"Pourquoi je reviens à la FFAB", explication de texte
Je me suis fendu hier d'un petit texte ironique à l'occasion du 1er avril. Basé sur un courrier de la FFAB, ces quelques lignes exprimaient quasi-intégralement l'opposé de mes positions. La plupart des lecteurs français ont saisie l'ironie, soit en lisant son contenu, soit en faisant le lien avec les autres "poissons d'avril", et le post a eu un assez grand succès, puisqu'il fut lu plus de deux-mille fois en une demi-journée, et "liké" plus de 200.
Quelques-uns l'ont pris au sérieux, allant parfois jusqu'à me féliciter, et c'était signe que la pointe de finesse que je visais n'avait pas totalement été manquée. Toutefois, le texte a induit en erreur des lecteurs francophones mais ne connaissant pas la tradition des "poissons d'avril", ainsi que des lecteurs non-francophones utilisant Google translate et autres systèmes de traduction.
Voici donc une brève explication de texte pour les lecteurs induits en erreur.
"Le récent courrier produit par la FFAB m'a fait changer d'avis. Bien entendu au départ j'ai été assez surpris de voir qu'il n'était pas signé. J'ai vite compris qu'il ne s'agissait en fait que d'u signe d'humilité supplémentaire, et non pas d'un manque de courage ou de solidarité. Personne ne voulant se réserver la gloire d'un texte aussi lumineux, il a été décidé de le laisser anonyme, dans la lignée des plus beaux courriers que l'histoire ait connue."
J'aime que les interventions soient assumées. C'est la raison pour laquelle lorsque j'interviens sur Aiki-forum ou mon blog, je le fais en toute transparence. Il est indiqué sur le site de la FFAB que le texte a été rédigé par le bureau technique composé de Jean-Paul Avy shihan FFAB, Michel Prouvèze shihan FFAB, Jacques Bardet shihan FFAB, Robert Dalessandro shihan FFAB, Gilbert Milliat shihan FFAB, Jean-Paul Moine shihan FFAB, Claude Pellerin shihan FFAB, et Marie-Christine Verne future shihan FFAB. Il a été proposé à la réunion CEN CER où il n'a pas fait l'unanimité, mais il est de bon ton de ne pas rendre publique les informations qui dérangent. A vrai dire je ne suis même pas sûr que tous les membres du bureau technique soutiennent ce texte, et il n'a évidemment pas été rédigé en groupe.
Beaucoup de récentes décisions de la FFAB sont difficiles à assumer, et c'est devenu une technique courante que de diluer sa responsabilité en avançant que la majorité a voté comme ceci ou cela. Au final, la majorité ne tient surtout pas à assumer individuellement les actes et décisions. Les courriers anonymes ont un bel avenir devant eux.
Pour information, voici quelques réactions réservées à ce texte lors de la dernière réunion CEN-CER (il y en avait à l'opposé, des enthousiastes):
C. Masson: Si on pratique une politique d'ouverture, nous aurons des gens qui ont envie de travailler. Le ryu est aussi important que la fédération. Nous ne devons pas exclure les gens.
R. Trognon: Le texte de Jean-Paul est un état des lieux. Mais ce qui est intéressant, c'est de savoir ce que l'on va en faire. Je pense qu'il y aurait beaucoup d'honneur pour une équipe, de préserver notre indépendance tout en ramenant en son sein, un plus grand nombre de personnes. On pourrait développer un esprit d'ouverture et d'amitié, on pourrait s'enrichir. On pourrait récupérer des élèves à la FFAAA si on les acceptait.
"Tout d'abord, un historique est présenté afin de mieux resituer les débats. En effet, cela ne m'était pas apparu clairement, mais les décisions actuelles de la FFAB sont justifiées à l'éclairage de ces évènements qui ont eu lieu il n'y a qu'une trentaine d'années."
L'historique m'est apparu totalement hors de propos. Quel rapport avec la course aux hochets (grades et titres), ou la tentative de dissolution de Mutokukaï?
"Il y a par ailleurs deux merveilleux passages que je ne peux m'empêcher de citer:
"Difficile période qui montre que la Loi est importante et que l'on peut être tenté de l'utiliser contre ceux qui ont lutté pour la liberté de l'aïkido."
La LOI. Malheureusement je n'ai pas compris pourquoi seul le L était majuscule. Quoi qu'il en soit, ce passage laisse entendre que la FFAB n'intentera pas de procédure à l'encontre des groupes indépendants qui n'ont pas encore compris qu'elle luttait pour la liberté de tous les groupes, en souvenir de ce qu'elle a subi lorsqu'elle n'était pas reconnue. Cette grandeur m'a profondément ému."
Je ne fais pas partie de Mutokukaï, et je n'ai jamais été élève de Stéphane Benedetti, même si j'ai la plus grande amitié pour lui. Il me semble toutefois que son groupe peut être considéré comme œuvrant à la liberté de l'Aïkido. Il n'empêche que celui-ci est menacé de sanctions juridiques comme l'indique le document ci-dessous.
"Le second passage m'a paru moins clair, mais je ne peux résister à le citer:
"Précision, l'ancienne habilitation devenue maintenant la délégation de pouvoir n'est possible que pour une seule fédération représentant un seul sport.
Nous le voyons encore avec le judo et le prestige de notre nouveau champion olympique."
J'étais un peu peiné que l'Aïkido soit de facto considéré comme un sport, mais la mention fort à propos de NOTRE champion olympique m'a rappelé à quel point nous étions finalement proches. J'ai été surpris qu'il ne soit fait mention de Lucie Décosse, mais je me suis rappelé que nous pratiquions un art d'origine japonaise. Un pays où une épouse est okusan, la personne de l'arrière, l'intérieur. C'est alors que j'ai compris que c'est par respect pour leur désir de discrétion que l'on ne mentionne pas les femmes, qu'elles ne sont pas mises en valeur et qu'elles sont si rares chez les cadres et les dirigeants."
Passage étrange, et oubli de Lucie Décosse. Le nombre de pratiquantes est en baisse constante à la FFAB depuis 2007, selon les données disponibles sur le site du Ministère des Sports.
"La partie suivante présente la structure de la FFAB. C'est un autre élément essentiel qui m'a convaincu de revenir dans le groupe. Il y a d'abord l'humilité de la formulation. "Elle représente dans l'essentiel de ses cadres "l'Aïkikaï de France", l'école de maître TAMURA".
Déjà, les majuscules à maître TAMURA m'ont ému. Quand tant de mécréants se permettent d'écrire son nom avec une seule majuscule, il était temps de remettre les choses à leur place. C'est simple, ceux qui n'écrivent pas TAMURA en majuscules sont des moutons noirs qui ne l'ont jamais connu et ne le respectent pas. C'est avec honte que je me suis rendu compte que je ne mettais qu'un T majuscule. Je vais de ce pas corriger les deux ou trois articles où je mentionne son nom, par respect pour sa mémoire. J'espère que les véritables fidèles en feront autant."
J'ai quitté l'école à 16 ans. Mon courte parcours scolaire avait pourtant été suffisant pour que l'on m'enseigne à ne pas utiliser de lettres capitales à tort et à travers.
"Il y a, aussi, ce nouvel élan d'humilité. En effet, dire que les cadres de l'Aïkikaï de France (quel nom magnifique), représentent la totalité des chargés d'enseignement nationaux, aurait été la preuve flagrante de leur supériorité technique. Malgré leurs manquements techniques, il est normal de ne pas humilier les cadres des nombreux autres groupes de la FFAB. En effet par le passé, quelques maladresses ont fait que le groupe de Gérard Blaize et celui des élèves de maître Saïto ont quitté la fédération. Il est vrai qu'avec toute la bonne volonté du monde, il était difficile de ne pas éclipser techniquement des pratiquants, même volontaires comme Gérard Blaize et Daniel Toutain, dont la légitimité prête pour le moins à discussion… Probablement gênés, honteux de la place qui leur était faite et qu'ils ne méritaient pas, ils ont préféré s'éclipser discrètement et voir leur groupe disparaître à petit feu."
Les circonvolutions des formulations ne changeront rien aux faits. La totalité des cadres du bureau technique et des CEN (chargés d'enseignement nationaux), sont des élèves de Tamura senseï. Il y a une attitude ambivalente, qui oscille entre la revendication assumée d'être le véhicule de la transmission de Tamura senseï, et le désir de paraître rassembleur.
Par ailleurs, que l'on apprécie ou pas des personnes comme Daniel Toutain ou Gérard Blaize, ils ont une légitimité que peu de pratiquants peuvent revendiquer. Leurs départs sont le signe d'un manque évident d'ouverture et d'opportunités proposées.
"Il reste heureusement de nombreuses autres écoles comme le GHAAN et… Ah oui, le Shodokan, représenté en France par maître Tsuchiya. Il semble qu'il a été question de promouvoir ce courant malheureusement il s'agit d'un expert au niveau très très discutable qui n'a pas suivi l'enseignement de MAITRE TAMURA (oui, je crois que les majuscules à son nom ne sont pas suffisantes en fin de compte). De plus le fondateur de cette école a aussi malheureusement une légitimité qui prête aussi à discussion. Enfin heureusement il y a les autres groupes qui témoignent de la volonté de fédérer et promouvoir TOUTES les formes de l'Aïkido. (Oui avec les majuscules il devient difficile de s'arrêter.)
Je me suis demandé un bref instant, pourquoi les nombreux autres groupes n'étaient pas mis en valeur dans la passionnante publication fédérale. Mais une phrase m'a éclairé. "des écoles qui jouissent d'une grande liberté", eh oui, c'est afin de ne pas empiéter sur leur liberté que l'on ne parle pas des autres (de l'autre actuellement mais ce n'est qu'un détail)."
Le Shodokan est l'école créée par Tomiki Kenji senseï, l'adepte qui, d'après le journalise spécialisé Stanley Pranin, fut élève de Ueshiba Moriheï durant la plus longue période. Tsuchiya Satoru est un maître charismatique aux qualités évidentes. Nul doute qu'en le mettant en avant son groupe rassemblerait rapidement de nouveaux pratiquants. Mais l'ombre qu'il ferait serait malvenue.
"Le texte présente par la suite les rapports de maître Tamura et de la FFAB. Il m'a aussi donné de nombreuses réponses.
Tout d'abord le statut de SON EPOUSE. Comme dans chaque fédération, lorsqu'un directeur technique disparaît, il convient de prendre en charge sa veuve. Il aurait été question de subvenir aux besoins de ses enfants, et même petits-enfants, après tout nous sommes l' AIKIKAI DE France! Mais il est apparu que cela serait un peu compliqué à expliquer aux autorités. Il est vrai qu'elles témoignent déjà de leur incompréhension en ne donnant pas suite aux contacts répétés, comme indiqué dans le rapport de la dernière réunion CEN CER."
D'un côté il est expliqué que les décisions sont prises dans l'objectif de ne pas apparaître sectaire, de l'autre ce courrier public disponible en ligne sur le site de la Fédération parle du statut de l'épouse de maître Tamura. En terminant avec trois petits points car on ne peut tout de même trop en dire.
Imagine-t-on que Tamura senseï n'a pas pris ses dispositions? Et quand bien même cela n'aurait pas été le cas, n'est-ce pas à titre privé que ses élèves doivent prendre soin de sa veuve, et non en utilisant l'argent public?
""l'originalité de la FFAB est que certains techniciens ont accepté d'assumer des tâches administratives pour la collectivité". C'est une autre raison qui m'a fait changer d'opinion. Avoir le courage d'aller à l'encontre des textes en étant salarié et dirigeant pour le bien de LA COLLECTIVITE, est tout de même le signe d'une grande hauteur d'âme, qui mérite qu'on s'incline devant elle! Ceux qui, comme René Trognon s'étonne du verrouillage ont un besoin urgent d'être rééduqués! Enfin euh… qu'on leur explique quoi."
Je ne suis pas rentré dans les détails administratifs qui m'ennuient profondément. Toutefois dans un courrier adressé à la Fédération Mr Vo Van semble avoir attiré l'attention sur des points d'irrégularité très clairement:
- Selon le RI fédéral Art 2 :
« La fonction de membre du Comité Directeur n'est pas incompatible avec la perception d'une rémunération, quelle qu'en soit la contrepartie, émanant de la Fédération ou de l'un de ses organes déconcentrés.
Toutefois le nombre des membres du Comité Directeur percevant une rémunération dans ces conditions ne pourra excéder le quart de ses effectifs.
Ils ne peuvent siéger au Bureau. »
- Selon les Statuts fédéraux Art 11.1 :
« La Fédération est administrée par un Comité Directeur de 23 membres »
Lors de l'AG ordinaire et élective des 24/25 novembre 2012 étaient présents, en tant que grands électeurs, quatre présidents de ligue (Centre, Franche-Comté, Lyonnais, Provence) percevant une rémunération de la fédération puisque CEN (tous les CEN ont un contrat de travail avec la fédération).
Leur élection à ce poste régional est contraire au règlement intérieur de notre fédération, puisque « ils ne peuvent siéger au bureau » de leur ligue ni, a fortiori, en être le Président.
De ce fait ils ne pouvaient être électeurs pour l'AG nationale.
Je conteste donc toutes les décisions prises lors de l'AG ordinaire.
Ce problème a d'ailleurs été soulevé en début d'AG par Monsieur Pasquet, Président de ligue Languedoc-Roussillon, avec question sur les risques juridiques encourus à contrevenir ainsi au règlement intérieur.
Il a été répondu par Pierre Grimaldi (Président fédéral) que la fédération était autonome et que le MJS n’interviendrait pas pour ça.
Ces mêmes électeurs se sont exprimés lors de l'AG élective qui suivit
Je conteste donc les résultats des élections pour cette même raison, mais également du fait que se sont poursuivies les irrégularités : ainsi ont été élus 7 CEN au Comité Directeur National qui comprend 23 membres, alors que le règlement intérieur précise qu’ils ne peuvent excéder le quart des effectifs.
Ils ne peuvent donc être plus de 5 à siéger au CDN.
Dans la même logique d’irrégularité ont été nommés au bureau fédéral des CEN qui donc "ne peuvent siéger au Bureau"
A ce sujet aucune réponse satisfaisante n'a été proposée à la réunion CEN-CER.
René Trognon y a déclaré:
Ce qui est reproché, ce n’est pas que des techniciens soient membres du comité directeur, mais c’est plutôt le cumul des pouvoirs de certains ; ce qui fait que la fédération est entre les mains de 4 ou 5 personnes. En conséquence ceux qui ont une pensée minoritaire sont mis de côté. Il n’y a pas de place pour ceux qui pensent autrement.
""d'aucuns avaient fondé leur politique sur l'attente et parié après son départ sur le délitement et l'effritement de la FFAB." J'avoue avoir fait de mauvais calculs. En effet, j'aurai dû faire comme tant d'anciens qui montraient la VOIE depuis si longtemps. Attendre dans l'ombre du maître afin de capter la lumière après sa disparition. Pourquoi tenter démontrer une légitimité technique et une capacité d'autonomie quand le simple fait d'avoir été LA suffit. Malheureusement des gens comme Stéphane Benedetti ou Nébi Vural ne l'ont pas compris. Quel dommage pour eux. Mais il n'est probablement pas trop tard pour que, comme moi, ils se décident à revenir. Les titres et les grades coulent à flot pour ceux qui ont l'échine souple, qualité indispensable de tout AIKIDOKA qui se respecte."
Je crois que beaucoup ont prévu l'effritement de la FFAB. Le souhaiter est une autre chose. De même que prendre son indépendance n'est pas un acte destructeur mais libérateur. Sans compter que certains qui ne demandaient pas à sortir sont poussés dehors comme les membres de Mutokukaï.
"J'ai aussi adoré le passage sur le dojo de Tamura senseï. Il serait trop long d'exposer ici tous les mensonges que j'ai entendus de tant d'interlocuteurs à ce sujet, les projets votés puis torpillés, etc… Qu'il suffise de savoir que SHUMEIKAN était le rêve de Tamura senseï, et que c'est pour cela qu'il y était tous les jours du matin au soir, préférant s'y entraîner plutôt que chez lui."
Je vais être franc, je n'ai jamais aimé le Shumeïkan, et je n'ai jamais trouvé que le dojo correspondait à Tamura senseï. Les autres projets qui ont été passés à la trappe me semblaient bien plus intéressants. Maître Tamura n'habitait pas à Bras et s'entrainait chez lui. Une autre configuration comme celle d'Iwama aurait changé la donne. Elle aurait pu permettre d'avoir de véritables uchi-deshis, et de donner naissance à des générations de professionnels de haut-niveau. Mais il est vrai que cela aurait été aux dépens des cadres techniques amateurs, qui dirigent aussi de fait la fédération.
""TAMURA Senseï ne voulait surtout pas que son dojo puisse être, en quelque manière que ce soit, assimilé à une secte."
TAMURA SENSEI était un directeur technique comme n'importe quel autre, de n'importe quelle autre fédération sportive, au même titre que Raymond Domenech. Il n'est pas question d'INVOQUER SA MEMOIRE pour légitimer quoi que ce soit, de la survie de Bras au choix des cadres techniques. Après tout, nous ne sommes pas des fidèles obéissant au doigt et à l'œil!
"Répétons-le les désirs de Sensei puis de sa famille au grand complet, ont été réalisés selon leurs vœux les plus stricts.""
Peut-on être plus schizophrène? Quant au respect de ses désirs et de ceux de sa famille, cela ne coûte rien d'affirmer qu'ils ont été respectés.
"S'ensuit un paragraphe sur le Brevet d'Etat et ses successeurs. Il y est écrit "Ainsi en interne, chaque fédération pourra choisir des modules pour mieux définir son identité et sa spécificité." Bon, cela vaut surtout pour les ennemis, car à la FFAB l'identité est celle léguée par MAIIIITRE TAMURAAAA. Il est vrai qu'il n'est pas évident de l'expliciter même pour des personnes l'ayant côtoyé une quarantaine d'années, mais je n'ai aucun doute sur le fait que l'on parviendra à figer l'AIKIDO DE MAITRE TAMURA."
L'identité de l'Aïkido de Tamura senseï. Comment un tel sujet peut-il encore prêter à discussion par des gens qui l'ont suivi 40 ans? Chacun des ses élèves qui sont aujourd'hui shihan FFAB devrait pouvoir sans peine expliquer les spécificités, les origines et les évolutions de sa pratique. Et surtout ce qui empêche de pratiquer avec les autres courants, seul argument permettant de lutter pour garder une autonomie, des postes et des titres.
"J'ai aussi aimé le passage sur le "plus petit commun dénominateur" qui m'a rappelé les questionnements de quelqu'un."
Un échange de la réunion CEN-CER m'a rassuré, je ne suis pas le seul à avoir eu cete pensée fugace:
L. Bouchareu: Jean-Paul, le texte que tu as lu est destiné à qui ?
JP. Avy : Une fois qu’il aura eu l’assentiment de tous, il sera mis en ligne sur le site fédéral.
L. Bouchareu: Je trouve que ce texte ressemble à un courrier qui répond à une seule personne.
"Heureusement j'ai été rassuré:
"Pourtant c'est bien à nous de donner vie aux pratiques qui constituent le monde de l'aïkido en évitant deux maux graves: la pure démagogie comme l'émiettement par dispersion excessive."
Enfin j'ai été rassuré, bien entendu au départ, comme tout lecteur doté d'un QI banal, j'ai été surpris de la réponse si vague et qui aurait pu, paradoxalement, sembler démagogique et illogique. Mais c'est là que j'ai compris que nous allions en fait préserver l'enseignement traditionnel japonais en nous exprimant par des koans! (Koan: courte phrase ou anecdote absurde ne sollicitant pas la logique ordinaire. Ce qui est d'ailleurs intéressant, est que le terme vient de gong'àn, et est emprunté au vocabulaire juridique de la China ancienne, où il désignait les décisions des bureaux gouvernementaux qui faisaient force de loi!)"
D'une part on veut trouver ce plus petit dénominateur commun, mais en même temps on ne veut pas des autres parce qu'ils sont trop différents. Quant à ce que signifie "l'émiettement par dispersion excessive", cela reste un mystère pour moi.
"Dans la suite est abordée la question des grades, leaders et autres éléments ESSENTIELS. J'y ai appris que TAMURA SENSEI n'a pas voulu désigner de "leader naturel". On reconnaît là sa sagesse, car ce leader n'aurait pas eu l'air naturel. Quelle finesse de jugement!"
Un leader naturel ne se désigne pas. Un successeur, si. Ou même un collège de successeurs comme le choisit André Nocquet. L'absence de désignation et de directives est un signal que chacun peut interpréter librement. Désaveu, invitation à créer son propre chemin, les choix sont multiples. Voir malgré ce silence assourdissant une invitation à déclarer pour la FFAB que, "elle seule détient le droit de diffuser l'enseignement de Nobuyoshi TAMURA", il y a un pas que la Fédération n'a pas hésité à franchir allègrement.
"On y apprend aussi que "son désir, tout aussi naturel et limpidement exprimé, était de voir l'équipe de CEN engager la lutte contre leur propre égo pour pouvoir approfondir ensemble la voie qu'il avait montrée.". Malheureusement des gens comme VDB, Nébi Vural et Tiki Shewan ne l'ont pas compris. Il est vrai que Nébi Vural était par exemple l'un de ceux qui comprenait le moins MAITRE TAMURA. C'est pour cela qu'avec bienveillance TAMURA SENSEI avait explicitement exigé qu'il soit le seul à l'assister dans les stages professeurs. Cela lui permettait de lui expliquer encore et encore."
Le texte étant ironique, il convenait ici comme ailleurs, de comprendre le contraire de ce qui est écrit. Nébi Vural fut sans conteste l'un des plus proches de Tamura senseï, avec le regretté Jean-Yves Le Vourch, et Stéphane Benedetti. Tamura senseï ne voulait plus avoir que lui à ses côtés pour l'assister lors des stages enseignants.
"Quoi qu'il en soit, la lutte ne fut pas vaine. Elle fut d'ailleurs très brève. La mort de MAITRE TAMURA illumina un petit nombre d'élus, les CEN non-démissionnaires, qui découvrirent la vacuité des titres et grade. Et pour démontrer leur non-attachement à ces hochets, il fallait qu'ils les obtiennent d'abord. Chose faite quelques mois après la mort de MAITRE TAMURA pour les grades, et récemment pour les titres de SHIHAN. Jusqu'au-boutiste, ils se sont d'ailleurs réjouis de la mention de SHIHAN FFAB, qui, s'il montre les limites de ce titre selon les mauvaises langues, est pour EUX la PREUVE DE LEUR FIDELITE! (Ce truc des majuscules devient hors de contrôle, DésoLé)."
Extrait de la réunion CEN-CER
"P. Grimaldi: Nous terminerons cette réunion par un moment agréable. Nous sommes allés au Japon, à l’aikikai, nous avons rencontré plusieurs personnes et aujourd’hui grâce aux soutiens de YAMADA Senseï et Madame TAMURA nous allons remettre 20 diplômes de Shihan. En effet 20 CEN ont été désignés Shihan par l’Aïkikaï de Tokyo.
Rappelons que le premier Shihan de la FFAB a été Jean-Yves LE VOURC’H. Pour Maître TAMURA Shihan voulait dire Modèle.
Nous sommes très fiers d’avoir pu remettre ces diplômes aujourd’hui. Pourtant cela n’était pas joué d’avance. Il a d’abord fallu faire reconnaître, pour les CEN qui le souhaitaient, leur 6ème Dan fédéral délivré par Maître TAMURA en 6ème Dan Aïkikai. Nous avons ensuite présenté à l’aikikai l’ensemble des demandes pour le titre de Shihan. Cette liste a été rejetée une première fois car il fallait être titulaire du 6ème Dan Aïkikaï depuis au moins 6 ans avant de pouvoir prétendre au titre de Shihan."
Des titres de shihan que Tamura senseï n'avait donc pas estimé opportun de donner, et pour lequel il a fallu se battre et faire du lobbying. Belle reconnaissance. A noter par ailleurs que ces titres ne sont valables que dans le cadre de la FFAB.
""la FFAB a demandé à ce que ses activités soient réservées à ses pratiquants pour inviter chaque licencié à la réflexion." Réflexion qui fut négative pour certains esprits obtus, puisque le chiffre de 700 licences perdues a été avancé par PIERRE GRIMALDI lors de la dernière réunion CEN CER, avec une prévision d'un millier de pertes, mais qui ne manquera pas à long terme d'être positif, c'est certain. Il est très probable que la majorité des licenciés FFAAA soient en train de préparer une pétition pour obliger leurs dirigeants à s'incliner devant les demandes de la FFAB. En effet, comment pourraient-ils supporter l'insoutenable frustration de ne pas pouvoir participer à un stage de TAKAMIZO SHIHAN!!??"
Extrait réunion CEN-CER:
P. Grimaldi: même si on ne souhaite pas leur accorder trop d’importance, à ce jour on enregistre une baisse de 700 licences, ce qui veut dire que l’on se dirige vers une perte de 1000 licences en fin de saison. Il va donc falloir faire des choix dans les activités fédérales.
""Nous récusons le qualificatif de sectarisme. Notre position s'expliquant par la volonté de ré-ouvrir à terme la porte et non de la fermer."
Evidemment ce terme est encore éloigné. Mais lorsque les VERITABLES DISCIPLES DE MAITRE TAMURA QUI SONT RESTES ET N'ONT PAS TRAHIS SERONT TOUS MORTS, leurs successeurs naturels désignés réfléchiront à l'ouverture. A terme."
Il faut donc fermer une porte pour mieux l'ouvrir plus tard, plutôt que de la laisser ouverte.
Extrait de la réunion CEN-CER:
R. Trognon : tu es naïf, nous savons tous que les présidents de ligue votent les uns pour les autres depuis des années.
P. Grimaldi : Tu dis respecter la démocratie et pourtant tu ne respectes pas les textes fédéraux. En tant que CEN tu n’aurais pas dû faire du « racolage » dans les couloirs durant l’assemblée générale. Tu es un CEN sous contrat et dans les textes il est précisé que tu n’as pas à prendre parti. Tes amis ont adressé un courrier au ministère concernant les élections, vous pensez que c’est comme cela que l’on travaille au bénéfice de la fédération.
Tu parles de la plus grosse ligue de France, mais la ligue Ile de France n’a progressé que de 300 licences en 10 ans. En réalité par rapport au nombre d’habitants, la première ligue de France est la Lorraine.
C. Masson : mais c’est justement parce que nous pratiquons une politique d’ouverture. Je n’ai jamais vu dans le monde entier un seul dojo me fermer la porte. Je n’ai jamais vu Maître TAMURA exclure quelqu’un une seule fois.
Quand Mr Grimaldi est pris à son propre piège. Sans compter que:
FFAB en 2000: 28 373 licenciés
FFAB en 2011: 28 344 licenciés
Apparemment la ligue Ile de France a réussi à enrayer une baisse nationale.
Pendant ce temps la FFAAA n'a pas fait de bond, mais il y a une légère progression:
FFAAA en 2000: 28 796 licenciés
FFAAA en 2011: 28 835 licenciés
""La FFAB souhaite une structure ouverte (A CEUX QUI SONT D'ACCORD AVEC LES VRAIS DISCIPLES ET S'INCLINENT DEVANT LEUR SUPERIORITE ET LEURS DECISIONS), respectueuse de toutes les démarches (DANS LA MESURE OU ELLES ONT LE BON GOUT D'ETRE DISCRETES VOIRE INVISIBLES COMME CELLE DU SHODOKAN) mais attend en retour le même respect de son identité propre (QUI EST CELLE DE NOTRE MAITRE TAMURA NOBUYOSHI MEME SI ON A DU MAL A L'EXPLICITER AVEC DES MOTS)."
Cette phrase aurait pu être obscure, mais heureusement je parle encore un peu le FFAB :-)"
Langue de bois contredite par tous les faits et les décisions récentes.
""Il n'y a pas de blocage particulier à l'égard de quiconque." SAUF DE CHRISTIAN TISSIER MAIS C'EST DANS L'IDEE D'UNE OUVERTURE A TERME.
ET AUSSI PARCE QU'IL FAIT RIEN QU'A NOUS EMBETER."
Extrait du relevé des décisions de l'AG 2012:
Nous avons écarté la possibilité d’examiner la promotion au 8ème Dan de C. TISSIER. Tant que le Règlement Particulier ne sera pas mis en place, nous n’envisagerons pas une telle promotion.
Pas de blocage particulier donc, ni de chantage.
""Une fédération… n'entend pas nier le droit à l'existence des associations mais n'a pas à favoriser leur éclosion".
Bon il est vrai que personne ne demande de l'aide pour créer une association à la FFAB, et qu'il a été demandé par écrit que Mutokukaï soit dissoute, mais ça c'est parce que Stéphane Benedetti n'est pas un véritable élève de Tamura senseï. Qu'il l'ait occasionnellement appelé mon fils, lui ait confié la rédaction de son courrier personnel et la supervision de ses livres n'est qu'une faute qu'IL FAUT LUI PARDONNER, COMME NOUS PARDONNONS..."
La FFAB ne nie pas le droit à l'existence des associations mais:
Extrait du relevé des décisions de l'AG 2012:
Le Comité Directeur a pris la décision d'écarter de la liste des juges, des membres qui ne partagent pas toutes nos valeurs c’est-à-dire les membres de Mutokukai et d’Eurasia.
Quelles valeurs ne partagent pas Mutokukaï et Eurasia? Il ne semble pas utile de le mentionner.
Extrait de la réunion CEN-CER:
C. Pellerin : René, tu évoques le fait qu’ils vont réussir à faire cette unité et que nous allons rester sur le côté. Mais grâce à ta réflexion, j’ai compris que c’est ce que Mutokukai allait faire. Ils nous sabordent complètement, ils se disent transfédéraux, acceptent tout le monde même des personnes de la FFAAA. Ils vont réussir à faire l’unité avec la FFAAA et vont laisser la FFAB sur le côté. Je viens de me rendre compte que Mutokukai s’installe doucement et va nous faire exploser si nous ne l’arrêtons pas.
"ALORS VOILA, EN CE JOUR DE FETE JE VOUS INVITE TOUS A VOUS JOINDRE A MOI POUR VENIR OU REVENIR A LA FFAB!"
Alors voilà, le 1er avril est passé, et je vous invite simplement à vous tenir informés, et prendre vos décisions en toute connaissance de cause.
Comme je l'avais expliqué, je n'ai pas quitté la Fédération en raison de ses décisions récentes. Toutefois, si je n'avais pas déjà prévu de la quitter, il est probable que j'y aurai au moins songé à la découverte de ces développements.
Il n'y a pas de structure qui n'ait de défauts. Toutefois l'aveuglement des dirigeants de la FFAB, leur communication sans cohérence, sont autant de signes inquiétants pour l'avenir de ses adhérents.
Beaucoup de personnes m'ont contacté en privé pour me demander comment quitter la Fédération. Elles pourront témoigner du fait que je n'ai pas découragé, mais pas non plus encouragé leur démarche. Que ceux qui apprécient le système tel qu'il était, essaient d'infléchir les décisions récentes. Des voix s'élèvent dans la Fédération, tant chez les cadres techniques qu'administratifs.
Quant à ceux qui souhaitent prendre leur autonomie, qu'ils le fassent en sachant que cela n'est pas sans conséquence, mais qu'ils le fassent sans crainte. Agir en accord avec ses convictions amène un paix de l'esprit qu'aucunes menaces ne vient troubler.
Et 1er avril ou pas, gardons le sourire ;-)