Le cimetière des samouraïs
Il y a 15 ans des bulldozers retournent la terre pour la construction d'un parking à Kamakura, lorsqu'ils tombent sur des squelettes. Non pas les restes d'une ou même de dizaine de personnes, mais de milliers!
Très rapidement les recherches permettent de déterminer qu'il s'agit des victimes d'un terrible affrontement qui opposa en 1333 les forces du shogun Hojo, et de l'empereur Go Daïgo.
Le film qui suit est un documentaire du National Geographic intitulé "Warrior graveyard". Il présente les recherches qui ont été effectuées sur les restes des personnes ayant perdu la vie durant cette bataille afin notamment d'étudier la façon de combattre des samouraïs.
Reconstitutions et recherche de spectaculaire
Le documentaire se laisse voir, et j'y ai glané quelques informations. Il souffre toutefois d'une recherche de spectaculaire qui, si elle est compréhensible au regard de la nécessité d'avoir une audience suffisante pour rentabiliser le film, est plus que superflue pour les amateurs un peu éclairés.
Les reconstitutions sont notamment l'aspect le plus pénible du film. Les jeux d'ombre et de lumières stylisent des affrontements qui étaient barbares, comme le montrent les recherches. Avoir des passages où les acteurs s'affrontent en étant câblés comme les personnages de séries Z hongkongaises m'a alors semblé parfaitement déplacé.
Matière à réflexion
J'ai malgré tout regardé le documentaire en entier, et les interventions de chercheurs et d'universitaires tels que Stephen Turnbull étaient souvent intéressantes.
L'étude des squelettes permet d'avancer des conclusions qui viennent confirmer ou infirmer les suppositions qu'un adepte peut se faire. On constate par exemple que nombre de blessures ne sont pas létales, que beaucoup de combattants étaient des personnes ordinaires et non des guerriers aguerris, et que les projectiles avaient une importance déterminante. On voit aussi qu'il est difficile de décapiter un être humain, mais qu'un certain nombre de samouraï était passé maître en la matière…
L'étude met en lumière les blessures dues au combat, mais aussi au todome, le coup de grâce. Si l'Aïkido est une discipline moderne, certaines de ses immobilisations ne prennent réellement leur sens que lorsque l'on comprend qu'elles étaient destinées à avoir un contrôle le temps d'asséner le todome.
Etudier le passé pour s'adapter au présent
J'aime les éclairages que donne l'étude du passé sur la façon de combattre. En croisant les ressources, des écrits aux estampes en passant par des études scientifiques comme celles présentées ici, il devient possible d'affiner notre savoir sur les techniques martiales. En comprenant la logique des choix effectués par les adeptes du passé, nous disposons d'informations qui nous permettent de donner plus de sens à notre pratique, que nous ayons décidé de figer un savoir-faire ou de l'adapter à notre temps.
"Warrior graveyard" n'est pas exempt de défauts, et malgré mes connaissances limitées j'ai eu le sentiment que certaines affirmations étaient discutables, et qu'il y avait quelques raccourcis. L'étude de cette tragédie reste néanmoins une ressource intéressante pour ceux qui veulent connaître un peu mieux les samouraïs et leurs façons de combattre.