Namba aruki, shikko et activités naturelles par Kono Yoshinori
Un des axes de travail principaux de Kono senseï est la recherche de la façon dont bougeaient les japonais avant l'ère Meïji qui vit l'archipel confronté au monde extérieur après plus de 250 ans d'isolationnisme. Une des différences fondamentales concerne la marche, activité essentielle de tout être humain. Il explique que jusqu'à l'ère Meïji les japonais utilisaient la Namba aruki, marche de Namba. Lors de cette marche les bras sont soient immobiles, soient le bras du côté de la jambe qui avance se déplace avec elle. C'est ce qu'on appelle la marche homolatérale, par opposition à la marche que l'on voit habituellement, controlatérale. Dans la vidéo ci-dessous à 5:10 une animation montre les différences entre les deux façons de marcher.
Une des principales conséquences de cette façon de marcher est l'absence de vrilles, principe qui sous-tend la pratique martiale de Kono senseï ou Kuroda senseï. L'efficacité pouvant être obtenue selon des principes différents, il est à noter que les maîtres Hino ou Akuzawa utilisent en revanche les vrilles du corps dans leur travail.
Utiliser son corps de la façon la plus économique possible
Dans cette vidéo Kono senseï explique que dans le passé les gens ne faisaient pas de sport. Bouger le corps consistait à travailler. Bien entendu cela se faisait de la façon la plus économique possible. Cela peut sembler anodin mais les conséquences sont en fait très importantes.
Aujourd'hui la très grande majorité des sportifs pratique la musculation. Généralement la musculation consiste à "stresser" au maximum un ou plusieurs muscles pour les rendre plus forts. L'entraînement ne consiste pas à soulever la charge de la façon la plus économique possible. En exagérant un peu, cela revient à ajouter de la puissance physique au lieu d'apprendre à mieux utiliser son corps. Les deux ne sont pas incompatibles mais il semble qu'il soit préférable d'apprendre à utiliser son corps de façon efficace avant de le muscler d'une façon "non naturelle".
La puissance physique ira par ailleurs en décroissant avec l'âge quel que soit son développement. Cela est peu important dans les sports où l'on accepte d'atteindre un pic dans la jeunesse. Mais cela est de peu d'intérêt dans une pratique martiale qui est censée rester efficace et même s'améliorer tout au long de la vie.
Kono senseï me disait récemment que la raison pour laquelle le Sumo est aujourd'hui dominé par les Mongols est qu'ils ont grandi en ayant des activités physiques "naturelles". En jouant, travaillant, comme le faisaient les anciens japonais. On n'utilise pas son corps de la même façon si l'on va jouer, faire du sport pendant une heure ou deux ou si l'on travaille une journée entière et que l'on sait que l'on va recommencer le lendemain. Et le surlendemain. Et le jour d'après… Bien entendu les Mongols pratiquent aussi la musculation. Mais ils ont appris à utiliser leur corps de façon économique.
Chute horizontale
Kono senseï évoque ensuite les distances que pouvaient parcourir certaines personnes en une journée et prends l'exemple que cite Musashi dans son Go rin no sho, d'individus qui parcouraient 40 à 50 ri par jour. Le ri, ancienne unité de mesure japonaise, correspondait à environ 3 900m, soit près de 200 km par jour. La question se pose de savoir de quelle façon ils courraient et Kono senseï explique qu'ils ne vrillaient pas le corps, ne balançaient pas leurs bras et parle de l'utilisation du déséquilibre du corps vers l'avant.
Je pense qu'il s'agit d'un principe qui correspond à la "chute horizontale" (à ne pas prendre au pied de la lettre, il s'agit d'une image aidant à comprendre la sensation). Tomber vers l'avant ici est bien à prendre dans le sens d'horizontal et non de diagonale vers l'avant qui correspondrait à une suite de déséquilibres/équilibres tandis que la chute horizontale permet de garder un déséquilibre constant. J'ai bien peur qu'une fois de plus ma manière de m'exprimer m'impose des limites très restreintes pour décrire une sensation…
Namba aruki
Kono senseï explique enfin que l'on interprète souvent la Namba aruki comme le fait d'avancer le bras et la jambe du même côté simultanément. Et il est vrai que pour en expliquer le principe il a souvent recours à l'exagération comme à 1,20 sur la première vidéo. Cependant d'après ses recherches, à l'époque Edo il s'agissait surtout du fait de ne pas balancer les bras.
Après quelques précisions historiques il explique qu'il est impossible de savoir avec certitude comment marchaient les gens dans le passé puisqu'on ne dispose que de peintures ou traditions orales pour s'en faire une idée. Il dit toutefois être persuadé à 99% du fait qu'ils marchaient différemment. Effectivement les preuves indirectes, habillement, peintures, photos mais aussi techniques martiales m'incitent à abonder dans son sens.
Shikko
La marche à genoux, shikko, est souvent travaillée dans les dojos d'Aïkido qui ont conservé la pratique du suwari-waza. Kono senseï a, de loin, la meilleure façon de se déplacer à genoux que j'ai jamais observée…
Kono senseï sera à Paris pour deux stages exceptionnels les 10 et 11 mai.
Une des principales conséquences de cette façon de marcher est l'absence de vrilles, principe qui sous-tend la pratique martiale de Kono senseï ou Kuroda senseï. L'efficacité pouvant être obtenue selon des principes différents, il est à noter que les maîtres Hino ou Akuzawa utilisent en revanche les vrilles du corps dans leur travail.
Démonstration de Namba aruki à 0:25, 1:20 et 5:10
Utiliser son corps de la façon la plus économique possible
Dans cette vidéo Kono senseï explique que dans le passé les gens ne faisaient pas de sport. Bouger le corps consistait à travailler. Bien entendu cela se faisait de la façon la plus économique possible. Cela peut sembler anodin mais les conséquences sont en fait très importantes.
Aujourd'hui la très grande majorité des sportifs pratique la musculation. Généralement la musculation consiste à "stresser" au maximum un ou plusieurs muscles pour les rendre plus forts. L'entraînement ne consiste pas à soulever la charge de la façon la plus économique possible. En exagérant un peu, cela revient à ajouter de la puissance physique au lieu d'apprendre à mieux utiliser son corps. Les deux ne sont pas incompatibles mais il semble qu'il soit préférable d'apprendre à utiliser son corps de façon efficace avant de le muscler d'une façon "non naturelle".
La puissance physique ira par ailleurs en décroissant avec l'âge quel que soit son développement. Cela est peu important dans les sports où l'on accepte d'atteindre un pic dans la jeunesse. Mais cela est de peu d'intérêt dans une pratique martiale qui est censée rester efficace et même s'améliorer tout au long de la vie.
Kono senseï me disait récemment que la raison pour laquelle le Sumo est aujourd'hui dominé par les Mongols est qu'ils ont grandi en ayant des activités physiques "naturelles". En jouant, travaillant, comme le faisaient les anciens japonais. On n'utilise pas son corps de la même façon si l'on va jouer, faire du sport pendant une heure ou deux ou si l'on travaille une journée entière et que l'on sait que l'on va recommencer le lendemain. Et le surlendemain. Et le jour d'après… Bien entendu les Mongols pratiquent aussi la musculation. Mais ils ont appris à utiliser leur corps de façon économique.
Chute horizontale
Kono senseï évoque ensuite les distances que pouvaient parcourir certaines personnes en une journée et prends l'exemple que cite Musashi dans son Go rin no sho, d'individus qui parcouraient 40 à 50 ri par jour. Le ri, ancienne unité de mesure japonaise, correspondait à environ 3 900m, soit près de 200 km par jour. La question se pose de savoir de quelle façon ils courraient et Kono senseï explique qu'ils ne vrillaient pas le corps, ne balançaient pas leurs bras et parle de l'utilisation du déséquilibre du corps vers l'avant.
Je pense qu'il s'agit d'un principe qui correspond à la "chute horizontale" (à ne pas prendre au pied de la lettre, il s'agit d'une image aidant à comprendre la sensation). Tomber vers l'avant ici est bien à prendre dans le sens d'horizontal et non de diagonale vers l'avant qui correspondrait à une suite de déséquilibres/équilibres tandis que la chute horizontale permet de garder un déséquilibre constant. J'ai bien peur qu'une fois de plus ma manière de m'exprimer m'impose des limites très restreintes pour décrire une sensation…
Namba aruki
Kono senseï explique enfin que l'on interprète souvent la Namba aruki comme le fait d'avancer le bras et la jambe du même côté simultanément. Et il est vrai que pour en expliquer le principe il a souvent recours à l'exagération comme à 1,20 sur la première vidéo. Cependant d'après ses recherches, à l'époque Edo il s'agissait surtout du fait de ne pas balancer les bras.
Après quelques précisions historiques il explique qu'il est impossible de savoir avec certitude comment marchaient les gens dans le passé puisqu'on ne dispose que de peintures ou traditions orales pour s'en faire une idée. Il dit toutefois être persuadé à 99% du fait qu'ils marchaient différemment. Effectivement les preuves indirectes, habillement, peintures, photos mais aussi techniques martiales m'incitent à abonder dans son sens.
Shikko
La marche à genoux, shikko, est souvent travaillée dans les dojos d'Aïkido qui ont conservé la pratique du suwari-waza. Kono senseï a, de loin, la meilleure façon de se déplacer à genoux que j'ai jamais observée…
Shikko à 1:00
Shikko à 1:00
Kono senseï sera à Paris pour deux stages exceptionnels les 10 et 11 mai.
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