Où places-tu la limite entre ce qui est Aïkido et ce qui ne l'est pas?
Voici ci-dessous un commentaire de Mat.
"Bonjour Léo, bonjour tou(te)s,
Puisque vous en êtes venus à parler de notre "propre" aikido, j'ai une question pour Léo : Léo, étant donné que ta pratique t'amène à parcourir d'autres sentiers que ceux se réclamant de Morihei Ueshiba sensei, où places tu la limite dans ta propre pratique entre ce qui est aikido et ce qui ne l'est pas ?
Bien à vous !"
Mat. :-)
La difficile question sous-entendue est "qu'est ce que l'Aïkido?". J'essaierai de prendre le temps d'écrire un article posément sur le sujet. En attendant j'ai mis quelques éléments de réflexion dans ma réponse.
"Aaahhh Mat,
Un petit message simple genre "bonjour j'espère que tu vas bien et à bientôt" m'aurait étonné de toi ;-) Toujours des questions intelligentes…
En fait personnellement il y a longtemps que je parle de "pratique". Je ne dis donc pas mon Aïkido mais plus modestement ma pratique.
La question de ce qui peut être appelé Aïkido est difficile car elle revient à en donner une définition. Cela nous expose alors à un grand nombre de questions…
-S'agit-il d'une "forme" technique, des gestes extérieurs, mais dans ce cas leur exécution peut être très variable selon les maîtres. Certains les réalisant en puissance tandis que d'autres insisteraient sur le relâchement par exemple.
-S'agit-il d'une façon d'exécuter des mouvements qui pourrait à la limite être appliquée à n'importe quelle technique, donnant ainsi la possibilité de reprendre des techniques de Daïto ryu, d'autres écoles pratiquées par Osenseï, voire d'en inventer.
-S'agit-il de principes spirituels, laissant là encore la possibilité de s'écarter du répertoire technique du fondateur.
-A quelle période de la pratique du fondateur doit-on lier l'Aïkido? Est-ce que les techniques qui datent d'avant l'emploi du terme Aïkido dans les années 40 peuvent être considérées comme de l'Aïkido? Est-ce la pratique de ses dernières années, touchant à l'essentiel au point d'en être presque "métaphorique" qui doit être recherchée, ou doit-on revenir à un travail plus "technique" datant du début des années 50?
-Et au-delà doit-on même se référer au fondateur? Plusieurs maîtres m'ont confié en privé qu'il n'était pas, ou plus leur référence… Un art évoluant il n'est pas inutile de se poser la question.
Voilà quelques unes des questions qui rendent ma réponse très difficile.
Personnellement il m'est impossible de prendre Ueshiba pour référence car j'ai appris par l'expérience que ce que l'on voit en photos ou vidéos, et même en réel devant nos yeux, ne représente que la partie émergée de l'iceberg. La sensation est le point essentiel. Que ressent-on face à tel maître, quand on se tient devant lui, quand on l'attaque, quand on le saisit, quand on reçoit sa technique, etc… Ce n'est qu'ainsi que l'on peut vraiment comprendre ce qu'est la pratique d'une personne.
Ensuite j'ai subi les techniques d'une vingtaine d'élèves qui l'ont suivi intensément et ont régulièrement chuté pour lui. Aucun n'a ou n'avait une pratique similaire, que ce soit dans la forme ou la sensation qu'elle donne ou donnait. Qui a tort? N'ont-ils pas tous préservé une partie de ce qu'ils ont reçu, certains privilégiant l'esprit, d'autres la forme et d'autres encore la manière de la période à laquelle ils ont étudié ou de celle qui leur convenait le mieux parmi celles qu'ils ont connues?
Mon opinion personnelle quand à la préservation des formes est que Shioda senseï, Saïto senseï et Shimizu senseï sont les trois qui ont le plus fidèlement préservé les techniques d'une époque donnée. Ils ont par contre peu insisté sur l'aspect spirituel qui a été plus préservé par des maîtres tels que Abe senseï, Sunadomari senseï ou Hikitsuchi senseï. Quand au contenu, la manière d'exécuter, il m'est impossible d'en juger.
Alors est-ce que je fais de l'Aïkido?! Ma référence en Aïkido est Tamura senseï. S'il m'apparaît évident que sa pratique actuelle n'est pas celle d'Osenseï, au moins dans sa forme extérieure, il me semble qu'il est indéniable qu'il est un de ses successeurs. Si l'on considère qu'il fait de l'Aïkido (ce n'est pas l'opinion de tout le monde), alors je crois pouvoir dire que je fais encore de l'Aïkido car aujourd'hui ma pratique reste assez proche de la sienne même si je suis loin de connaître ses formes aussi bien que Mikaël Martin par exemple.
Par contre je comprends parfaitement qu'aux yeux de certains pratiquants je ne pratique pas de l'Aïkido. Pour être sincère… cela m'indiffère :D
Lorsque je pratiquais le Kyokushinkaï j'avais l'impression de faire de l'Aïkido bien qu'évidemment les techniques aient été très différentes. Et mon frère avait le même sentiment. Chaque geste de celui qui vit son Aïkido ne doit-il pas être de l'Aïkido? Sans me comparer avec Osenseï en aucune façon, ne faisait-il pas de l'Aïkido en levant sa tasse pour boire son thé? En tout cas pour moi Kuroda senseï respecte ses principes dans chacun de ses gestes.
Il arrivera sans doute un moment où ma pratique s'éloignera de celle de maître Tamura soit techniquement soit dans l'esprit, voire les deux. Il me faudra alors me poser la question de l'appellation de ma pratique.
Bon la réponse est très longue, probablement obscure et dépasse un peu le cadre de la question. Allez je réutilise mon excuse favorite, il est 5h du matin :D
Très amicalement,
Léo"
"Bonjour Léo, bonjour tou(te)s,
Puisque vous en êtes venus à parler de notre "propre" aikido, j'ai une question pour Léo : Léo, étant donné que ta pratique t'amène à parcourir d'autres sentiers que ceux se réclamant de Morihei Ueshiba sensei, où places tu la limite dans ta propre pratique entre ce qui est aikido et ce qui ne l'est pas ?
Bien à vous !"
Mat. :-)
Photo Sébastien Chaventon
La difficile question sous-entendue est "qu'est ce que l'Aïkido?". J'essaierai de prendre le temps d'écrire un article posément sur le sujet. En attendant j'ai mis quelques éléments de réflexion dans ma réponse.
"Aaahhh Mat,
Un petit message simple genre "bonjour j'espère que tu vas bien et à bientôt" m'aurait étonné de toi ;-) Toujours des questions intelligentes…
En fait personnellement il y a longtemps que je parle de "pratique". Je ne dis donc pas mon Aïkido mais plus modestement ma pratique.
La question de ce qui peut être appelé Aïkido est difficile car elle revient à en donner une définition. Cela nous expose alors à un grand nombre de questions…
-S'agit-il d'une "forme" technique, des gestes extérieurs, mais dans ce cas leur exécution peut être très variable selon les maîtres. Certains les réalisant en puissance tandis que d'autres insisteraient sur le relâchement par exemple.
-S'agit-il d'une façon d'exécuter des mouvements qui pourrait à la limite être appliquée à n'importe quelle technique, donnant ainsi la possibilité de reprendre des techniques de Daïto ryu, d'autres écoles pratiquées par Osenseï, voire d'en inventer.
-S'agit-il de principes spirituels, laissant là encore la possibilité de s'écarter du répertoire technique du fondateur.
-A quelle période de la pratique du fondateur doit-on lier l'Aïkido? Est-ce que les techniques qui datent d'avant l'emploi du terme Aïkido dans les années 40 peuvent être considérées comme de l'Aïkido? Est-ce la pratique de ses dernières années, touchant à l'essentiel au point d'en être presque "métaphorique" qui doit être recherchée, ou doit-on revenir à un travail plus "technique" datant du début des années 50?
-Et au-delà doit-on même se référer au fondateur? Plusieurs maîtres m'ont confié en privé qu'il n'était pas, ou plus leur référence… Un art évoluant il n'est pas inutile de se poser la question.
Ueshiba Moriheï (photo Sébastien Chaventon :D)
Voilà quelques unes des questions qui rendent ma réponse très difficile.
Personnellement il m'est impossible de prendre Ueshiba pour référence car j'ai appris par l'expérience que ce que l'on voit en photos ou vidéos, et même en réel devant nos yeux, ne représente que la partie émergée de l'iceberg. La sensation est le point essentiel. Que ressent-on face à tel maître, quand on se tient devant lui, quand on l'attaque, quand on le saisit, quand on reçoit sa technique, etc… Ce n'est qu'ainsi que l'on peut vraiment comprendre ce qu'est la pratique d'une personne.
Ensuite j'ai subi les techniques d'une vingtaine d'élèves qui l'ont suivi intensément et ont régulièrement chuté pour lui. Aucun n'a ou n'avait une pratique similaire, que ce soit dans la forme ou la sensation qu'elle donne ou donnait. Qui a tort? N'ont-ils pas tous préservé une partie de ce qu'ils ont reçu, certains privilégiant l'esprit, d'autres la forme et d'autres encore la manière de la période à laquelle ils ont étudié ou de celle qui leur convenait le mieux parmi celles qu'ils ont connues?
Mon opinion personnelle quand à la préservation des formes est que Shioda senseï, Saïto senseï et Shimizu senseï sont les trois qui ont le plus fidèlement préservé les techniques d'une époque donnée. Ils ont par contre peu insisté sur l'aspect spirituel qui a été plus préservé par des maîtres tels que Abe senseï, Sunadomari senseï ou Hikitsuchi senseï. Quand au contenu, la manière d'exécuter, il m'est impossible d'en juger.
Alors est-ce que je fais de l'Aïkido?! Ma référence en Aïkido est Tamura senseï. S'il m'apparaît évident que sa pratique actuelle n'est pas celle d'Osenseï, au moins dans sa forme extérieure, il me semble qu'il est indéniable qu'il est un de ses successeurs. Si l'on considère qu'il fait de l'Aïkido (ce n'est pas l'opinion de tout le monde), alors je crois pouvoir dire que je fais encore de l'Aïkido car aujourd'hui ma pratique reste assez proche de la sienne même si je suis loin de connaître ses formes aussi bien que Mikaël Martin par exemple.
Par contre je comprends parfaitement qu'aux yeux de certains pratiquants je ne pratique pas de l'Aïkido. Pour être sincère… cela m'indiffère :D
Tamura Nobuyoshi
Lorsque je pratiquais le Kyokushinkaï j'avais l'impression de faire de l'Aïkido bien qu'évidemment les techniques aient été très différentes. Et mon frère avait le même sentiment. Chaque geste de celui qui vit son Aïkido ne doit-il pas être de l'Aïkido? Sans me comparer avec Osenseï en aucune façon, ne faisait-il pas de l'Aïkido en levant sa tasse pour boire son thé? En tout cas pour moi Kuroda senseï respecte ses principes dans chacun de ses gestes.
Il arrivera sans doute un moment où ma pratique s'éloignera de celle de maître Tamura soit techniquement soit dans l'esprit, voire les deux. Il me faudra alors me poser la question de l'appellation de ma pratique.
Photo Sébastien Chaventon
Bon la réponse est très longue, probablement obscure et dépasse un peu le cadre de la question. Allez je réutilise mon excuse favorite, il est 5h du matin :D
Très amicalement,
Léo"
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