Les "techniques incroyables" de Horikawa et Okamoto senseï
Suite à un commentaire de Fabrice, j'ai décidé de revenir sur Horikawa et Okamoto senseï.
Il est naturel que l'on s'interroge lorsque l'on découvre des pratiques "incroyables". Il nous revient alors, soit de passer notre chemin incrédule si le sérieux ne nous semble pas au rendez-vous, soit de chercher à aller expérimenter par nous-mêmes. Si dans le cas de Horikawa Kodo cela n'est malheureusement plus possible, il reste la possibilité d'aller pratiquer avec ses élèves les plus avancés, notamment Okamoto senseï.
Mon expérience chez Okamoto senseï
C'est grâce à mon ami Matsushita Asobu que j'ai découvert Okamoto senseï. Je dois dire que lorsque je le vis évoluer en vidéo je fus très dubitatif. Toutefois, devenu membre du Roppokaï, Asobu me décrira avec force compliments la pratique de maître Okamoto. Confiant en son jugement je décidai d'aller expérimenter ce travail si nouveau à mes yeux. C'est à nouveau lui qui m'introduira dans l'école et me permettra de pratiquer avec Okamoto senseï. A l'époque il était déjà âgé et victime de problèmes de santé divers. Il continuait cependant à donner chaque cours avec une assiduité admirable.
Au Roppokaï comme dans toute école traditionnelle, les élèves s'alignent par ordre d'ancienneté pour le salut. Ils sont ensuite répartis un par un dans quatre groupes. Le plus ancien dans le groupe un, le second dans le groupe deux et ainsi de suite. Le cinquième rejoint le groupe un, le sixième le groupe deux, etc…
Okamoto senseï passe alors groupe après groupe. Il effectue une technique sur chaque élève en commençant par le plus ancien. Il démontre ainsi quatre ou cinq techniques dans une rangée avant de passer à une autre. L'opération se renouvelle plusieurs fois pendant le cours. Une fois Okamoto senseï parti le plus ancien projette chaque élève, du plus expérimenté au plus débutant. C'est ensuite au second et ainsi de suite…
L'avantage de cette façon de faire est que chacun peut sentir la technique d'Okamoto senseï. Le point négatif est que lorsqu'arrive votre tour de réaliser la technique, si vous n'êtes pas un ancien vos souvenirs de la sensation ont petit à petit été "pollués" par tous les élèves qui vous ont projetés. Si la technique est reconnaissable lorsque les anciens l'exécutent, elle devient quasiment informe en bout de ligne.
La réalité de techniques incroyables?
Okamoto senseï a subi deux attaques cérébrales et a eu d'autres ennuis de santé. La dernière fois que je l'ai rencontré il avait récupéré l'ensemble de ses fonctions mais restait toutefois relativement faible. La première fois que j'ai pratiqué avec lui je n'ai rien senti. Pas de force bien sûr, mais surtout aucun effet. Déçu, j'ai chuté comme ses élèves avancés. La première série de techniques passées je dois avouer que je n'avais qu'une hâte, que le cours se termine.
Lors de la seconde série, juste avant de me projeter Okamoto senseï leva le regard vers moi et me sourit. En le saisissant j'eus l'impression de recevoir une décharge électrique. Mon corps s'arque bouta et ma respiration se bloqua. Je ressentis un soulagement immense lorsqu'il me projeta. Okamoto senseï eut la gentillesse de me projeter de la sorte encore deux ou trois fois durant le cours.
Je crois que l'état d'Okamoto senseï ne lui permettait pas de donner l'effet de ses techniques à chaque élève. En enseignant la forme et avec l'aide de ses anciens il continuait toutefois de transmettre autant que possible. Pour quelle raison m'a-t-il fait l'honneur de me faire sentir l'effet de ses techniques? Je pense que c'est en raison de l'introduction d'Asobu pour qui il a, je crois, une affection particulière.
Après avoir subi les techniques d'Okamoto senseï je dois dire que je n'ai plus jamais regardé de la même façon le Daïto ryu. J'avais une nouvelle fois pris une leçon d'humilité et j'avais découvert la réalité de techniques "incroyables". Il est à noter que Hino senseï considère qu'Okamoto senseï est le seul maître contemporain à maîtriser l'Aïki. Stanley Pranin qui interviewa Okamoto senseï raconte aussi qu'il était sceptique quand à cette approche mais qu'il fut convaincu après avoir été projeté. Il qualifia la technique d'Okamoto senseï de "fine, subtile, parfait contrôle."
Les uke qui en font trop…
Y-a-t-il, dans les démonstrations martiales, des uke qui en font trop? Indéniablement OUI. Sans AUCUN doute.
Si lors d'une démonstration le uke doit donner la situation la plus pure permettant au tori d'exprimer la technique la plus parfaite qu'il puisse exécuter, le fait de surjouer est totalement contre-productif.
Il ne s'agit pas de chercher un "réalisme", la technique parfaite étant pour moi, par essence, "incroyable". En revanche le mauvais uke qui surjoue donne non pas une sensation d'incroyable mais de faux. Il décrédibilise par ailleurs l'ensemble de la démonstration…
Bien sûr c'est une notion très subtile et subjective. Les sceptiques aux yeux fermés ne verront que du faux même lorsqu'ils verront de l'incroyable. Pour être tout à fait franc je ne voyais que du faux dans beaucoup de choses mais la curiosité m'a sauvée de mon scepticisme. Bien entendu j'ai eu mon lot de déceptions. Mais les découvertes que j'ai faites m'ont ouvert des horizons passionnants.
Jeu?
Fabrice me demandait quelle était la part de "jeu" chez les uke de Horikawa senseï. Je ne saurai le dire. J'ai découvert cette vidéo après une discussion avec Akuzawa senseï et il m'avait dit lui-même qu'il était difficile de juger de sa pratique par vidéo. J'ai regardé à nouveau la vidéo en compagnie d'Asobu qui connaît bien ce genre de travail. Il su me dire à tel ou tel instant si le uke subissait réellement ou en faisait trop. Il semble donc bien que certains de ses uke ne sentaient pas le travail ou l'exagéraient. Ce qui bien entendu n'enlève rien à l'un des plus exceptionnels élève de Takeda Sokaku.
Bloqué?
Concernant le fait de ne pouvoir se désentrelacer ou se débloquer je n'ai jamais subi ce genre de techniques d'un maître de Daïto ryu. Je suis convaincu que cela doit être possible, sans pouvoir dire comment. Cela dit c'est une capacité qui m'intéresse peu comparé à leur maîtrise de l'Aïki.
Au Shinbukan j'ai subi à de nombreuses reprises de Kuroda senseï des techniques très souples qui m'amenaient à une position où ma respiration et mon corps étaient bloqués. Jusqu'à présent seul l'élève le plus avancé de maître Kuroda, Morishita-san, m'a donné une sensation s'en approchant vaguement. Exécutées par n'importe lequel des anciens ces techniques n'ont absolument aucun effet.
Une chose que j'ai notée est que, plus que leur position finale, le chemin qu'empruntent les membres est la clé. Mais à une précision diabolique.
Je ne crois pas qu'au Daïto ryu ou même au Shinbukan il s'agisse d'un travail sur les nerfs. Sans doute les muscles amenés à une certaine position par un chemin précis se retrouvent-ils dans une situation où ils ne sont pas capables ou n'ont pas l'habitude d'être utilisés. Simple conjecture.
Je n'épiloguerai pas sur le sujet car je ne crois pas que cela puisse amener quelque part. Sans réelle connaissance on peut imaginer tout et son contraire…
Il est naturel que l'on s'interroge lorsque l'on découvre des pratiques "incroyables". Il nous revient alors, soit de passer notre chemin incrédule si le sérieux ne nous semble pas au rendez-vous, soit de chercher à aller expérimenter par nous-mêmes. Si dans le cas de Horikawa Kodo cela n'est malheureusement plus possible, il reste la possibilité d'aller pratiquer avec ses élèves les plus avancés, notamment Okamoto senseï.
Mon expérience chez Okamoto senseï
C'est grâce à mon ami Matsushita Asobu que j'ai découvert Okamoto senseï. Je dois dire que lorsque je le vis évoluer en vidéo je fus très dubitatif. Toutefois, devenu membre du Roppokaï, Asobu me décrira avec force compliments la pratique de maître Okamoto. Confiant en son jugement je décidai d'aller expérimenter ce travail si nouveau à mes yeux. C'est à nouveau lui qui m'introduira dans l'école et me permettra de pratiquer avec Okamoto senseï. A l'époque il était déjà âgé et victime de problèmes de santé divers. Il continuait cependant à donner chaque cours avec une assiduité admirable.
Au Roppokaï comme dans toute école traditionnelle, les élèves s'alignent par ordre d'ancienneté pour le salut. Ils sont ensuite répartis un par un dans quatre groupes. Le plus ancien dans le groupe un, le second dans le groupe deux et ainsi de suite. Le cinquième rejoint le groupe un, le sixième le groupe deux, etc…
Okamoto senseï passe alors groupe après groupe. Il effectue une technique sur chaque élève en commençant par le plus ancien. Il démontre ainsi quatre ou cinq techniques dans une rangée avant de passer à une autre. L'opération se renouvelle plusieurs fois pendant le cours. Une fois Okamoto senseï parti le plus ancien projette chaque élève, du plus expérimenté au plus débutant. C'est ensuite au second et ainsi de suite…
L'avantage de cette façon de faire est que chacun peut sentir la technique d'Okamoto senseï. Le point négatif est que lorsqu'arrive votre tour de réaliser la technique, si vous n'êtes pas un ancien vos souvenirs de la sensation ont petit à petit été "pollués" par tous les élèves qui vous ont projetés. Si la technique est reconnaissable lorsque les anciens l'exécutent, elle devient quasiment informe en bout de ligne.
La réalité de techniques incroyables?
Okamoto senseï a subi deux attaques cérébrales et a eu d'autres ennuis de santé. La dernière fois que je l'ai rencontré il avait récupéré l'ensemble de ses fonctions mais restait toutefois relativement faible. La première fois que j'ai pratiqué avec lui je n'ai rien senti. Pas de force bien sûr, mais surtout aucun effet. Déçu, j'ai chuté comme ses élèves avancés. La première série de techniques passées je dois avouer que je n'avais qu'une hâte, que le cours se termine.
Lors de la seconde série, juste avant de me projeter Okamoto senseï leva le regard vers moi et me sourit. En le saisissant j'eus l'impression de recevoir une décharge électrique. Mon corps s'arque bouta et ma respiration se bloqua. Je ressentis un soulagement immense lorsqu'il me projeta. Okamoto senseï eut la gentillesse de me projeter de la sorte encore deux ou trois fois durant le cours.
Je crois que l'état d'Okamoto senseï ne lui permettait pas de donner l'effet de ses techniques à chaque élève. En enseignant la forme et avec l'aide de ses anciens il continuait toutefois de transmettre autant que possible. Pour quelle raison m'a-t-il fait l'honneur de me faire sentir l'effet de ses techniques? Je pense que c'est en raison de l'introduction d'Asobu pour qui il a, je crois, une affection particulière.
Extrait d'un séminaire d'Okamoto senseï à Hawaï
Après avoir subi les techniques d'Okamoto senseï je dois dire que je n'ai plus jamais regardé de la même façon le Daïto ryu. J'avais une nouvelle fois pris une leçon d'humilité et j'avais découvert la réalité de techniques "incroyables". Il est à noter que Hino senseï considère qu'Okamoto senseï est le seul maître contemporain à maîtriser l'Aïki. Stanley Pranin qui interviewa Okamoto senseï raconte aussi qu'il était sceptique quand à cette approche mais qu'il fut convaincu après avoir été projeté. Il qualifia la technique d'Okamoto senseï de "fine, subtile, parfait contrôle."
Les uke qui en font trop…
Y-a-t-il, dans les démonstrations martiales, des uke qui en font trop? Indéniablement OUI. Sans AUCUN doute.
Si lors d'une démonstration le uke doit donner la situation la plus pure permettant au tori d'exprimer la technique la plus parfaite qu'il puisse exécuter, le fait de surjouer est totalement contre-productif.
Il ne s'agit pas de chercher un "réalisme", la technique parfaite étant pour moi, par essence, "incroyable". En revanche le mauvais uke qui surjoue donne non pas une sensation d'incroyable mais de faux. Il décrédibilise par ailleurs l'ensemble de la démonstration…
Bien sûr c'est une notion très subtile et subjective. Les sceptiques aux yeux fermés ne verront que du faux même lorsqu'ils verront de l'incroyable. Pour être tout à fait franc je ne voyais que du faux dans beaucoup de choses mais la curiosité m'a sauvée de mon scepticisme. Bien entendu j'ai eu mon lot de déceptions. Mais les découvertes que j'ai faites m'ont ouvert des horizons passionnants.
Jeu?
Fabrice me demandait quelle était la part de "jeu" chez les uke de Horikawa senseï. Je ne saurai le dire. J'ai découvert cette vidéo après une discussion avec Akuzawa senseï et il m'avait dit lui-même qu'il était difficile de juger de sa pratique par vidéo. J'ai regardé à nouveau la vidéo en compagnie d'Asobu qui connaît bien ce genre de travail. Il su me dire à tel ou tel instant si le uke subissait réellement ou en faisait trop. Il semble donc bien que certains de ses uke ne sentaient pas le travail ou l'exagéraient. Ce qui bien entendu n'enlève rien à l'un des plus exceptionnels élève de Takeda Sokaku.
Bloqué?
Concernant le fait de ne pouvoir se désentrelacer ou se débloquer je n'ai jamais subi ce genre de techniques d'un maître de Daïto ryu. Je suis convaincu que cela doit être possible, sans pouvoir dire comment. Cela dit c'est une capacité qui m'intéresse peu comparé à leur maîtrise de l'Aïki.
Au Shinbukan j'ai subi à de nombreuses reprises de Kuroda senseï des techniques très souples qui m'amenaient à une position où ma respiration et mon corps étaient bloqués. Jusqu'à présent seul l'élève le plus avancé de maître Kuroda, Morishita-san, m'a donné une sensation s'en approchant vaguement. Exécutées par n'importe lequel des anciens ces techniques n'ont absolument aucun effet.
Une chose que j'ai notée est que, plus que leur position finale, le chemin qu'empruntent les membres est la clé. Mais à une précision diabolique.
Je ne crois pas qu'au Daïto ryu ou même au Shinbukan il s'agisse d'un travail sur les nerfs. Sans doute les muscles amenés à une certaine position par un chemin précis se retrouvent-ils dans une situation où ils ne sont pas capables ou n'ont pas l'habitude d'être utilisés. Simple conjecture.
Je n'épiloguerai pas sur le sujet car je ne crois pas que cela puisse amener quelque part. Sans réelle connaissance on peut imaginer tout et son contraire…
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