De l'importance des ukemis
Si ukemi, "recevoir avec le corps", a un sens beaucoup plus large que "chuter", c'est juste ce point que j'aborderai aujourd'hui.
Ukemi pour vivre mieux
Henry Plée racontait comment, à quatre-vingts ans passés, il avait chuté sans dommages en tombant d'une échelle. Et il est probable que pour nombre d'entre nous, tomber sans se blesser sera le geste technique que nous aurons le plus de chances d'utiliser au cours de notre existence.
A titre personnel, c'est une aptitude qui m'a été d'un grand secours deux fois dans ma vie. La première alors que je faisais du roller accroché à une moto, la seconde lorsqu'en scooter j'ai été percuté par une voiture roulant à 80 km/h alors que je faisais un demi-tour sur une nationale. En tout et pour tout je m'en suis tiré avec quelques égratignures la première fois, et deux points de suture la seconde, alors que le scooter était plié, et la voiture en piteux état avec le radiateur enfoncé et le pare-brise éclaté. Je m'attends toutefois, les années passant, à mettre encore plus à profit cette compétence. L'âge venant, les chutes deviennent en effet monnaie courante, au point qu'elles causent 20% des hospitalisations des séniors.
Voici une courte vidéo d'Elliott Royce, alors qu'il avait 95 ans. Ce gentleman enseignait à chuter, et s'y exerçait quotidiennement. Une compétence qu'il avait développée à… 80 ans passés !
Tamura senseï était aussi une inspiration de ce point de vue. S'il avait appris à chuter bien plus jeune que Mr Royce, il avait continué à s'y exercer sa vie durant, essayant sans cesse d'améliorer cette capacité. A noter qu'il professait aussi de travailler cela quotidiennement à mesure que l'on prenait de l'âge. Les années passant, la régularité devient essentielle afin de progresser, mais aussi ne pas régresser.
Les maîtres Kuroda, Hino et Kono, plus de 65 ans tous les trois, chutent d'ailleurs aussi avec une grande aisance.