Aïkido plus vite, moins longtemps
Toutes les œuvres du monde à disposition
Je me souviens de mon enfance lorsque l’on attendait des mois la sortie d’un film hollywoodien et, qu’une fois disparu des salles, il n’était plus accessible que dans nos mémoires. Puis vinrent les diffusions télé, la VHS, le DVD, internet… Les films, les livres ou la musique sont aujourd’hui absorbés dans l’instantané. Sitôt créés sitôt vus, lus, écoutés. Toujours disponibles mais souvent oubliés, on en fait des orgies en binge watching, ou on les consomme par petites bouchées. Sans doute cela a-t-il fait disparaître la valeur de l’attente et émoussé notre mémoire. Sans doute. Mais pour l’amateur averti quelle chance ! Quel richesse que d’avoir au bout de son clavier ou sa télécommande une bibliothèque plus riche que celles de tous les empereurs que la terre ait compté réunies. Somme toute, l’évolution n’est que ce que l’on en fait, une malédiction ou une chance.
L’Aïkido à petites gorgées
Les sociétés changent. Le monde change ! Et il serait illusoire de croire que l’Aïkido pourrait échapper à tout cela. A l’heure d’Amazon et de Netflix, alors que dans le même temps nous sommes sollicités de toutes parts et que tout est à portée de main, chacun est devenu plus exigeant, plus pressé. Et l’Aïkido se consomme à présent souvent à petites gorgées, par demi-journées de stage.
Oui j’apprécie les longs stages où l’on s’immerge, où les liens se tissent avec et entre les pratiquants. Mais nos lamentations n’arrêteront pas le monde. Et cette évolution est aussi celle qui a permis à tant d’enseignants de me contacter, et à tant de pratiquants de vouloir venir pratiquer avec moi.
Embrasser le changement
Si dans le passé les pratiquants repartaient reconnaissants après avoir travaillé des heures le même mouvement accompagné de vagues explications, ils ont aujourd’hui plus d’exigences. Oh certains veulent sans doute faire moins d’efforts pour plus de résultats. Qui ne le voudrait pas d’ailleurs ? Mais cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas prêts à faire des efforts.
Aujourd’hui les pratiquants attendent un enseignement clair, concis, cohérent et crédible. Et ils ont raison. A nous les enseignants de prendre conscience que les jours dorés où il suffisait de brandir un beau diplôme et de clamer sa lignée pour rassembler les foules sont terminés. Il faut à présent être efficace, tant dans le contenu que la façon de le transmettre. Les groupes et professeurs qui ne seront pas capables de s’adapter disparaîtront à très court terme. C’est une évolution rapide, violente et inéluctable. Mais c’est aussi la chance de se réinventer pour donner à l’Aïkido la place qu’il mérite, celle d’un formidable outil d’auto-éducation dont la diffusion large profiterait à la société dans son ensemble. A nous de relever le défi !