Aiki Vs MMA, Florent Betorangal et Léo Tamaki
J'ai été contacté il y a quelques semaines par Frédéric Rousseau de Kombat Sport, chaîne dédiée aux arts martiaux et sports de combat du bouquet Canal+. Il me proposait de passer dans son émission "Gong", pour un reportage intitulé "Aiki versus MMA"… Intrigué j'ai regardé attentivement les épisodes précédents, "Taekwondo Vs MMA", et "Taiji Vs Luta", que j'ai trouvé bien faits. Si le titre "X Vs Y" est spectaculaire et pouvait laisser penser à une confrontation testostéronée pour ajouter un chapitre au vain débat de la meilleure discipline, la réalité était toute autre. S'il y avait bien un peu de sparring bon enfant, les adeptes qui se rencontraient venaient avant tout présenter certains aspects de leur pratique dans le respect de l'autre, et j'ai donc accepté avec plaisir cet échange.
Tournage
C'est le mardi matin qui suivait la semaine du Kishin Taïkaï, de l'Aïki Taïkaï et de la Nuit des Arts Martiaux Traditionnels qu'eut lieu le tournage. Ayant perdu 3 kilos en cinq jours, dormi une moyenne de quatre heures par nuit et pratiqué 7 heures par jour, j'avoue que je n'étais pas bien frais en arrivant. Mais comme toujours, une fois le keïkogi enfilé, toute la fatigue disparut.
Le tournage fut assez original, dans la mesure où rien n'avait été prévu, à part la rencontre entre le champion de Mixed Martial Arts (MMA) Florent Betorangal, et moi-même. S'il nous a demandé quelques plans particuliers, le reste du temps le cameraman tournait autour de nous, photographiant et filmant sous les angles les plus divers. L'échange fut donc très informel. Au visionnage du reportage j'ai d'ailleurs été surpris par mon vocabulaire très familier. Je crois néanmoins que l'absence de directives et l'oubli de la présence des caméras ont fait gagner en naturel ce qui a pu être perdu dans l'élégance de l'élocution.
Présentations techniques
Mon alter ego, Florent, est un champion de MMA. A son arrivée je lui ai demandé ce qui l'intéresserait de voir, et nous sommes rapidement entrés dans le domaine controversé de l'efficacité de l'Aïkido. Nous avons vu quelques mouvements contre des frappes et des amenés au sol qui, je crois, lui ont faire entrevoir l'efficacité martiale de la discipline. Nous avons aussi un peu travaillé au sabre, car comme nombre de combattants, il éprouvait une attirance instinctive pour cette arme mythique.
Nous sommes ensuite passés à la découverte de la partie technique du MMA. Florent m'a présenté un éventail large de ce qui se fait avec des amenées au sol, des dégagements et des soumissions, notamment sur les clés de jambes qui m'intéressaient.
Parallèles
Il est évident que la nature de l'Aïkido et du MMA est très différente. Ces disciplines ont été créées dans des contextes différents, pour des objectifs différents. Il n'en reste pas moins que beaucoup des qualités développées telles que la capacité d'adaptation sont communes, de même que des éléments techniques comme la pression constante, la légèreté et la mobilité.
Florent Betorangal
Si j'avais déjà quelques vagues notions de ce qu'est le MMA, j'avoue que c'est beaucoup grâce aux qualités de pédagogues de mon alter ego que j'ai pu apprécier encore plus la richesse de ce travail. S'il est malheureusement trop commun de voir les champions de MMA mésestimés et pris pour des brutes agressives, la rencontre d'hommes comme Florent prouve à quel point ces clichés ne reposent sur rien. Florent est non seulement un athlète professionnel exceptionnel, mais également un technicien brillant, un pratiquant ouvert, respectueux, et un homme à l'esprit fin. Si vous souhaitez découvrir le MMA, allez sans hésiter suivre les cours qu'il débutera à la rentrée.
C'est ça l'esprit de l'Aïkido?!!!
Tous les pratiquants qui me connaissent savent à quel point la bienveillance et la douceur sont des éléments fondamentaux de ma recherche. Elles sont la mise en action de l'esprit d'amour et de compassion qui sont au cœur de l'Aïkido. C'est un élément que j'ai pourtant délibérément négligé lors de la présentation de la discipline.
Lorsque je fais une démonstration, j'ai à cœur de la faire en fonction de l'audience. Je présente ainsi les choses de façon différente selon les occasions. De même que, lorsque j'écris je le fais en fonction du type de lectorat, et un texte s'adressant à des experts ou des néophytes aura ainsi ses propres spécificités. Et c'est de la même manière que j'ai abordé cette émission. Je savais que le public serait principalement celui d'amateurs de sports de combat. Loin d'être inconnu, le message d'amour d'Osenseï est finalement ce qui a souvent phagocyté l'image que ces pratiquants ont de l'Aïkido, leur faisant considérer les Aïkidokas comme des danseuses, ou tout du moins des personnes se contentant de s'adonner à des techniques chorégraphiées dans le confort du dojo.
J'ai souhaité montrer les racines méconnues de notre discipline. Leur faire entrevoir l'efficacité qui a fait d'Osenseï le Budoka légendaire que nous connaissons aujourd'hui. Cette efficacité qui n'est selon moi que la première marche, et la moins importante, d'un long escalier. Mais une première marche que j'estime nécessaire, et qui a en outre le potentiel d'attirer à la discipline des gens brillants qui auront le loisir de découvrir par la suite la beauté et la force de la compassion. Car ce sont aujourd'hui les jeunes pratiquants qui sont trop souvent absents des tatamis. Des jeunes qui, comme Tamura Nobuyoshi, Noro Masamichi ou Tada Hiroshi à leur époque, seraient attirés par l'efficacité martiale et comprendraient avec le temps le véritable sens de la Voie d'Osenseï …
Ce numéro de Gong est multi-diffusé jusqu'au 4 juillet. Il sera ensuite disponible sur Youtube.
Merci à Thomas Vercellino d'avoir participé à cette émission.