Allen Pittman, la Sagesse du corps
Allen Pittman est un aventurier. Sa vie est un roman initiatique qui l'a mené de l'Angleterre à Taïwan en passant par l'Afrique du Sud et les Etats-Unis. Garde du corps du Dalaï Lama, expert en Bagua, Hsing-I et lutte celtique, il a aussi fondée une méthode complète de soin, développement et renforcement physique, la Sagesse du Corps. Cet homme au destin exceptionnel sera présent pour un stage à Paris du 22 au 25 novembre. Il sera par ailleurs présent à la Nuit des Arts Martiaux Traditionnels.
La Sagesse du Corps
La Sagesse du Corps est une méthode créée par Allen Pittman. Claire et concise, je considère qu'elle est un excellent outil pour tous les pratiquants d'arts martiaux. Je reproduis ci-dessous un extrait de l'interview que j'ai faite d'Allen et qui est actuellement disponible en kiosque dans Dragon Magazine.
Photos Shizuka Sasa Tamaki.
Pouvez-vous nous parler de ce que vous appelez la Sagesse du Corps (SdC)?
La Sagesse du Corps est une méthode que j'ai développée pour apprendre aux gens à se soigner, se renforcer et combattre. C'est une méthode complète de développement physique.
Comment vous est venue l'idée de cette méthode?
La Sagesse du Corps vient de plusieurs expériences. L'une d'entre elles était de travailler avec des victimes d'accident vasculaire cérébral (AVC) pendant un an. J'avais développé une série d'exercices que nous pratiquions deux fois par semaine pendant une heure. Au bout de six semaines ils arrivaient tous à se relever seul. Un vieillard jeta sa canne et dit qu'il n'avait plus besoin de cela. (rires)
L'autre était de travailler avec des enfants. J'ai enseigné dans une école Waldorf pendant dix ans à mi-temps comme professeur d'éducation physique. Mes élèves avaient de 7 à 18 ans. Travailler avec des enfants de tous âges m'a permis d'observer les différentes étapes de développement du corps et de l'esprit. Cela a tout changé dans ma façon d'enseigner.
A un degré moindre un autre événement a contribué à ma réflexion. Lors d'un de mes séjours au Danemark, une personne avait des amis qui ne connaissaient rien aux arts martiaux, et il m'a demandé de montrer quelque chose qu'ils pourraient faire.
Comment aider les patients souffrant de lésions cérébrales? Comment enseigner aux enfants? Que proposer à des personnes sans bagage martial? C'est sur ces expériences que j'ai développé la SdC. C'était aussi, pour moi qui avait demandé tant de tâches spécialisées à mon corps, la recherche d'un état "originel".
Comment s'est structurée votre méthode?
La Sagesse du Corps est une méthode complète mais qui reste évolutive. Je ne l'ai systématisée que lorsque je suis venu en France. Je vivais vraiment dans un endroit retiré en Bretagne et j'avais beaucoup de temps. J'ai alors organisé et affiné les différentes séquences. J'ai commencé à enseigner la méthode pendant trois ans et cela m'a permis d'affiner l'ensemble.
De quoi est composée la Sagesse du Corps?
La SdC se compose de trois parties. La première partie est basée sur le développement de l'enfant. C'est une sorte de Yoga au sol. Elle permet de mettre le corps en condition et de se débarrasser de la plupart des blessures et douleurs. Une fois la douleur disparue, la seconde partie, plus dure, enseigne à se relever et s'incliner. Elle est inspirée du Yoga égyptien car je trouve que ce sont les exercices les plus complets pour le dos en position debout. La troisième partie est l'aspect martial, avec la Danse des Amazones pour les femmes, et la Voie des Héros pour les hommes. On y intègre le danger graduellement, jusqu'au travail aux armes.
Exposée ainsi la méthode semble assez concise?
Oui, c'était mon souhait. Je voulais que la Sagesse du Corps soit une méthode claire et concise. Après l'apprentissage de base, les éléments qui la constituent peuvent ensuite être explorés en y ajoutant de la difficulté et en y apportant des variations. Le pratiquant a alors tous les outils pour explorer l'aspect qui l'intéresse.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le Danse des Amazones?
Un groupe de parents voulaient que j'enseigne à leurs filles à se défendre. En étudiant la question j'ai constaté que la plupart des arts martiaux ne répondaient pas aux besoins des femmes car ils proposent la même chose qu'aux hommes, indépendamment de leurs particularités physiques.
J'ai alors réfléchi et cherché pour commencer un exemple historique de femmes guerrières. Quand les femmes combattaient-elles le plus? J'ai alors découvert la culture Scythe et ses Amazones. Je me suis ensuite demandé quelles étaient les nécessités pour ces femmes, le plus important? Je voulais répondre à la question de savoir comment une femme plus petite et plus faible pouvait, non pas se défendre contre, mais tuer un homme.
Quel est le fonds technique de la Danse des Amazones?
Dans ma recherche j'ai complètement délaissé toutes les disciplines compétitives et étudié deux choses, le monde animal et les arts martiaux "classiques". Comment de petits animaux arrivent-ils à se défendre contre des beaucoup plus gros qu'eux? Comment malgré des chances très minces arrivent-ils à déjouer les pronostics? Comment dans l'enseignement classique des arts martiaux une personne en tue une autre, avec ou sans armes?
J'ai résumé le résultat de ces recherches à neuf positions. J'ai ensuite réalisé que beaucoup de femmes ne pratiquaient pas d'activité physique. Afin de faciliter l'apprentissage j'ai alors transformé les mouvements en danse qui serait pratiquée en musique. Elles pouvaient ainsi apprendre les séquences de façon agréable et sans tension. Lorsqu'elles s'étaient habituées aux mouvements je leur ai alors enseigné les applications. Elles les ont d'abord travaillées entre elles puis, une fois les mouvements intégrés, je les faisais travailler avec un homme de gabarit moyen. Une fois à l'aise dans cette étape je faisais enfin venir un homme de grand gabarit. Chaque étape nécessite ainsi des ajustements qui se font de façon graduelle jusqu'à ce qu'elles puissent faire face au problème dans toute sa complexité.
Pouvez-vous nous parler de l'aspect "santé" de la Sagesse du Corps?
Particulièrement dans la première partie, la SdC est une méthode pour "détraumatiser" le corps, que ce soit de la pratique martiale ou même de la guerre. J'ai des élèves qui sont des vétérans, qui ont beaucoup souffert, et à qui cela a beaucoup apporté.
Lorsque je fais un stage de SdC, nous mettons trois à quatre heures pour arriver à la position debout. Cela peut sembler long mais les exercices permettent de faire disparaître des douleurs qui ont persisté des années… en quelques heures.
Lorsque nous sommes bébé notre dos est très fort. Puis lorsque nous adoptons la position debout il s'affaiblit. Et cela s'aggrave généralement avec les années. C'est une chose sur laquelle je voulais travailler. Le dos, le cou, les genoux d'un bébé sont très forts alors que chez un adulte ces endroits sont souvent très faibles. Je pensais à mon futur et je voulais éviter cela. (rires)
La Sagesse du Corps modifie-t-elle le corps?
La SdC rend le corps un peu… "animal". Mais les humains vivent dans leur tête et ont besoin d'un peu plus d'animalité. En quelque sorte cela équilibre ce que nous impose notre mode de vie actuel avec la technologie et les ordinateurs omniprésents.
Je me suis tout de même demandé si ça ne rendrait pas l'homme plus violent. Mais j'ai constaté que c'est lorsque l'on souffre qu'on est violent. Mon idée était donc d'arriver à se débarrasser des blessures et douleurs.
Quel est le lien entre la Sagesse du Corps et le Yoga?
On peut dire que c'est une sorte de Yoga. Mais dans beaucoup de Yoga les mouvements sont trop extrêmes pour certaines personnes. La SdC est une méthode graduelle qui permet à tous de pratiquer, puisqu'elle a été réfléchie en prenant en compte le développement de l'enfant et le rétablissement de patients victimes d'AVC. De plus l'apprentissage des premières étapes est très simple puisqu'il s'agit de mouvements que nous avons déjà tous réalisés. Je rappelle simplement aux gens ce qu'ils ont oublié, je les aide à se souvenir. C'est une sorte de déshypnose.
Notre corps est intelligent et renferme beaucoup d'informations. Le futur est en germe en nous et nous portons les séquelles du passé. En les soignant la SdC permet de retrouver un état originel et nous rouvre ainsi des portes qui se sont fermées au cours de notre vie.
Allen Pittman en stage à Paris, 23 au 25 novembre
23 novembre de 19h30à 21h30, introduction au Hsing-I
Kikentaï dojo
145 avenue Jean Jaurès
75019 Paris
24 novembre de 10h00 à 12h30 et de 14h30 à 17h00, 25 de 10h00 à 12h30, Sagesse du Corps et Bagua
Dojo régional d'Herblay
Chemin de Chennevières
95220 Herblay
Préinscriptions (jusqu'au 20 novembre)
Stage complet 135€
Week-end 120€
Cours 40€
Sur place
Stage complet 170€
Week-end 140€
Cours 50€
Allen Pittman à la 6ème Nuit des Arts Martiaux Traditionnels
Date:
Samedi 24 novembre
Lieu:
Grande Halle Carpentier
81 Bd Masséna
75013 Paris
Horaire:
19H30 à 23h30
Tarifs:
1ère catégorie 30€
2ème catégorie 20€
Billets disponibles sur Fnac.com et Ticketnet.