Noro senseï vu par Stéphane Benedetti
J'ai passé hier quatre heures avec Stéphane Benedetti. Un long entretien passionnant dans lequel nous avons abordé de nombreux sujets. Sans savoir que maître Noro nous quittait au même instant, Stéphane évoquait la forte impression qu'il lui avait faite quarante ans plus tôt…
Est-ce que tu as pratiqué avec Noro senseï?
Quel personnage! Je l'ai vu deux fois. Une fois à Annecy, et une autre à Dessenza, près du Lac de Garde en Italie. Il était invraisemblable, avec son hakama blanc en soie sauvage à la derviche, et sa ceinture rouge et blanche. Mais quelle prestance!
A Dessenza il y a eu un stage historique. Ils étaient tous là, tous les shihans venus en Europe. Il y avait Tada, Tamura, Noro, Chiba, Asaï, probablement Kitaura et d'autres encore je crois. Il y avait eu les cours et une soirée de démonstration publique. Et Noro avait littéralement soulevé la foule! Il avait fait sa démonstration avec Asaï comme uke. Ses gestes étaient comme des arabesques de danse et Asaï s'envolait au-dessus de lui. La foule italienne était en délire et criait "Viva roba bianca! Viva roba bianca!". Il avait enthousiasmé le public. Alors que Tada, Tamura et les autres, bon. Tout le monde n'avait d'yeux que pour Noro!
Noro avait d'abord des qualités physiques indiscutables, d'intelligence aussi, et cet incroyable culot! (rires) Il était là et c'était comme s'il disait "Je suis là, c'est moi, le roi du monde!". Quel caractère. Et il a formé des gens solides en Aïkido. Des gens comme VDB, comme Blaize, Bécart, Martin et tout un paquet d'autres. C'était des gens qui étaient sérieusement formés, solides techniquement et physiquement.