille les jos en chêne blanc, et les tantos du même style que le bokken, en chêne blanc ou en sunuke. J'ai une nette préférence pour les armes fabriquées par les ateliers Aramaki dont j'apprécie particulièrement la qualité.
Et pour terminer : j'ai développé un Tanto long de 40 cm pour Miyamoto sensei (celui utilisé dans la fameuse démonstration des derniers combat games) il y a quelque année et qui a maintenant beaucoup de succès auprès des enseignants, notamment dans le rôle de Tori pour servir d'outil pédagogique (par exemple sur les directions de coupe). Plus largement, on voit souvent des enseignants utiliser des armes en tant que Tori comme support pédagogique pour démontrer les mouvements à mains nues. En tant que (excellent) pédagogue, verriez-vous un intérêt à développer des outils un peu différent (plus léger, ou un peu plus court par exemple) pour servir de support pédagogique ? Et si oui, quels type d'outils ? (Je me ferais un plaisir de les dessiner et faire fabriquer si vous êtes intéressé d'ailleurs).
Ce qui me semble important, est d'avoir des armes adaptées à sa taille. Il n'est pas très pertinent qu'une femme d'un mètre cinquante et un homme de deux mètres utilisent les mêmes bokkens. Ca donne tout simplement un résultat ridicule. Depuis l'époque Meïji les pratiques martiales ont eu une tendance très forte à la standardisation, notamment sous l'influence des militaires. J'invite toujours les pratiquants qui suivent mon enseignement à acheter leurs armes en fonction de leur morphologie. Bien entendu les modèles standards correspondent à la majorité des pratiquants, et il n'est nul besoin de personnaliser pour personnaliser. Mais pour les autres, c'est une chance de pouvoir s'adresser à des gens comme toi.
Matsuba Kunimasa au suburito et furibo. Matsuba senseï est le forgeron et maître d'Aïkido chez qui nous passerons deux jours lors du Masters Tour 2018.
Acheter ses armes
Nous avons aujourd'hui la chance de pouvoir accéder à du matériel d'exception à prix raisonnable. Pour les armes, mon choix est sans aucune hésitation BudoExport. Grâce à leur présence au Japon, et aux liens de confiance qu'ils ont développé avec eux, BudoExport est le seul distributeur à travailler avec les quatre derniers ateliers fabricants d'armes en bois du Japon. Ils les proposent en outre aux plus bas prix du marché, dans les délais les plus rapides, avec les meilleurs services (conseil, gravure, présélection, etc.).
Donner à la communauté des pratiquants
J'apprécie par ailleurs BudoExport et Seïdo pour leur démarche responsable, et leur éthique. Outre le fait qu'il s'est engagé dans la préservation de l'artisanat japonais, Jordy Delage s'est aussi investi de façon très active dans la communauté martiale. Non content d'offrir la meilleure qualité au meilleur prix dans les délais les plus courts, il participe à l'enrichissement des connaissances à travers ses nombreux articles et vidéos gratuits de qualité exceptionnelle. Il est en outre le partenaire d'évènements tels que la démonstration annuelle de l'Aïkikaï, la NAMT et le Taïkaï. Enfin, les pages de publicités qu'achète BudoExport dans les Hors séries Aïkido et dont le prix est supérieur aux retours qu'il pourrait en attendre, est encore un autre des moyens par lesquels cette compagnie remercie la communauté des pratiquants de leur confiance.
Première partie de la passionnante interview du maître artisan Aramaki Yasuo, du mythique atelier Aramaki
Pour aller plus loin
La page des vidéos BudoExport / Seïdo. Ne manquez pas les films sur els fabricants d'armes, maître Aramaki, et maître Matsuzaki.
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