Entretien avec Kuroda senseï (2): interpréter un samouraï
"Ma femme regardait Tenchijin et j'ai essayé de voir la série avec elle. Au bout d'un moment j'ai commencé à être agacé sans trop savoir pourquoi jusqu'à ce que je comprenne qu'il s'agissait des coiffures. Les acteurs principaux n'étaient pas coiffés à la mode traditionnelle comme leur rôle l'aurait exigé, mais avaient pour la plupart simplement leurs cheveux attachés en arrière. (rires)
Lorsque j'étais enfant les séries ou films historiques étaient tournées avec un souci de la reconstitution. Jusque dans les années 50 les femmes avaient les sourcils rasés, les dents noircies comme leur personnage le requérait. Puis petit à petit ce souci de précision a disparu jusqu'à ce qu'on en arrive à voir des séries historiques avec des coiffures contemporaines. C'est un peu la même chose que la différence entre "heta na keïko" (entraînement maladroit) et "dame na keïko" (entraînement incorrect). La question n'est même pas que les acteurs soient bons ou pas.
Je me souviens d'avoir vu Tsubaki Sanjuro à sa sortie. J'avais trouvé Mifune vraiment sale. (rires) Bien sûr maintenant on n'a plus du tout cette impression. Quoi qu'il en soit il y avait un vrai souci de reconstitution dans ce film et il se regarde très agréablement."
Note:
-Tenchijin est un taiga drama, une série télévisée qui dure une année. L'histoire se déroule au 16ème siècle et conte le destin de Naoe Kanetsugu, un vassal du célèbre seigneur Uesugi Kenshin.
Un fossé intergénérationnel
Les japonais ont énormément changé. Les différences entre les jeunes nippons et ceux d'il y a cinquante ans sont bien plus importantes que celle qui séparent les mêmes générations de français, que cela soit aux points de vue physique ou mental.
Sans aller jusqu'à la caricature, force est de constater que les jeunes hommes japonais pâlissent généralement de la comparaison avec leurs aînés. Ce qui n'est pas le cas des femmes. Souvent mince, presque malingre, les jeunes de l'archipel ont souvent une allure androgyne. Leur faire interpréter des rôles de samouraï est une gageure…
Il y a deux ans est sorti au Japon un remake de "Tsubaki Sanjuro", un excellent film de Kurosawa. J'ai tenté de le regarder dans l'avion lors d'un de mes retours en France mais, même en accéléré je ne suis pas parvenu au bout. Le jeu des acteurs n'était absolument pas à la hauteur, leur allure ne correspondait pas aux personnages qu'ils étaient censés incarner et les duels étaient pénibles à voir.
Il existe aujourd'hui très peu d'acteurs japonais ayant la carrure suffisante pour interpréter de façon convaincante des samouraï. Quoi que l'on pense du "Dernier samouraï", une de ses réussites fut de choisir judicieusement les acteurs japonais principaux, Watanabe Ken et Sanada Hiroyuki. Ce que ne réussirent ni les producteurs de Tenchijin ni du remake de Sanjuro…
Lorsque j'étais enfant les séries ou films historiques étaient tournées avec un souci de la reconstitution. Jusque dans les années 50 les femmes avaient les sourcils rasés, les dents noircies comme leur personnage le requérait. Puis petit à petit ce souci de précision a disparu jusqu'à ce qu'on en arrive à voir des séries historiques avec des coiffures contemporaines. C'est un peu la même chose que la différence entre "heta na keïko" (entraînement maladroit) et "dame na keïko" (entraînement incorrect). La question n'est même pas que les acteurs soient bons ou pas.
Je me souviens d'avoir vu Tsubaki Sanjuro à sa sortie. J'avais trouvé Mifune vraiment sale. (rires) Bien sûr maintenant on n'a plus du tout cette impression. Quoi qu'il en soit il y avait un vrai souci de reconstitution dans ce film et il se regarde très agréablement."
Mifune Toshiro dans Tsubaki Sanjuro
Note:
-Tenchijin est un taiga drama, une série télévisée qui dure une année. L'histoire se déroule au 16ème siècle et conte le destin de Naoe Kanetsugu, un vassal du célèbre seigneur Uesugi Kenshin.
Un fossé intergénérationnel
Les japonais ont énormément changé. Les différences entre les jeunes nippons et ceux d'il y a cinquante ans sont bien plus importantes que celle qui séparent les mêmes générations de français, que cela soit aux points de vue physique ou mental.
Sans aller jusqu'à la caricature, force est de constater que les jeunes hommes japonais pâlissent généralement de la comparaison avec leurs aînés. Ce qui n'est pas le cas des femmes. Souvent mince, presque malingre, les jeunes de l'archipel ont souvent une allure androgyne. Leur faire interpréter des rôles de samouraï est une gageure…
Il y a deux ans est sorti au Japon un remake de "Tsubaki Sanjuro", un excellent film de Kurosawa. J'ai tenté de le regarder dans l'avion lors d'un de mes retours en France mais, même en accéléré je ne suis pas parvenu au bout. Le jeu des acteurs n'était absolument pas à la hauteur, leur allure ne correspondait pas aux personnages qu'ils étaient censés incarner et les duels étaient pénibles à voir.
Il existe aujourd'hui très peu d'acteurs japonais ayant la carrure suffisante pour interpréter de façon convaincante des samouraï. Quoi que l'on pense du "Dernier samouraï", une de ses réussites fut de choisir judicieusement les acteurs japonais principaux, Watanabe Ken et Sanada Hiroyuki. Ce que ne réussirent ni les producteurs de Tenchijin ni du remake de Sanjuro…
Tsubaki Sanjuro, l'original...
... et le remake...
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