Kyokushinkaï
Sébastien a récemment mis en ligne les photos de la démonstration de Fabrice Fourment à la NAMT09 sur son site Exworld. L’occasion de faire un petit voyage dans le temps…
J’ai découvert le Kyokushinkaï à la fin des années 80. Les magazines de l’époque parlaient du "Karaté au KO", du "style le plus dur du Karaté", etc… Adolescent c'est pourtant le Kung Fu qui avait mes faveurs. La discipline était encore relativement mystérieuse et il flottait un parfum romantique autour d'elle qui ne manquait pas de me séduire.
Finalement c'est au début des années 90 que j'ai débuté le Karaté en parallèle du Full Contact. L'enseignant qui me marqua le plus fut Jean-Pierre Vignau bien que je ne pratiquai que quelques mois avec lui. Quelques années plus tard je partais au Japon vivre l'Aïkido qui était devenu mon principal centre d'intérêt martial.
Débuts en Kyokushin Karaté
Arrivé à Tokyo c'est bien sûr à l'Aïkikaï que m'avaient dirigé mes pas. Les mois passants j'eu pourtant envie de repratiquer le Karaté. La fin des années 90 et le début des années 2000 étaient l'âge d'or des sports de combat au Japon. Le Pride pour le combat libre et le K1 pour les disciplines pieds-poings rassemblaient à chacune de leurs réunions plusieurs dizaines de milliers de spectateurs dans une ambiance électrique. Plusieurs combattants du K1 tels qu'Andy Hug étant issus du Karaté, leurs combats donnaient toujours lieu à une présentation dramatisée de leur entrainement et de leur parcours, ravivant mon désir de pratiquer le Karaté.
Je me rendis tout d'abord chez Kenji Midori après avoir trouvé son adresse dans l'annuaire mais c'est finalement au Hombu Dojo Kyokushin Kaïkan que je me retrouvai. L'organisation s'est aujourd'hui scindée et le plus large courant bien qu'illégitime aux yeux de la loi, a aujourd'hui changé de locaux et possède un Dojo ultra moderne. A l'époque tout le monde encore au Dojo qu'avait fondé Oyama Masutatsu, créateur de Kyokushin Karaté. Situé à Ikebukuro l'immeuble entier était dédié à la discipline et c'est avec émotion que je pénétrais pour la première fois dans cet antre mythique du Karaté.
L'ambiance était radicalement différente de celle de l'Aïkikaï de l'époque. Le Hombu du Kyokushin était aussi bruyant que celui de l'Aïkkaï était feutré. Il y régnait une énergie aussi intense qu'abrupte. La pratique y était dure et sévère et c'est ce que chacun attendait en venant s'y entrainer.
Premier cours
Je me souviens parfaitement du premier cours auquel Isseï et moi avons participé. Nicholas Pettas était en charge ce jour-là. L'entraînement commença par la répétition de centaines de coups de poings, pieds, blocages, pompes et autres exercices physiques rythmés par les kiaïs et Osu incessants des pratiquants. Cet échauffement durait un minimum d'une demi-heure et épuisait déjà une grande partie des pratiquants. Venait ensuite le travail technique puis le combat pour les anciens.
Lorsque nous abordâmes la partie technique Pettas démontra une application d'un mouvement appelé Gedan baraï contre une saisie de poignet. Il démontra que le blocage pouvait aussi servir à se dégager. Soudain il regarda son avant-bras et gifla violemment son uke. Il nous montra alors son poignet légèrement griffé et expliqua qu'il était inadmissible de ne pas prendre soin de son corps et de risquer de blesser ses partenaires d'entraînements. L'ambiance était posée.
A cette époque les pratiquants n'obtenaient l'autorisation de combattre qu'après six mois de pratique. Dès le deuxième cours j'eu pourtant la chance d'être remarqué et put dès lors combattre à chaque cours. Finalement je ne restais au Hombu que quelques mois durant lesquels je combattis un peu plus de 300 fois. Je subis une trentaine de défaites et une dizaines de KO dont, par chance, aucun avec perte de conscience.
Je garde un très bon souvenir de ces quelques mois et un grand respect pour les pratiquants de Kyokushin. J'ai eu la chance de pratiquer régulièrement avec Narushima Ryu que j'appréciais énormément et que je considère aujourd'hui encore comme l'un des, voire le meilleur Karatéka de sa génération.
L'arrêt
Plusieurs raisons me poussèrent à arrêter cette discipline. La première était le manque de temps. A l'époque je pratiquais quotidiennement au Hombu et je travaillais. Il devenait difficile de continuer à tout mener de front.
La seconde concerne l'aspect technique. Si l'engagement physique et le travail des qualités athlétiques me convenaient parfaitement à l'époque, les choix techniques de la plupart des professeurs ne m'intéressaient pas réellement. Nombre d'entre eux étaient de jeunes champions aux qualités physiques phénoménales. Grands et forts, certains étaient capables de me décoller du sol par un simple coup de pied circulaire. Mais leur enseignement était basé sur le pré requis que le pratiquant disposait du même physique. Ce qui était loin d'être mon cas. Deux enseignants me marquèrent pourtant par leur excellence technique, Narushima et un Shihan 7°dan dont j'avoue à ma grande honte avoir oublié le nom. Leur point commun était d'être de petits gabarits, ce qui les avait obligés à se reposer sur la technique bien plus que sur le physique. Nécessité accentuée chez le Shihan qui avait bien plus de 50 ans.
Aujourd'hui le Kyokushin vit une période sombre. Le style a éclaté en une multitude d'écoles rivales, donnant naissance à quelques scandales et rumeurs pénibles. Parmi elles quelques unes restent pourtant de véritables références. Je pense notamment au Shin Kyokushin de Midori Kenji et au Kyokushinkan de Royama Hatsuo. Le travail de ce dernier est particulièrement intéressant car il allie le Kyokushin Karaté au Taïkiken de maître Sawaï, deux styles qu'il étudia auprès des fondateurs dont il devint l'un des plus proches disciples.
J’ai découvert le Kyokushinkaï à la fin des années 80. Les magazines de l’époque parlaient du "Karaté au KO", du "style le plus dur du Karaté", etc… Adolescent c'est pourtant le Kung Fu qui avait mes faveurs. La discipline était encore relativement mystérieuse et il flottait un parfum romantique autour d'elle qui ne manquait pas de me séduire.
Finalement c'est au début des années 90 que j'ai débuté le Karaté en parallèle du Full Contact. L'enseignant qui me marqua le plus fut Jean-Pierre Vignau bien que je ne pratiquai que quelques mois avec lui. Quelques années plus tard je partais au Japon vivre l'Aïkido qui était devenu mon principal centre d'intérêt martial.
Débuts en Kyokushin Karaté
Arrivé à Tokyo c'est bien sûr à l'Aïkikaï que m'avaient dirigé mes pas. Les mois passants j'eu pourtant envie de repratiquer le Karaté. La fin des années 90 et le début des années 2000 étaient l'âge d'or des sports de combat au Japon. Le Pride pour le combat libre et le K1 pour les disciplines pieds-poings rassemblaient à chacune de leurs réunions plusieurs dizaines de milliers de spectateurs dans une ambiance électrique. Plusieurs combattants du K1 tels qu'Andy Hug étant issus du Karaté, leurs combats donnaient toujours lieu à une présentation dramatisée de leur entrainement et de leur parcours, ravivant mon désir de pratiquer le Karaté.
Je me rendis tout d'abord chez Kenji Midori après avoir trouvé son adresse dans l'annuaire mais c'est finalement au Hombu Dojo Kyokushin Kaïkan que je me retrouvai. L'organisation s'est aujourd'hui scindée et le plus large courant bien qu'illégitime aux yeux de la loi, a aujourd'hui changé de locaux et possède un Dojo ultra moderne. A l'époque tout le monde encore au Dojo qu'avait fondé Oyama Masutatsu, créateur de Kyokushin Karaté. Situé à Ikebukuro l'immeuble entier était dédié à la discipline et c'est avec émotion que je pénétrais pour la première fois dans cet antre mythique du Karaté.
L'ambiance était radicalement différente de celle de l'Aïkikaï de l'époque. Le Hombu du Kyokushin était aussi bruyant que celui de l'Aïkkaï était feutré. Il y régnait une énergie aussi intense qu'abrupte. La pratique y était dure et sévère et c'est ce que chacun attendait en venant s'y entrainer.
Premier cours
Je me souviens parfaitement du premier cours auquel Isseï et moi avons participé. Nicholas Pettas était en charge ce jour-là. L'entraînement commença par la répétition de centaines de coups de poings, pieds, blocages, pompes et autres exercices physiques rythmés par les kiaïs et Osu incessants des pratiquants. Cet échauffement durait un minimum d'une demi-heure et épuisait déjà une grande partie des pratiquants. Venait ensuite le travail technique puis le combat pour les anciens.
Lorsque nous abordâmes la partie technique Pettas démontra une application d'un mouvement appelé Gedan baraï contre une saisie de poignet. Il démontra que le blocage pouvait aussi servir à se dégager. Soudain il regarda son avant-bras et gifla violemment son uke. Il nous montra alors son poignet légèrement griffé et expliqua qu'il était inadmissible de ne pas prendre soin de son corps et de risquer de blesser ses partenaires d'entraînements. L'ambiance était posée.
A cette époque les pratiquants n'obtenaient l'autorisation de combattre qu'après six mois de pratique. Dès le deuxième cours j'eu pourtant la chance d'être remarqué et put dès lors combattre à chaque cours. Finalement je ne restais au Hombu que quelques mois durant lesquels je combattis un peu plus de 300 fois. Je subis une trentaine de défaites et une dizaines de KO dont, par chance, aucun avec perte de conscience.
Je garde un très bon souvenir de ces quelques mois et un grand respect pour les pratiquants de Kyokushin. J'ai eu la chance de pratiquer régulièrement avec Narushima Ryu que j'appréciais énormément et que je considère aujourd'hui encore comme l'un des, voire le meilleur Karatéka de sa génération.
L'arrêt
Plusieurs raisons me poussèrent à arrêter cette discipline. La première était le manque de temps. A l'époque je pratiquais quotidiennement au Hombu et je travaillais. Il devenait difficile de continuer à tout mener de front.
La seconde concerne l'aspect technique. Si l'engagement physique et le travail des qualités athlétiques me convenaient parfaitement à l'époque, les choix techniques de la plupart des professeurs ne m'intéressaient pas réellement. Nombre d'entre eux étaient de jeunes champions aux qualités physiques phénoménales. Grands et forts, certains étaient capables de me décoller du sol par un simple coup de pied circulaire. Mais leur enseignement était basé sur le pré requis que le pratiquant disposait du même physique. Ce qui était loin d'être mon cas. Deux enseignants me marquèrent pourtant par leur excellence technique, Narushima et un Shihan 7°dan dont j'avoue à ma grande honte avoir oublié le nom. Leur point commun était d'être de petits gabarits, ce qui les avait obligés à se reposer sur la technique bien plus que sur le physique. Nécessité accentuée chez le Shihan qui avait bien plus de 50 ans.
Aujourd'hui le Kyokushin vit une période sombre. Le style a éclaté en une multitude d'écoles rivales, donnant naissance à quelques scandales et rumeurs pénibles. Parmi elles quelques unes restent pourtant de véritables références. Je pense notamment au Shin Kyokushin de Midori Kenji et au Kyokushinkan de Royama Hatsuo. Le travail de ce dernier est particulièrement intéressant car il allie le Kyokushin Karaté au Taïkiken de maître Sawaï, deux styles qu'il étudia auprès des fondateurs dont il devint l'un des plus proches disciples.
Royama Hatsuo (photo Jean-Baptiste Rosello)
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