Iaïto, Iaïdo, Iaïjutsu
Débuts en Iaï
J'ai commencé à pratiquer le Iaïdo à mes débuts en Aïkido. L'un de mes sempaï m'avait expliqué que les deux disciplines se renforçaient mutuellement, et ses arguments m'avaient convaincu. Tamura senseï avait d'ailleurs encouragé cette pratique :
Le sabre de l’Aïkido, du Kendo ou du Iaïdo sont-ils différents ?
Techniquement différents ils sont semblables dans leur essence.
Aujourd’hui la pratique du Iaïdo connaît un essor considérable. Considérez-vous que cela aide à progresser dans la pratique de l’Aïkido ?
Lorsque je suis arrivé en France je faisais travailler avec le bokken, le jo et le tanto. Mais en n’utilisant que le bokken il est difficile de comprendre que cela vient de l’utilisation du sabre. A une époque j’ai alors demandé aux élèves qui présentaient le shodan de connaître quatre katas de Iaïdo.
Tamura Nobuyoshi
Malheureusement le Iaïdo que j'ai alors étudié ne m'a pas enthousiasmé. Les postures me paraissaient caricaturales, les temps des katas inadaptés à toute application, etc. J'ai donc abandonné cette pratique au bout de quelques mois. Naturellement, j'ai aujourd'hui conscience que ce sont souvent des choix délibérés, le Iaïdo mettant généralement l'accent sur la formation de l'individu, et n'hésitant pas à mettre la cohérence martiale au second plan. L'utilisation importante de la position seiza est l'un des éléments qui semblent confirmer ce choix. Ci-dessous, une définition de cette posture par Taro Ochiaï :
Seiza
Littéralement "assise juste". Se dit de la "façon correcte de s’asseoir" à la japonaise, à genoux. On pense que la tradition du seiza comme manière de s’asseoir propre à la civilisation japonaise est très ancienne mais en réalité, il s’agit d’une standardisation qui date du 20ème siècle : par exemple en 1889, le mot seiza n’existait pas dans le dictionnaire et des écrits du 18ème siècle relatent par exemple que le seiza (la façon correcte de s’asseoir) est agura (en tailleur) ou tatehiza (un genou levé). Par contre, le seiza tel qu’on le connaît (qu’on appelait kashikomaru) a bien été imposé aux daimyō lorsqu’ils venaient au palais du shōgun (qui s’asseyait agura) et les daimyō à leur tour l’ont imposé à leurs sujets dans leurs propres châteaux (où les daimyō eux-mêmes s’asseyaient en agura). Le peuple lui devait se prosterner à genoux tête baissée quand passait la procession d’un daimyō et sa suite.
Ochiaï Taro
Débuts en Iaïjutsu
C'est lorsque j'intégrai le Shinbukan dix ans plus tard que je repris l'étude du Iaï. J'avais entre-temps continué à "jouer" avec mon iaïto, mais je dois admettre que mon seul exploit avait été de ne pas me blesser.
Kuroda senseï enseignait à l'époque de façon relativement équilibrée le Iaïjutsu, le Kenjutsu, le Bojutsu et le Jujutsu. Il n'était pas possible de choisir ce que l'on souhaitait étudier, et je me suis donc remis bon gré mal gré au Iaï. J'ai alors découvert des formes qui éveillèrent mon intérêt. Peu familières, ramassées, étranges même au regard de ce que l'on voit souvent en Iaïdo et… au cinéma. Dès lors, le Iaïjutsu devint un pilier de ma pratique.
Le temps passant toutefois, je découvris que même le Iaïjutsu enseigné dans les koryus avait été profondément modifié. Que si ses formes étaient mieux conservées, leur sens n'était pas toujours connu, entrainant une cascade d'interprétations parfois abracadabrantes.
Le Iaï se pratique à deux
Les recherches actuelles tendent à indiquer que par le passé, l'essentiel du travail en Iaïjutsu se pratiquait à deux. Le travail seul étant un simple outil parmi d'autres à disposition de l'adepte. Cela semble logique, car à une époque où la capacité à dégainer lors d'un affrontement faisait partie du champ des possibles, il était évidemment indispensable de travailler des éléments tels que le rythme, hyoshi, l'intervalle, ma-ai face à un partenaire. L'explication suivante du Iaï par Mochizuki senseï souligne sa signification combative, et l'intérêt de modifier l'utilisation du corps afin de pouvoir faire face à un adversaire. Elément qu'il a développé avec l'utilisation de l'onde dans la discipline qu'il a fondée, le Yoseïkan Budo.
"Le Iaï a été créé dans une situation où il fallait dégainer plus vite que l'adversaire, mais aussi être capable de couper le poignet, le bras ou même l'adversaire en deux dans le même mouvement. Et il n'est pas possible de réaliser cela avec la façon dont les gens dégainent aujourd'hui, avec la force dans les bras. Mais lorsqu'on utilise l'onde, on peut générer une vitesse et une puissance énormes avec un petit mouvement et seulement trois doigts ! Il n'est pas nécessaire de faire de grands mouvements, mais le corps doit être complètement décontracté."
Mochizuki Hiroo
Expression des principes du Kishinkaï
Aujourd'hui le Iaï, seul et à deux, reste l'une de mes pratiques favorites. De même, Isseï, Julien et Tanguy pratiquent, à des degrés divers mais régulièrement, ce type de travail. Et tout cela serai resté notre jardin secret si de nombreux pratiquants n'avaient manifesté leur intérêt et leur souhait de faire de même.
Réticent au départ car notre cursus nécessite déjà un investissement non négligeable pour être étudié, j'ai fini par me laisser convaincre. Car ce type de travail présente un réel intérêt dans l'étude du sabre. Parce que cela permet d'aborder certaines notions sous un angle différent qui pourra débloquer des choses lorsque l'on se trouve "bloqué dans la progression. Enfin, parce que d'autres tels que Nishio senseï ont aussi vu un intérêt à cette démarche.
Naturellement l'idée n'est pas de créer un énième école de Iaï. Nous n'en avons ni l'ambition, ni le souhait, ni surtout les compétences. Par contre nous allons proposer des fondamentaux de dégainage à travailler seul et à deux, ainsi qu'une série de quelques katas qui permettront de faire vivre ces éléments dans une séquence en les liant au travail que nous proposons déjà aux armes et à mains nues. Les pratiquants du Kishinkaï auront ainsi des outils supplémentaires pour approfondir leur étude.
Des outils adaptés
S'il est possible de pratiquer le Iaï avec un bokken, il est naturellement plus intéressant de le faire avec du matériel adapté. Trois éléments sont à considérer.
1 Une saya en plastique que l'on utilisera avec un bokken que l'on possède éventuellement déjà.
2 Un iaïto, réplique de katana en alliage zinc/aluminium.
3 Un iaïto en plastique polymère.
Les sayas en plastique se trouvent aisément à très bon marché (quelques euros), notamment sur Amazon.
Pour les iaïtos, BudoExport/Seïdo propose le meilleur rapport qualité/prix. Si le choix du modèe est très personnel, j'ai une inclinaison pour le fabriquant Minosaka. Le modèle Jidai Koshirae offre un excellent compromis pour débuter. N'hésitez pas à lire leurs excellents articles sur le sujet.
Enfin, le iaïto en polymère est à mon sens incontournable. S'il n'offre pas les mêmes sensations que les iaïtos en métal qui sont naturellement plus lourds, ils coûtent moins chers, et surtout, permettent de travailler les formes à deux en toute sécurité.
Il est possible de commander directement sur le site Ya Chiang. Pour les membres du Kishinkaï, l'un de ses membres, Guillaume Roux, va procéder à une commande de groupe le 14 juin, afin de limiter les frais de port. Merci de le contacter au plus vite si vous êtes intéressé, directement par mail ou Facebook.