Entretien avec Tamura senseï (7): questions et observations dans la pratique des budo
Lorsque nous étions uchi-deshi il était impensable de pouvoir poser une question à Osenseï. Nous observions le plus attentivement possible, absorbions ses corrections et échangions nos points de vues entre nous. C'est comme cela que nous avons dû développer notre technique.
Aujourd'hui un enseignement sans explications semble impensable. Et évidement cela n'a pas beaucoup de sens car compte tenu du temps de pratique limité cela peut difficilement donner des résultats satisfaisants. A une époque où chacun veut tout tout de suite, Osenseï s'il revenait se retrouverait rapidement dans un dojo vide…
Mais je crois aussi que le recours systématique à l'explication, notamment verbale, est une erreur. Car cela amène à croire que l'on sait alors que l'on a simplement compris avec notre tête. Hors le savoir-faire dans la pratique martiale doit court-circuiter la pensée consciente pour être efficace.
Aujourd'hui nous sommes dans une situation où le nombre de pratiquants est énorme et les temps de loisirs ne cessent d'augmenter. Toutefois les gens répartissent ce temps sur diverses activités (télé, famille, cinéma, etc…). Au contraire dans le passé les gens s'investissaient plus intensément et longuement dans une pratique. Il était donc possible de leur enseigner à la façon d'Osenseï.
Il n'y a bien entendu aucune solution miracle et j'essaie personnellement de limiter mes explications lorsque j'enseigne. De même je ne montre les mouvements que peu de fois, privilégiant la pratique directe pendant le cours, de façon à obliger les élèves à développer leur attention.
Je ne pose aussi quasiment jamais de questions. Retourner les questions que j'ai dans tous les sens m'apparraît bien plus bénéfique. Bien sûr essayer d'interpréter la moindre chose peut rapidement devenir maladif. Je me souviens il y a quelques années qu'avant le début d'un stage Tamura senseï est venu vers moi et m'a dit en souriant: "Tu es vraiment "classe" (kakko ii en japonais), le keïkogi te va vraiment bien."
Sur le moment j'ai souri bêtement, content de bien porter le dogi. Et immédiatement après je me suis dit que maître Tamura voulait sans doute me signifier que restais à la surface des choses, ou pire que je n'étais que dans l'apparence!
Au final je suppose que Tamura senseï a juste dit cela en passant histoire de faire la conversation. Sans doute parce qu'exceptionnellement j'étais rasé ;-)
Et sa remarque ne m'a pas traumatisé plus que cela. Mais je crois qu'il est important de se remettre en question en permanence et d'imaginer tout ce qu'un enseignement peut avoir de sous-entendu. Surtout lorsqu'il s'agit d'un enseignement traditionnel japonais reposant sur l'intuitif. Plus que de chercher intellectuellement tous les sens possibles je crois que cela signifie que l'on ne doit pas s'attacher à la surface des choses, s'arrêter au sens premier des mots…
Note: Je n'ai pas enregistré ces entretiens et les écris de mémoire. Il est donc possible que des erreurs se soient glissées dans ces retranscriptions mais j'ai pensé que l'intérêt des réponses dépassait le risque de mes erreurs. Je prie toutefois les lecteurs de ne prendre cela que comme une conversation rapportée qui pourrait nourrir des réflexions et non comme paroles d'évangiles.
Tamura Nobuyoshi et Ueshiba Moriheï
Aujourd'hui un enseignement sans explications semble impensable. Et évidement cela n'a pas beaucoup de sens car compte tenu du temps de pratique limité cela peut difficilement donner des résultats satisfaisants. A une époque où chacun veut tout tout de suite, Osenseï s'il revenait se retrouverait rapidement dans un dojo vide…
Mais je crois aussi que le recours systématique à l'explication, notamment verbale, est une erreur. Car cela amène à croire que l'on sait alors que l'on a simplement compris avec notre tête. Hors le savoir-faire dans la pratique martiale doit court-circuiter la pensée consciente pour être efficace.
Court-circuiter la pensée consciente pour être efficace...
(photo René Bonnardel)
Aujourd'hui nous sommes dans une situation où le nombre de pratiquants est énorme et les temps de loisirs ne cessent d'augmenter. Toutefois les gens répartissent ce temps sur diverses activités (télé, famille, cinéma, etc…). Au contraire dans le passé les gens s'investissaient plus intensément et longuement dans une pratique. Il était donc possible de leur enseigner à la façon d'Osenseï.
Il n'y a bien entendu aucune solution miracle et j'essaie personnellement de limiter mes explications lorsque j'enseigne. De même je ne montre les mouvements que peu de fois, privilégiant la pratique directe pendant le cours, de façon à obliger les élèves à développer leur attention.
Privilégier la pratique directe
Je ne pose aussi quasiment jamais de questions. Retourner les questions que j'ai dans tous les sens m'apparraît bien plus bénéfique. Bien sûr essayer d'interpréter la moindre chose peut rapidement devenir maladif. Je me souviens il y a quelques années qu'avant le début d'un stage Tamura senseï est venu vers moi et m'a dit en souriant: "Tu es vraiment "classe" (kakko ii en japonais), le keïkogi te va vraiment bien."
Sur le moment j'ai souri bêtement, content de bien porter le dogi. Et immédiatement après je me suis dit que maître Tamura voulait sans doute me signifier que restais à la surface des choses, ou pire que je n'étais que dans l'apparence!
Au final je suppose que Tamura senseï a juste dit cela en passant histoire de faire la conversation. Sans doute parce qu'exceptionnellement j'étais rasé ;-)
Et sa remarque ne m'a pas traumatisé plus que cela. Mais je crois qu'il est important de se remettre en question en permanence et d'imaginer tout ce qu'un enseignement peut avoir de sous-entendu. Surtout lorsqu'il s'agit d'un enseignement traditionnel japonais reposant sur l'intuitif. Plus que de chercher intellectuellement tous les sens possibles je crois que cela signifie que l'on ne doit pas s'attacher à la surface des choses, s'arrêter au sens premier des mots…
Ne pas s'attacher à la surface des choses, ne pas s'arrêter au sens premier des mots…
Note: Je n'ai pas enregistré ces entretiens et les écris de mémoire. Il est donc possible que des erreurs se soient glissées dans ces retranscriptions mais j'ai pensé que l'intérêt des réponses dépassait le risque de mes erreurs. Je prie toutefois les lecteurs de ne prendre cela que comme une conversation rapportée qui pourrait nourrir des réflexions et non comme paroles d'évangiles.
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
O
L
O
L
D
L
S
L
T
M
L
M
L
S
L
T
L