Une feuille de papier, la distance de combat du Fondateur de l’Aïkido
Il était toujours à une épaisseur de feuille de l'attaque. Même avec le sabre. Un décalage infime et il aurait été touché. Il avait appris ça grâce au kenjutsu et à la lance.
Mochizuki Hiroo par Julie Glassberg pour Yashima
Uke Tamaki Isseï
Légende du Budo, Mochizuki Hiroo est l’un des derniers liens directs avec Ueshiba Moriheï. Dans l’interview qu’il m’a accordée pour le premier numéro de Yashima, il est revenu en détail sur le Fondateur de l’Aïkido, sa pratique, et l’homme qu’il était au quotidien. Extrait :
Comment se passaient les cours là-bas ?
Cours ? Il n'y avait pas de cours. Il n'y avait personne.
Le matin je me levais à 5h et je nettoyais le jardin. Ensuite le maître arrivait et je le suivais pour aller au dojo qui était à quelques centaines de mètres. C'était à travers une sorte de petit bois à l'époque. Sur le chemin il y avait un petit autel et le Fondateur s'arrêtait pour y prier. Après commençait l'entraînement. On était généralement deux avec maître Saïto, parfois trois lorsqu'il y avait un visiteur. Mais ce n'était pas un cours. C'était l'entraînement du maître et nous étions ses cobayes ! (rires)
A chaque fois la première semaine était très douloureuse parce que le dojo était en parquet et sans tatamis ! Et chaque contact avec un os faisait mal. Mais comme ça on progresse beaucoup en ukemi. On roule bien.
Comment était la pratique du Fondateur ?
C'était fantastique. Ce n'était ni mou ni dur. Il entrait avec une vitesse incroyable et on ne comprenait pas ce qui se passait. Il était âgé mais il avait une vitesse… Il était devant vous quand vous attaquiez puis vous tombiez dans le vide. Il était parti. C'est inexplicable, c'était incroyable. (Rires)
On tombait et il n'était plus là. Tout simplement. Il était toujours à une épaisseur de feuille de l'attaque. Même avec le sabre. Un décalage infime et il aurait été touché. Il avait appris ça grâce au kenjutsu et à la lance. Il était très fort à la lance. Dans le passé la pratique des armes permettait de toucher à l'essentiel. Et c'est avec le kenjutsu que le Fondateur a compris la distance d'une feuille de papier. La distance qui nous sépare de l'attaque. Il ne bloquait pas, et utilisait beaucoup taï no sen, pour agir en même temps que l'adversaire.
Ueshiba Moriheï avec Tamura Nobuyoshi
... c'est avec le kenjutsu que le Fondateur a compris la distance d'une feuille de papier.
Martialité et bienveillance, complémentarité et équilibre
Ueshiba Moriheï, comme tout homme, avait de multiples facettes. Grand-père bienveillant hors du dojo et lors des cours qu’il donnait à travers le Japon, Mochizuki senseï nous décrit le redoutable pratiquant qu’il devenait dans son entraînement personnel. J’ai la conviction profonde que ce paradoxe apparent, la présence en un seul homme d’une martialité féroce et d’une bienveillance sans limites, est le secret de l’attrait que l’Aïkido exerce sur chacun de nous. Que nous percevons intuitivement que c’est en acceptant et cultivant ces facettes profondes de notre humanité, qu’équilibrés, nous agirons et prendrons harmonieusement notre place dans le tout.
C’est cet équilibre, cette complémentarité nécessaires entre la martialité et la bienveillance présentes chez Ueshiba qu’évoque Mochizuki senseï :
« Aujourd'hui le sabre n'est pas beaucoup travaillé, et les aïkidokas n'ont pas cette expérience du combat. Je voudrais qu'ils étudient cet élément que j'ai pu comprendre. Je ne veux pas garder cette expérience pour moi et partir avec. Ce serait triste par rapport à ce que maître Ueshiba nous a laissé. Il y avait chez lui une incroyable chaleur humaine, mais en même temps il avait un côté très martial. Sa pratique était tranchante comme un rasoir, et ça me peine que l'on rejette cet aspect de l'Aïkido. C'est cette partie que j'ai apprise avec lui que je veux faire comprendre, partager. Il ne faut pas que cela disparaisse car c'est aussi ça l'Aïkido. »
Mochizuki Hiroo
Dans une époque d’hyperspécialisation où l’on divise et sépare tout, maître Mochizuki est l’une des dernières incarnations de l’adepte qui a réussi à nourrir et unir en lui bienveillance et martialité. Chacune des rencontres que j’ai eues avec lui a été un moment marquant à de multiples points de vues. Saisissez la chance de pratiquer avec lui et recueillir l’expérience de huit décennies de pratique
Mochizuki Hiroo par Julie Glassberg,
pour Yashima
Mochizuki senseï a accepté de venir avec quelques exemplaires de son ouvrage « Le Budō en héritage », co-écrit avec son épouse Éliane, Budo éditions. Je vous recommande vivement ce livre ou le vieux lion raconte ses jeunes années, illustré de splendides photos de lui et sa famille, dont évidemment son père le mythique Mochizuki Minoru.
Mochizuki Hiroo à Paris, 19 et 20 octobre
Elève direct du Fondateur de l'Aïkido
10ème dan en Karaté, 8ème en Aïkido, 8ème en Jujutsu, 7ème en Iaïdo et 3ème en Judo
Mochizuki senseï c’est :
- - un expert au savoir encyclopédique inégalé aujourd’hui,
- - le lien avec les géants du passé tels que Ueshiba Moriheï, Mifune Kyuzo et Ohtsuka Hironori,
- - une inspiration incroyable tant sur le plan humain que martial.
Saisissez cette occasion unique de plonger au cœur du Budo.
Horaires
Samedi 19, de 10h30 à 12h30, et de 14h30 à 16h30
Dimanche 20, 10h30 à 12h30
Lieu
Dojo régional d'Herblay
Chemin de Chennevières
95220 Herblay
Tarifs
Préinscription (stage complet uniquement)
50€ (chèque / virement / paypal)
Chèque à l’ordre de Shinbudokaï à envoyer à :
Léo Tamaki
55 rue des Moines
75017 Paris
Merci d’indiquer vos noms, prénoms, mails et numéros de téléphone.
Sur place
Stage complet 60€
2 cours 45€
1 cours 25€
Contact
Stage ouvert à tous les pratiquants d'arts martiaux, tous groupes, et tous niveaux.