Les compétitions ont-elles leur place dans les arts martiaux?
Les compétitions ont-elles leur place dans les arts martiaux?
A l'heure où les disciplines se multiplient et où chacune crée son championnat, sa coupe, régionale, nationale ou mondiale avec ses innombrables catégories d'âge et de poids donnant naissance à des milliers de "champions", la question de la place de la compétition dans les arts martiaux est plus que jamais d'actualité.
La compétition a été liée aux arts martiaux dès leur naissance, et cela indépendamment de leur lieu d'origine. Sous forme de joutes, de tournois, elle avait pour but d'honorer les dieux, de divertir les nobles et de distraire le peuple. Contrairement aux duels et aux batailles rangées, et malgré les morts occasionnels, la compétition avait un généralement aspect ludique, c'était l'occasion de fêtes.
L'autre aspect important était le caractère sacré de ces rituels. Des Jeux Olympiques dédiés aux dieux de l'antiquité grecque à l'ancêtre du Sumo, lié à la religion Shintô, leur valeur symbolique était très forte.
Durant des siècles les compétitions furent donc apparentées aux arts guerriers et aux qualités militaires. Le pentathlon, le lancer du javelot, la lutte, la course, le tir, l'équitation, l'escrime... en sont les descendants. Parallèlement les aristocrates créèrent des jeux de balles et ballons qui ont donné naissance à la plupart des sports actuels.
L'histoire faisant son chemin, les armes à feu rendirent les arts martiaux traditionnels obsolètes mais ils survécurent en Asie et plus particulièrement au Japon comme moyen d'éducation. Parallèlement les sports modernes se développaient à mesure que les conditions de vie s'amélioraient, et que le temps de loisirs augmentait.
C'est à la fin du 19ème siècle, au Japon, que Kano Jigoro, conscient du potentiel des anciennes voies guerrières en matière de formation de l'individu, créa le Judo. Il revisita d'anciennes techniques de Ju-jitsu en y appliquant une vision scientifique, insistant sur les valeurs morales et introduisant une forme de compétition. Le but de ces rencontres était de pouvoir évaluer ses progrès. C'était un test parmi d'autres auquel Kano n'attachait pas de valeur particulière.
Mais l'esprit de Kano fut perverti. Petit à petit les compétitions de Judo et de la majorité des autres disciplines issues des arts martiaux rejoignirent les rangs des sports perdant ainsi tout intérêt pour le pratiquant d'art martial traditionnel. L'introduction des catégories de poids, le système de décompte des points, les kimonos de couleurs pour faciliter les retransmissions télévisées sont autant de concessions du Judo qui ont éloignées cette voie martiale de son esprit authentique pour en faire un simple sport de combat.
Pourtant la compétition présente plusieurs intérêts. Elle permet de faire l'apprentissage du stress et de la défaite, de perdre ses illusions face à un adversaire qui ne coopère pas. Elle amène à accepter un jugement extérieur et nous met dans une situation plus ou moins proche d'un combat.
Mais aujourd'hui où seule la victoire compte et où l'adversaire devient un ennemi, la compétition est devenu un spectacle au statut inapproprié et malsain qui engendre frustration, agressivité et parfois même tricherie et dopage.
Y a t-il alors un moyen de redonner un sens et une utilité à la compétition?
Il n'y a pas de remèdes miracles mais peut-être faut-il chercher l'inspiration dans le Kendo ou éventuellement le Sumo. Ces traditions possèdent des systèmes de compétition où le respect de l'individu n'a pas disparu. Elles développent parallèlement les qualités physiques, techniques et spirituelles de leurs pratiquants. La victoire ou la défaite ne sont pas l'occasion de démonstrations excessives de joie du vainqueur et de tristesse du perdant, mais de respect envers l'autre, le maître et la discipline. Nul doute que quel que soit le résultat chacun part ayant appris un peu plus.
C'est dans cette direction qu'il semble souhaitable d'orienter les compétitions d'arts martiaux. Afin qu'elles redeviennent ce qu'elles n'auraient jamais dû cesser d'être, un outil dans les voies de perfectionnement de l'homme.
A l'heure où les disciplines se multiplient et où chacune crée son championnat, sa coupe, régionale, nationale ou mondiale avec ses innombrables catégories d'âge et de poids donnant naissance à des milliers de "champions", la question de la place de la compétition dans les arts martiaux est plus que jamais d'actualité.
Respect du partenaire...
La compétition a été liée aux arts martiaux dès leur naissance, et cela indépendamment de leur lieu d'origine. Sous forme de joutes, de tournois, elle avait pour but d'honorer les dieux, de divertir les nobles et de distraire le peuple. Contrairement aux duels et aux batailles rangées, et malgré les morts occasionnels, la compétition avait un généralement aspect ludique, c'était l'occasion de fêtes.
L'autre aspect important était le caractère sacré de ces rituels. Des Jeux Olympiques dédiés aux dieux de l'antiquité grecque à l'ancêtre du Sumo, lié à la religion Shintô, leur valeur symbolique était très forte.
Humilité...
Durant des siècles les compétitions furent donc apparentées aux arts guerriers et aux qualités militaires. Le pentathlon, le lancer du javelot, la lutte, la course, le tir, l'équitation, l'escrime... en sont les descendants. Parallèlement les aristocrates créèrent des jeux de balles et ballons qui ont donné naissance à la plupart des sports actuels.
L'histoire faisant son chemin, les armes à feu rendirent les arts martiaux traditionnels obsolètes mais ils survécurent en Asie et plus particulièrement au Japon comme moyen d'éducation. Parallèlement les sports modernes se développaient à mesure que les conditions de vie s'amélioraient, et que le temps de loisirs augmentait.
Contrôle de soi...
C'est à la fin du 19ème siècle, au Japon, que Kano Jigoro, conscient du potentiel des anciennes voies guerrières en matière de formation de l'individu, créa le Judo. Il revisita d'anciennes techniques de Ju-jitsu en y appliquant une vision scientifique, insistant sur les valeurs morales et introduisant une forme de compétition. Le but de ces rencontres était de pouvoir évaluer ses progrès. C'était un test parmi d'autres auquel Kano n'attachait pas de valeur particulière.
Contrôle de soi, valeur partagée des sports de combats...
Mais l'esprit de Kano fut perverti. Petit à petit les compétitions de Judo et de la majorité des autres disciplines issues des arts martiaux rejoignirent les rangs des sports perdant ainsi tout intérêt pour le pratiquant d'art martial traditionnel. L'introduction des catégories de poids, le système de décompte des points, les kimonos de couleurs pour faciliter les retransmissions télévisées sont autant de concessions du Judo qui ont éloignées cette voie martiale de son esprit authentique pour en faire un simple sport de combat.
Izumi Hiroshi, un des nombreux champions de Judo passés au combat libre ou MMA (Mixed Martial Arts)
Pourtant la compétition présente plusieurs intérêts. Elle permet de faire l'apprentissage du stress et de la défaite, de perdre ses illusions face à un adversaire qui ne coopère pas. Elle amène à accepter un jugement extérieur et nous met dans une situation plus ou moins proche d'un combat.
Mais aujourd'hui où seule la victoire compte et où l'adversaire devient un ennemi, la compétition est devenu un spectacle au statut inapproprié et malsain qui engendre frustration, agressivité et parfois même tricherie et dopage.
Respect du partenaire, autre valeur partagée des sports de combats...
Y a t-il alors un moyen de redonner un sens et une utilité à la compétition?
Il n'y a pas de remèdes miracles mais peut-être faut-il chercher l'inspiration dans le Kendo ou éventuellement le Sumo. Ces traditions possèdent des systèmes de compétition où le respect de l'individu n'a pas disparu. Elles développent parallèlement les qualités physiques, techniques et spirituelles de leurs pratiquants. La victoire ou la défaite ne sont pas l'occasion de démonstrations excessives de joie du vainqueur et de tristesse du perdant, mais de respect envers l'autre, le maître et la discipline. Nul doute que quel que soit le résultat chacun part ayant appris un peu plus.
C'est dans cette direction qu'il semble souhaitable d'orienter les compétitions d'arts martiaux. Afin qu'elles redeviennent ce qu'elles n'auraient jamais dû cesser d'être, un outil dans les voies de perfectionnement de l'homme.
Sumo, une discipline qui vit elle aussi des moments difficiles
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