Asobu Matsushita, un ami de trente-trois ans
Asobu est mon plus vieil ami. Nos parents étaient amis et nous sommes nés la même année à un mois et demi d’écart. Nous nous sommes rencontrés lorsque nous avions quelques mois, peut-être quelques semaines. Aujourd’hui Asobu a trente-trois ans. Pour fêter ça nous sommes allés dîner ensemble hier et j’ai passé un excellent moment comme à chaque fois que je le retrouve.
Asobu et moi l'été 77 (je ne suce pas mon pouce!)
Asobu et moi avons grandis en parallèle et nous avons partagé beaucoup de moments ensemble, en France ou au Japon. Nos deux pères étaient peintres et japonais. Ils peignaient place du Tertre et lorsque nous étions enfants nous habitions près l’un de l’autre juste derrière la butte Montmartre.
Nous avons commencé la pratique des arts martiaux ensemble par le Judo vers cinq ans. J’ai ensuite déménagé et pratiqué diverses autres disciplines martiales pendant qu’Asobu pratiquait le tennis avec passion. A l’adolescence comme beaucoup d’amis d’enfance nous nous sommes un peu perdus de vue.
Asobu Matsushita
Nous nous sommes revus lorsque nous avions dix-huit ans. Je travaillais à Budostore et Asobu venait en client s’acheter un livre sur l’Aïkido qu’il pratiquait depuis peu. Je pratiquais le Kung-fu à l’époque et nous avons juste échangé quelques mots.
Moi
Je n’ai plus revu Asobu pendant six ans. Je m’étais mis moi aussi à l’Aïkido entre-temps et j’avais décidé de partir étudier au Japon. A peine atterri de l’avion je me suis retrouvé à l’Aïkikaï… au côté d’Asobu !
Nous avons pratiqué là-bas quelques années et j’ai de merveilleux souvenirs. A l’époque Isseï habitait aussi à Tokyo et nous allions tous les trois nous entraîner chaque jour au Hombu dojo. Nous travaillions aussi ensemble « Aux Bacchanales », nous faisions de la musculation ensemble et nous allions boire presque tous les jours ensemble...
Une enfance sauvage où nous avons affronté de nombreux dangers
Asobu a principalement suivi Tada senseï, Sasaki senseï et Masuda senseï à l’Aïkikaï. Il a ensuite poursuivi son chemin en pratiquant le Daïto-ryu Aïkijujutsu chez Okamoto senseï qu’il m’a fait découvrir puis est aussi devenu membre du Shinbukan de Kuroda senseï après que je lui en ai parlé.
Notre principale passion est la pratique des arts martiaux. Nous avons pratiqué plusieurs années ensemble à l’Aïkikaï mais aussi très régulièrement dans des dojos municipaux où nous passions des heures à répéter, chercher, tâtonner, combattre…
Chaque fois que nous nous voyons aujourd’hui encore notre principale sujet de discussion reste les arts martiaux. Oublieux du temps et du lieu nous passons des heures à discuter et parfois mettre en pratique à la grande surprise des clients des restaurants ou des bars où nous nous trouvons.
Toshimaen, aout 77
Asobu a deux principales qualités dans sa pratique martiale. La première est son œil aiguisé. Il remarque des choses qui m’échappent avec une acuité surprenante. Je me rappelle par exemple que c’est lui qui m’avait fait remarquer que Tada senseï plaçait ses orteils exactement au bord du tatami où il se trouvait lors de ses exercices de préparation. Aujourd’hui encore je ne suis pas certain de comprendre la raison de cette manière de faire mais c’était un fait indéniable. Un des faits qu’il voyait et qui m’échappaient !
La deuxième qualité majeure d’Asobu est sa créativité, son imagination. Il ne prend jamais une chose pour ce qu’elle semble être au premier abord. Il voit chaque phénomène, chaque chose sous des angles originaux, imagine sa raison d’être, son utilisation possible, en invente d’autres. Si je dois avouer que parfois il arrive à des théories qui me semblent totalement extravagantes elles sont toujours intéressantes et souvent drôles. Ce trait de caractère fait aussi qu’il voit dans chaque situation de sa vie un moyen d’améliorer sa pratique. Il cherche non seulement à faire chaque geste de la manière la plus parfaite possible mais tire aussi une leçon de chaque évènement. Il réussit à rendre passionnante une journée qui serait perdue pour ceux qui ne voient que l’aspect superficiel des choses.
Asobu et son fils Shuhei
L’année prochaine Asobu prévoit de revenir habiter en France avec sa femme et son fils. Je sais qu’il a ce projet depuis longtemps mais je crois que cette fois-ci ce sera la bonne. Si c’est le cas ce sera une véritable chance pour les pratiquants français qui désirent découvrir le Daïto-ryu et son Aïkido unique.