Cérémonie à Bras en l'honneur de Tamura senseï
Samedi 4 septembre a eu lieu à Bras une cérémonie en l'honneur de Tamura senseï. L'installation avait commencée tranquillement vendredi et s'était poursuivie samedi matin, les premiers arrivant prêtant main forte à ceux qui avaient passé la nuit sur place.
(photo Bruno Germain)
Peu à peu Bras se préparait à l'arrivée massive d'Aïkidokas de tous pays et c'est avec un pincement au cœur que je me dis qu'il avait fallu la disparition du maître pour qu'un tel rassemblement ait lieu. Bien entendu le Shumeïkan n'a jamais eu vocation à être un lieu d'enseignement de masse, bien entendu le dojo recevait la visite de nombreux pratiquants. Pourtant combien de personnes ai-je entendu hier regretter de ne pas être venues alors que senseï était encore vivant…
C'est peu après 15h30 que débuta l'hommage par une cérémonie bouddhiste où fut récité le Hannya shin gyo. Des premiers élèves de maître Tamura au consul du Japon en passant par les cadres de son courant, les représentants des autres écoles et les humbles pratiquants, ce sont plus d'un millier de personnes venues du monde entier qui étaient réunies autour de madame Tamura et de la sœur et du neveu de senseï. Brève liste non exhaustive dans le désordre:
Stéphane Bénédetti, René VDB, Jacques Bonnemaison, Daniel Toutain, Jacques Bardet, Odile Noro, Maxime Delhomme, Pascal Heydacker, Gilbert Millat, Ahmed Si Guesmi, Brahim Si Guesmi, Wamiko Adachi, Robert Le Vour'ch, Claude Péllerin, Christian Gayetti, etc…
(photo Bruno Germain)
Une fois l'office religieux auquel fut associé Sugano senseï terminé, quelques discours rendirent hommage à Tamura senseï. Les deux derniers furent ceux de la sœur cadette de maître Tamura puis de son épouse. En voici la traduction personnelle que j'ai réalisée sur la base d'un enregistrement audio de mauvaise qualité. Je désirais partager ces instants qui me bouleversèrent au risque de quelques erreurs que je vous prie de bien vouloir excuser.
Paroles de la sœur cadette de Tamura senseï:
"Bonjour,
Je suis la petite sœur de Tamura Nobuyoshi. Merci d'avoir été si nombreux à vous être rassemblés pour lui. Je pense que mon frère se réjouit de tous vous revoir.
Mon grand frère a vécu plus longtemps en France qu'au Japon. Il a eu la chance que beaucoup viennent recevoir son enseignement et je vous remercie du plus profond de mon cœur. La vie de mon frère aîné a été guidée par l'Aïkido, le cœur du Budo qu'il étudia auprès de son fondateur, Ueshiba Moriheï. Mon époux dit un jour en observant un élève de mon frère que c'était des français que les japonais apprenaient l'Aïkido, l'esprit du Bushido japonais et je crois que mon frère fut heureux d'entendre ces paroles. Je crois qu'il aurait voulu pratiquer encore longtemps.
Le 9 juillet en France, le 10 à l'heure japonaise, cela faisait exactement soixante-deux ans que notre père était décédé. Mon père enseignait le Kendo. Mon frère enseignait l'Aïkido. Tous deux suivirent la voie du Budo et tous deux disparurent à la même date. Ayant perdu mon père très jeune, Nobuyoshi était pour moi un frère aîné mais aussi un père. J'aurai voulu qu'il vive encore longtemps.
Je vous confie Rumiko, ma sœur aînée et les trois enfants qu'il a laissés derrière lui."
La soeur cadette de Tamura senseï s'inclinant pour saluer son frère avant de prendre la parole
Paroles de madame Tamura:
"Beaucoup d'entre vous ont eu la gentillesse de venir aujourd'hui et je vous en remercie profondément. En réalité j'aurai dû prendre le temps de préparer un discours mais j'ai été prise par diverses tâches et comme souvent je vous prie de m'excuser.
Durant la maladie et après sa disparition nous avons reçu des messages d'encouragement puis de condoléances du monde entier qui nous ont profondément émus.
Par ces mots de réconfort de tant de personnes j'ai ressenti que mon mari et moi qui avons vécu dans le milieu de l'Aïkido avions une grande famille dans le monde. Nous avons ressenti que nous avions énormément d'amis et cela nous a emplis de bonheur. Je vous remercie du fond du cœur.
Lorsque j'y pense cela fait 46 ans depuis 1964 que nous sommes ensembles et cela a vraiment été un quotidien rempli de joie. Ce furent vraiment des jours heureux et je pense que c'est en grande partie grâce à l'Aïkido.
J'espère que mon mari a aussi ressenti les choses de cette façon mais je vous laisse le deviner. Nous avons été si heureux que jamais je n'aurai imaginé qu'un tel jour viendrait mais il me reste tant de souvenirs incroyables.
Parmi les élèves de l'Aïkido je crois que j'étais probablement la moins sérieuse mais je me promets de vous revoir encore sur les tatamis.
Je vous remercie infiniment pour cette journée. Il y a encore tant de choses que je voudrais vous dire mais nous nous retrouverons sur les tatamis.
Merci du fond du cœur."
La cérémonie terminée les invités se dispersèrent, partageant un verre en se remémorant les instants passés auprès de senseï, visitant le dojo où il enseigna si souvent, observant sa technique sur l'écran qui avait été placé dans la grande salle adjacente…
Après avoir échangé quelques mots avec des pratiquants j'ai eu le plaisir de passer un moment privilégié aux côtés de René VDB, Stéphane Bénédetti, Daniel Toutain et Mickaël chez Jean-Pierre Delarue. Puis, alors que Daniel et Mickaël nous quittaient, c'est Toshiro Suga, Corinne Masson, César et une de ses élèves qui nous rejoignirent pour un dîner qui se terminât tard dans la nuit. La journée avait été longue mais l'émotion avait été au rendez-vous et l'amitié et le souvenir avaient pris le dessus sur les divergences sous l'œil de senseï…