Compte-rendu d'un pratiquant du Shochu geïko et stage de rentrée 2013
Simon, un pratiquant de Grenoble, participe activement à l'Aïkiforum et y fait régulièrement des compte-rendus (CR) des stages auxquels il a participé. Fin juillet il a publié un CR du Shochu geïko auquel il avait participé avec deux amis.
L'intérêt du CR
A mon sens lire un CR présente un intérêt limité si on ne connaît pas son auteur et/ou l'enseignant dont il est question. En revanche si on connaît l'un ou les deux, et encore mieux si on était présent, cela me semble intéressant.
Pour un participant au stage un CR peut faire office d'aide-mémoire. Pour quelqu'un qui connait l'auteur, il est possible de trouver des indications sur un enseignant qui aideront à choisir dans la pléthore de stages. Pour quelqu'un qui connaît l'enseignant, cela peut permettre de profiter un minimum de cours auxquels on n'a pas pu assister. Mais l'intérêt essentiel d'un CR est surtout à mon avis pour celui qui l'écrit, et l'enseignant du stage.
Pour celui qui l'écrit, car même s'il ne le relit pas ou peu, écrire permet d'ordonner les idées et de mieux les fixer. Pour l'enseignant, car cela lui permet d'avoir un feedback précis sur son enseignement et la façon dont il est perçu. En outre pour ma part c'est une aide car j'essaie de ne pas faire travailler les mêmes choses lorsque je retourne à un endroit, ainsi que lorsque je revois des élèves. L'essence reste la même, mais dans la mesure du possible, j'essaye de faire travailler sous des angles (techniques, attaques, situations de travail) différents.
Faire un retour sur un CR
Je n'aime pas du tout parler de technique par écrit. Les mots sans la sensation me semblent trompeurs, limités et partiels. C'est pourquoi je participe rarement à des discussions techniques sur les forums, et que je rentre rarement dans ce domaine dans mes posts et articles, alors que j'apprécie ce type de discussion lorsque je suis face à mes interlocuteurs.
Compte tenu des efforts de Simon, je me sentais toutefois en quelque sorte redevable, aussi je vais apporter quelques précisions à son CR du Shochu geïko, même si je crains de surtout apporter de la confusion. Pour tout ce qui est du ressenti, je n'ai rien précisé. Pour ce qui est technique, je n'ai quasiment pas ajouté de détails.
Concernant le CR du stage de rentrée de Simon, vous pouvez le lire directement sur Aïkiforum. Il était excellent, et il n'y avait rien à y ajouter. Un autre CR du même stage a été écrit par un autre forumiste avec beaucoup d'humour, FDO.
(Photo Neila G.)
Notions clés
Pour ceux qui ont lu l'interview de Léo dans le numéro spécial de dragon magazine, vous ne serez pas trop surpris des notions abordées.
L'unité du corps : lors de tous les déplacements, le déplacement du corps doit se faire en un seul bloc.
La simultanéité des mouvements : pour réaliser un mouvement, l'ensemble des parties du corps bouge. On peut retrouver parfois alors retrouver la notion d'immobilité dans le mouvement des arts martiaux chinois. Tout bouge en même temps, alors que d'extérieur on a l'impression d'une immobilité.
Vitesse constante : les mouvements doivent être effectués toujours sur le même rythme, sans accélérer ni donner d'à-coups.
La disponibilité immédiate : lorsque les partenaires se mettent en place, ils doivent trouver immédiatement la position qui permet d'agir (se déplacer, attaquer, ...). Il ne faut pas avoir besoin d'un temps de préparation.
Le contexte : bien expliquer le contexte donne le sens à tout le système. La recherche de Léo est de se placer dans un contexte proche de celui du temps des samouraïs, qui n'autorise pas les fioritures dans les techniques. La complaisance du partenaire est ainsi rejetée, car il est important de s’entraîner avec justesse.
Saisies légères : que ce soit au ken, au jo ou au tanto, les saisies sont très légères pour pouvoir être rapide et changer de position de frappe facilement.
Guider et non pas contraindre : si l'on contraint le partenaire, il va réagir, moins si on ne fait que le guider.
Awase et musubi (sont dans un bateau...) : awase c'est être avec le partenaire dans la forme (ne pas aller contre sa force), musubi, c'est être avec lui dans le fond (ne pas travailler vite s'il travaille lentement).
Les positions de garde : il existe en gros 3 positions de bases, shisentai, hanmi et hitoemi.
Shisentai est la position neutre, la plus ouverte, où on offre toute la largeur de son corps.
Hanmi est la position standard, signifiant demi-épaisseur de corps. On limite ainsi la surface que l'on présente au partenaire de moitié. Pour cette position, la cheville (chi), le genou (jin) et l'épaule (ten) de la jambe avant son alignés. Le reste forme une diagonale. Le poids est réparti à peu près à 50-50 entre l'avant et l'arrière du corps, mais sur la pointe des pieds, pas sur les talons.
Hitoemi est la position dans laquelle tout est aligné pour n'offrir que l'épaisseur minimale de corps.
On démarre ainsi souvent en hanmi pour finir en hitoemi.
Précision:
-Il s'agit de shiZentaï. Le corps naturel.
-Dans le hanmi que je propose, ten (le ciel), chi (la terre), et jin (l'homme) sont effectivement alignés, ten étant effectivement l'épaule, jin le genou, mais chi est le gros orteil du pied avant. Quant au poids, il est au centre du corps.
Organisation du corps : le corps est toujours organisé pour avoir un impact (physique ou mental) sur l'adversaire.
Intention : il faut chercher à deviner l'intention du partenaire qui attaque pour être dans le bon timing (sen no sen, sen sen no sen). Pour l'attaquant, il s'agit de gommer tous les gestes parasites qui surviennent avant de déclencher l'attaque.
Shoshin : l'esprit du débutant, de la 1ère fois. Uke doit attaquer comme s'il attaquait tori pour la 1ère fois, ceci afin de ne pas faciliter le mouvement, ou au contraire le bloquer inutilement. Toujours bien regarder ce que montre l'enseignant, même si l'on pense savoir ce qu'il montre.
Compte-rendu "technique"
Mercredi matin
Suite à un retard de son avion, Léo n'a pas pu assurer la première partie du cours de la matinée. C'est donc Tanguy Le Vourc'h qui a animé ce début de stage.
Je ne vais pas détailler l'échauffement, juste quelques exercices :
en seiza, les mains jointes et les bras levés dans l'alignement des oreilles, regarder à droite et à gauche tout en essayant de ressentir sa colonne vertébrale.
allongé sur le dos, lever le bassin vertèbre par vertèbre en évitant de donner des à-coups.
mae/uchiro ukemi en partant de la position allongée, sans forcer, en étant au maximum relâché. Pour uchiro ukemi, il est plus simple d'avoir les bras derrière la tête.
Précision:
-Il s'agit de uShiro ukemi.
Thème du cours : tsuki en te-waza
Travail de l'attaque : partir de la position hanmi (ten-chi-jin) et finir en hitoemi. Ne pas faire d'appel (mouvement du buste ou rééquilibre du corps avant la frappe par exemple), tout le corps doit se déplacer d'un bloc. Il faut viser derrière le partenaire, dans l'idée de lui atteindre la colonne et non pas la peau. Le partenaire aide à discerner ce qui ne va pas (les appels par exemple).
Kokyu nage : sortie dans le dos du partenaire avec le tranchant de la main qui monte au visage. Il faut imaginer le poids du corps dans le genou. Le genou donne l'orientation du corps, il doit donc être tourné vers uke. Lorsque uke attaque, il doit rester disponible (pour ne pas se prendre l'atemi.
Kokyu nage (forme "irimi nage") : sortir plus profondément en se plaçant comme pour effectuer irimi nage (ura). A partir du double contact, s'alléger au maximum pour alléger le partenaire et le guider au sol. La technique doit être agréable pour uke.
Kokyu nage (forme tournante) : entrée avec le pied avant dans le dos d'uke, pivoter, et couper au niveau de la tête avec la main qui était initialement la main arrière.
Léo est arrivé est a poursuivi le stage sur la 2nde moitié de la matinée.
Thème du cours : tsuki au jo
Position au jo : hanmi, le jo n'est pas directement pointé vers le partenaire, mais légèrement en travers pour protéger le corps (il doit couvrir l'épaisseur du corps, ni plus, ni moins) et menacer.
Travail de l'attaque : on retrouve les mêmes éléments que ceux donnés par Tanguy. Faire attention à ce que la main arrière ne démarre pas en retard. Léo insistera beaucoup sur ce dernier point. Il ne sert à rien d'être "rapide" si le corps arrive avant la frappe. A la fin de la frappe, il faut être aligné derrière le jo pour bien transmettre le poids du corps. C'est de là que vient la puissance. Lors de la frappe, il ne faut pas trop éloigner les bras du corps pour pouvoir repartir dans de multiples directions.
Avec une distance identique, le maai de deux partenaires peut être différent, suivant l'inclinaison du corps par exemple).
Travail de l'entrée : entrer dans le dos du partenaire en passant de hanmi à hitoemi. Il ne faut pas s'éloigner du partenaire, mais rentrer le plus frontalement possible. Le jo doit frôler tori.
Irimi nage (omote) : dans la même idée que l'entrée précédente, sauf que cette fois, la main avant vient prendre contact avec le jo. La jambe arrière avance ensuite pour se placer sur (au niveau) du pied avant d'uke et la main du même côté monte au visage. La main ne doit pas pousser mais emmener uke au sol.
Mercredi après-midi
Thème du cours : tsuki en te-waza
Échauffement + mae/uchiro ukemi.
Travail de l'attaque : cf. consignes de Tanguy. Il faut bien pénétrer dans le partenaire (sens d'irimi). Le mouvement et l'intensité de la frappe doivent identiques qu'uke soit là ou non.
Kokyu nage : même travail qu'avec Tanguy. Le déplacement du corps et la montée de la main doivent être fait dans un même temps. Attention à bien orienter le corps pour menacer uke.
Travail de l'entrée : entrée en irimi + henka. La main arrière vient prendre contact avec le bras du tsuki lors du déplacement.
Kokyu nage : à partir de l'entrée précédente, lors du déplacement une main vient se poser au niveau du bras, l'autre au niveau de l'épaule. On amène le partenaire au sol (similaire au kokyu nage de Tanguy) avec l'idée de s'assoir et d'assoir le partenaire au sol. La technique doit être fluide, même si l'on peut (mais ce n'est pas conseillé) décomposer pour apprendre le mouvement.
Kokyu nage (naname kokyu nage) : avec la même entrée que précédemment, la main extérieure (la plus éloignée du partenaire) va venir couper au visage. Le regard est porté dans la même direction que celui d'uke.
Entrée pour irimi nage : les contacts entre l'épaule et le cou et au bras (à la fin de l'entrée) doivent être très légers, comme si l'on ne faisait rien. Il faut bien entrer sans s'éloigner d'uke. On regarde dans la direction d'un 2ème partenaire potentiel (dans la même direction qu'uke).
Irimi nage : lors de la rotation, si uke est tombé ce n'est pas gênant. Le mouvement ne sera long que si uke suit.
Jiyu waza : travailler avec les mêmes éléments que ceux mentionnés dans la journée (pas d'appel, tout en un bloc...)
Jeudi matin
Thème du cours : tsuki au tanto
Échauffement : bien prendre conscience de son corps.
Saisie du tanto : La saisie doit être très fine. L'auriculaire bloque le tanto pour éviter que celui-ci ne glisse s'il rencontre quelque chose de dur (un os par exemple).
Précision:
-Le tanto n'est pas bloqué par l'auriculaire, mais son bout est calé dans la paume de la main.
Travail de l'attaque : mêmes consignes qu'à mains nues. Porter grandement son attention sur le potentiel retard de la main. En faisant volontairement mal le mouvement à côté d'un pratiquant, Léo a bien montré le problème (attaque qui arrive 1s après) d'avoir cette main en retard.
Uke et Tori doivent s'aider à progresser et non pas à régresser. Il faut donc réaliser une technique juste sur une attaque juste.
Kokyu nage : kokyu nage similaire au premier réalisé au jo (main qui monte au visage en forme d'irimi nage omote), mais avec une prise de contact du bras qui tient le tanto pour éviter les mauvaises surprises.
Contrôle de la nuque : même entrée, mais la main vient accompagner le visage à partir du menton pour retourner la tête et contrôler au niveau de la nuque. Uke ne doit pas avoir le visage tourné vers le haut, mais vers le côté (dommage, la vue depuis le sol du korindo est sympa). Il est important de guider le partenaire et non pas de le contraindre.
Kubishime : même entrée puis saisir en kubishime et étrangler. La main qui vient saisir le col doit être la plus directe possible (Léo donne parfois des images pour vous aider à trouver le geste juste que je ne me permettrai pas de redonner ici ). Comme d'habitude, tout doit être fait dans un même mouvement. Il ne faut pas tirer, mais descendre. Il faut rester debout, le partenaire doit s'étouffer sous son propre poids.
Hiji kime osae : uke doit être très disponible des jambes s'il ne veut pas avoir un problème au coude. Attention dans la réalisation du mouvement à ne pas se gêner soi-même, sinon seuls les bras vont travailler.
Jiyu waza : garder à l'esprit les consignes du cours.
Jeudi après-midi
Avant de dire au revoir à Tanguy, Léo lui a proposé d'animer la première partie du cours de l'après-midi.
Chute arrière : se laisser tomber verticalement, rouler sur le dos (avant-arrière) et se relever. Il est important de tomber et non pas de s'écraser, pour pouvoir réaliser des kaeshi waza par exemple. Pour se relever, une fois que le poids commencer à être sur la jambe avant, ouvrir en reculant la hanche arrière (on imagine assez bien l'application pour dégainer un sabre).
Chute arrière 2 :L'exercice est réalisé à nouveau en gardant les mains devant soi.
Chute arrière 3 : au lieu de revenir sur l'avant, la chute arrière est réalisée complètement. Pour se relever, on se laisse légèrement tomber sur l'avant.
Thème du cours : shomen uchi / l'axe (Tanguy)
Protéger son axe limite les possibilités de frappes dangereuses. Les arts martiaux (et même les vikings !!) ont toujours privilégiés les frappes qui atteignent l'axe pour faire des dommages sérieux.
Travail préparatoire : les deux partenaires se font face, en position du cavalier (mais sur un gros cheval), avec le bassin en légère rétroversion pour travailler sur la structure et non pas avec les muscles (un peu d'aunkai ?). Uke monte la main pour prendre l'axe de tori. Tori doit monter la main pour arriver avant uke pour conserver son axe. Il ne s'agit pas d'aller plus vite qu'uke, mais de lire son intention. Bien essayer de ressentir la différence si l'axe est pris ou s'il est conservé.
Travail de l'attaque : il faut bien fermer l'attaque. Uke attaque du côté de la hanche arrière sinon il peut se faire toucher avant d'atteindre tori. Il n'y a la place que pour une seule main dans l'axe. Pour frapper sur l'axe, il ne faut pas se fier à son oeil directeur, mais viser au milieu de ce qu'indique chaque oeil, ou alors travaillé à partir du ressenti de son axe.
Entrée intérieure : la main avant monte pour prendre contact. C'est un leurre, uke doit penser le plus longtemps possible qu'il va toucher. On entre irimi-henka, presque sous le bras d'attaque. La seconde main va décrire un cercle de bas en haut, tranchant vers le haut, pour aller perturber uke au niveau de son visage et l'empêcher de réaliser que tori fait le pivot (henka). Il faut être très proche. Chacune des mains se posent au niveau des bras d'uke. La main avant au-dessus, la main arrière en-dessous (de l'autre bras).
Kokyu nage : à partir de l'entrée précédente projeter le partenaire en maintenant une pression constante au niveau des mains. La direction dépendra des appuis d'uke.
Tai atari : le plus tard possible, passer sous le bras de l'attaque. La jambe arrière avant puis l'autre jambe fait le mouvement inverse. Le bras arrière (au moment de l'attaque) monte pour avoir le poing au niveau de l'oeil d'uke. Le bras permet de perturber uke et également de se protéger. Tori descend alors pour projeter, en mettant du poids au niveau des hanches (une sorte de tai atari). Il ne faut pas trop avoir la volonté de projeter uke, il s'agit plutôt de l'amener à s'assoir. Instant poésie : il faut s'imaginer fondre, ou faire comme un souffle.
Thème du cours : Ken (Léo)
Tenue du ken : l'annulaire est au bout de la tsuka. Le petit doigt est replié. Le sabre n'est pas placé vraiment au milieu de la main avant mais un peu au-dessus.
Shomen uchi : tout doit se faire dans un seul geste. Attention à ne pas frotter les pieds et à ne pas avoir d'oscillations dans le corps lorsque l'on avance ou recule.
Positions de garde :
seigan : position moyenne, sabre à l'horizontal
gedan: position basse, sabre à la verticale, pointe vers le bas
jodan : position haute. Le sabre repose sur les mains, à l'horizontal.
Travail pour enchainer les positions seigan --> gedan--> jodan.
Lorsque l'on passe en jodan, le corps reste sur l'avant, comme si la tête ne bougeait pas. La position jodan n'est pas avec le ken vers le haut pour les utilisations "intérieures" (type combats dans les auberges). La garde est relativement fermée, façon boxeur, avec le poignet avant cassé pour ne pas limiter le champ de vision.
Rotation des kens : en position seigan, faire tourner le ken du partenaire avec son propre ken. Même exercice répété les yeux fermés.
Travail de la coupe : à partir de la position jodan. Tout réaliser dans un même temps. Les bras ne déplient pas après que le pied ne soit posé.
Gedan --> Jodan : passer d'une position à l'autre avec le minimum de gestes. La posture est importante, mais il est nécessaire d'avoir également l'intention. La posture joue sur le mental, et vice versa.
Reprise de l'axe : uke coupe à partir de la position jodan. Tori passe de gedan à seigan pour récupérer l'axe en reculant.
Maki otoshi : avec la même entrée que précédemment, réaliser maki otoshi. Il faut chasser le ken juste suffisamment pour avoir le temps de piquer à la gorge. Le ken finit la lame vers le haut, mais les mains n'ont pas changées de position. Repousser le ken, avancer avec le changement de hanmi se fait en un seul mouvement.
Exercice de respiration : en seiza, coupe shomen avec mouvement très ample synchronisé avec la respiration.
Vendredi matin
Thème du cours : jo
Travail de l'attaque : tsuki à droite et à gauche. Enchainer les frappes en avançant et en reculant. Ne pas frotter les pieds. Attention à ne pas mettre de signes extérieurs de puissance : épuisement inutile (problème sur les champs de bataille s'il faut combattre toute la journée). La puissance vient du mouvement (donné par la main gauche) et du poids du corps.
Jo nage - entrée : esquiver le tsuki avec une entrée intérieure, en posant les mains sur le ken.
Jo nage - projection 1 : à partir de l'entrée précédente, absorber avec tout le corps, changer l'angle (passer le jo d'un côté à l'autre d'uke) et projeter. Le changement d'angle doit se faire progressivement pour qu'il ne soit pas perceptible par uke. Ne pas mettre trop de poids vers l'arrière. Le mouvement doit se faire à vitesse constante.
Le début du mouvement a été travaillé séparément, très au ralenti, avec plusieurs changements de partenaires. L'objectif était de bien sentir l'effet de notre action sur le partenaire. Lors du mouvement, les bras plient comme une conséquence de l'action et non pas comme un moteur.
Chaque partie du bras participe au mouvement, mais d'extérieur le mouvement relatif de chaque partie est invisible : l'immobilité dans le mouvement.
La technique complète a ensuite été réalisée avec un travail "en ligne" : une personne fait la technique et les uke s'enchainent. Une fois que tout le monde est passé, on change de tori. Ce n'est plus le moment pour uke de faire de feed-back, il doit juste être disponible. Tori peut repérer ce qu'il faut changer pour améliorer le geste au prochain uke.
Jo nage - projection 2 : à partir de la même entrée, mouvement en 3 étapes (mais un seul temps) :
irimi-tenkan en plaçant le jo à la vertical pour monter uke.
Descendre le plus verticalement possible. Le bout du jo devrait presque pouvoir descendre le long d'un mur.
Avancer pour projeter.
Travail de 1 au ralenti puis tout le mouvement et enfin travail en ligne.
Jo dori : laisser passer le tsuki en posant les mains. Si besoin, reculer un peu. Ensuite, projeter comme dans "jo nage - projection 1".
Jo dori - Jiyu waza.
Vendredi après-midi
Thème du cours : ken
Positions : travail sur les positions, l’enchaînement d'une position à l'autre en passant de jodan à gedan par une coupe.
Reprise de l'axe : uke coupe à partir de la position jodan. Tori passe de gedan à seigan pour récupérer l'axe en reculant (comme la veille). Attention à ne pas chasser le ken et à ne pas se mettre sur l'arrière.
Maki otoshi : d'abord même travail que la veille, puis geste en un seul temps. Ensuite, travaille en ligne.
Maki otoshi - sortie extérieure : récupérer l'axe avec le ken allant de gauche à droite. Sensiblement le même geste qu'avec l'entrée intérieure.
/!\ Peu de pratiquants avaient vu la différence avec le premier geste : il faut rester vigilant à ce que montre l'enseignant et ne pas partir sur des idées préconçues.
Travail en ligne avec sortie à droite et/ou à gauche.
Thème du cours : shomen uchi
Entrée : même entrée que pour réaliser maki otoshi (intérieur). Le contact doit être très léger.
Le mouvement ne permet pas de modifier le maai par rapport à uke, il faut donc réaliser un mouvement différent.
1er kokyu nage : sortie extérieure, avec un changement d'hanmi quasiment sur place en prenant contact avec la main. Ensuite, rentrer en avançant la jambe extérieure (qui est déjà devant) avec la main et couper. Le corps doit être bien organisé pour transmettre tout le poids.
2ème kokyu nage : rentrer sous le bras de l'attaque. La main avant peut venir en contact/leurre du bras de la frappe et peut servir de protection si le mouvement est raté. Si le mouvement est bien fait, la main est inutile. Il faut rentrer vraiment frontalement, comme pour prendre uke dans ses bras. Dans le mouvement il y a un changement de hanmi. La main du côté du bras de l'attaque monte au visage pour couper.
Aiki otoshi : même entrée que précédemment. Si uke est suffisamment mis sur l'arrière, on peut réaliser aiki otoshi. Il ne faut pas porter ou charger uke. Le mouvement des bras doit suivre la direction des jambes d'uke, comme si l'on voulait jeter un seau d'eau. Attention, à ne pas se jeter le seau sur soi-même (en gros, attention aux pieds du partenaire). Il faut se relever après avoir lâché les jambes. L'origine de la technique n'est pas de projeter uke, mais de lui briser la nuque sur le sol en l'ayant mis à la vertical la tête vers le bas. Pour pouvoir s'approcher au plus du mouvement juste, dans les anciens koryus, uke pouvait effectuer un tour complet (peut-être comme dans la dernière vidéo de ce fil postée par kissaki :http://www.aiki-foru...sa/page__st__25)
Jiyu waza.
Samedi matin
Détection de l'intention : assis en seiza, les yeux fermés, le partenaire, avec un tanto, doit venir couper/piquer une zone précise, au ralenti. Tori doit essayer de sentir l'intention avant d'être touché, au pire au moment où il est touché, sans que cela ne marque un arrêt dans le mouvement d'uke. Cet exercice a été travaillé 2-3 fois dans la semaine.
Thème du cours : shomen uchi
Entrée irimi nage : irimi-tenkan, entrée le plus droit possible. La main avant qui prend le contact s'oriente au fur et à mesure du déplacement. Elle doit être la plus légère possible pour ne pas perturber uke. La main qui arrive "à la nuque" doit prendre directement l'équilibre d'uke.
Travail de la frappe : frappe sur un ken tenu horizontalement par uke. Si la direction du mouvement est bonne, si le geste est correct (pas d'appel, pas de retard de la main, etc.) uke laisse le ken s'enfoncer. Le pied doit se poser en même temps que la coupe se finit (et non pas au moment du contact).
Irimi nage : ne pas être trop loin du partenaire.
Kokyu nage (Tanguy-like) : après être entré comme pour réaliser irimi nage, amener le partenaire au sol. Il faut chercher à solidariser au maximum uke : il doit bouger en un seul bloc.
Kiri otoshi : après l'entrée, poser les deux mains au niveau des épaules. Le travail a été réalisé avec et sans l'entrée. Il faut guider uke vers le bas, ne pas le tirer. La technique originale consistait à "mettre" le genou dans le dos.
Thème du cours : eri dori
Travail de la saisie : amener au sol à partir de la saisie. La saisie doit être très légère (à 2 doigts + pouce) car les kimonos des samouraïs étaient très fins et se déchiraient facilement et pour ne pas donner trop d'informations. Le mouvement ressemble à un point d'interrogation.
Précision:
-La saisie peut ne se faire qu'avec un doigt et le pouce, ou plus de doigts.
-La fragilité des kimonos que j'évoque, est située au niveau des coutures et non du tissu. Les kimonos étaient rangés décousus, et maintenus par une couture légère lorsqu'ils étaient portés.
Kokyu nage : pivoter dans l'axe (vers le côté opposé au bras saisissant) et couper sur le partenaire. La main qui monte pour couper doit être proche du visage (de tori) pour se protéger lors du pivot.
Comme eri dori est une saisie dans l'axe, il est possible de rentrer des deux côtés, par le bas ou le haut.
Kokyu nage 2 : même entrée que précédemment, sauf qu'au dernier moment avant la coupe, ouvrir légèrement pour passer au-dessus du bras de saisie. Couper sur le bras pour prendre les hanches du partenaire et monter l'autre main au visage (la main part du bas pour ne pas être visible).
Ikkyo : même entrée que pour le 1er kokyu nage, mais uke se protège avec son deuxième bras. Pour faire ce ikkyo, il faut essayer de tromper les sensations d'uke. Monter le coude en le guidant pour étirer le partenaire vers le haut, sans avoir la volonté de monter le partenaire (une contrainte est différente d'un guide). Il ne faut pas bousculer le partenaire ou lui faire transférer son poids sur l'arrière. Ensuite, descendre très à la verticale.
Uke doit travailler au rythme de tori et ne pas profiter du travail lent pour se restabiliser. Il faut éventuellement même garder consciemment le déséquilibre, car le corps va automatiquement chercher à rééquilibrer.
Jiyu waza : donner les consignes de travail à son partenaire.
Samedi après-midi
Thème du cours : Ken (Léo)
Positions : travail sur les positions et le passage de l'une à l'autre.
Maki otoshi : à gauche et à droite, en 1 seul temps, puis travail en colonne.
Suburi : à droite et à gauche. La main arrière ne fait que réaliser shomen. La saisie est très fine, et disparaît même pour n'être qu'un contact en haut du mouvement. La main arrière glisse est finie son mouvement en même temps que s'achève le changement de hanmi.
Coupe vs suburi : uke attaque à partir de la position jodan. Tori réalise le suburi à droite en même temps pour couper uke. Il faut faire attention à ne pas sortir;
Thème du cours : saisie (Léo)
Il est important de préciser le contexte des saisies (pousser ou tirer), car la technique ne sera pas réalisé de la même façon selon le contexte (awase).
Il n'y a que peu d'intérêt martial à bloquer lors de la saisie, car tori reste disponible partout ailleurs.
Exercice préparatoire : à partir d'une saisie légère, diriger le partenaire. Celui-ci doit chercher à être dans le temps, à ne pas prendre de retard dans le mouvement. Celui qui est saisi doit se faire oublier le plus possible. S'il veut rester disponible, il doit faire attention aux positions qu'il prend et à ses appuis.
Exercice préparatoire 2 : la même chose en saisissant 2 partenaires. Ceux-ci doivent alors également être attentifs à l'autre.
Katate dori (poussée) - kokyu nage (forme naname) : bien suivre le mouvement que donne uke pour ne pas le brusquer et être à la même vitesse que lui pour se faire oublier.
Katate dori (poussée ou traction au choix) - jiyu waza : travail en colonne. Etre bien attentif à la contrainte donnée par uke.
Thème du cours : travail du bas du corps (Julien Coup)
Léo a laissé Julien Coup animait la fin du cours (1h30) de ce samedi. Julien a voulu faire travailler sur le bas du corps à partir de l'attaque mae geri. Il ne s'agissait pas d'apprendre à faire de bonnes frappes de karatekas.
Pour la suite, jav signifie jambe avant et jar signifie jambe arrière.
Travail de l'attaque : bien sentir la décontraction du haut du corps lors de la frappe. La jambe se déplie en même temps qu'elle monte : tout se fait simultanément.
Attaque côté jambe avant (de tori) :
entrée irimi-tenkan. Bien entrer sans s'éloigner d'uke.
Idem mais en mettant un peu de pression à partir du corps sur uke pour créer un léger déséquilibre chez uke.
avec la jav, guider la jambe de frappe et avancer dans le même mouvement pour se retrouver dans la même position que précédemment.
Attaque côté jambe arrière (de tori) :
rentrer à l'intérieur en "glissant" de hanmi a hitoemi. Uke ne doit pas rester sur l'avant, car il y a la menace de frappes.
chasser avec la jambe avant et donc entrer par l'extérieur, comme si tori voulait sortir du mouvement. On retrouve un peu le même genre de mouvement au ken.
Jiyu waza : travail souple sans les mains, sauf pour uke s'il a la possibilité de placer des kaeshi waza.
Attaque côté jambe arrière (de tori) :
entrer irimi-henka et monter la main à la tête, de profil.
entrer comme dans le 1. précédent, mais saisir la jambe et entraîner uke au sol avec le poids du corps en passant la jambe derrière celle d'uke.
Dimanche matin
Thème du cours : Katate dori
Katate dori (poussée) - ikkyo omote : ne pas aller contre la contrainte (awase), être dans le temps. Tori ne doit pas décider à l'avance de combien il va reculer, il doit attendre de ressentir la contrainte.
Exercice éducatif : à partir d'une saisie légère, diriger le partenaire (comme le vendredi). Exercice fait à nouveau sans saisie, mais avec un simple contact main ouverte. Attention à ne pas se mettre dans des positions tordues.
Katate dori (poussée) - ikkyo omote : reprise de l'exercice en gardant la légèreté de l'éducatif.
Katate dori (traction) - ikkyo ura : attention à ne pas démarrer le mouvement en retard, ce qui freinerai uke (et donc tori ne serait pas invisible). Peu importe la forme d'ikkyo, l'entrée est le plus important.
Katate dori (poussée ou traction) - ikkyo : travail en ligne, puis travail en ligne les yeux fermés.
Katate dori (traction) - soto kaiten nage : amplitude du geste dépend du partenaire, et peut être différent pour un même partenaire suivant le moment (suivant sa disponibilité). Ne pas trop s'éloigner d'uke. Il ne faut pas supposer qu'uke va garder la saisie (pas d'intérêt martial si l'on suppose qu'uke est meilleur que nous). L'atemi n'est pas indispensable (mais il doit pouvoir être placer) car il induit une réaction chez le partenaire. Le corps doit venir prendre la place (par l'intention) du partenaire.
Katate dori (traction) - uchi kaiten nage : rester près d'uke pour pouvoir placer des atemis qui ne se voient pas venir.
Katate dori (poussée ou traction) - jiyu waza.
Le feed-back d'uke est important pour progresser pour dire s'il est brusqué. A un certain niveau de sensibilité (j'ai de la marge ), tori doit pouvoir ressentir lui-même s'il a brusqué uke car uke ne sera peut-être pas assez fin pour le percevoir.
Uke ne doit pas bouger pour faciliter la technique de tori, mais lui faire sentir qu'il a été brusqué (ou réaliser souplement un kaeshi waza). Le tristement célèbre master kiai était probablement un bon pratiquant, mais que la complaisance de ses élèves à peu à peu, sur du long termes, amener à cette supercherie (ce ne sont pas les mots exacts de Léo, mais l'idée est là normalement).
Précision:
-Je ne pense pas que le Kiaï master ait été un bon pratiquant. Il me semble toutefois qu'un pratiquant sérieux peut, s'il n'y prend garde, finir par se leurrer sur ses capacités s'il ne fait pas attention aux réactions de ses élèves. Il est essentiel de savoir lorsque le mouvement est celui exactement provoqué par notre action, ou s'il a été amplifié par un élève impressionnable ou désireux de bien faire.
Impressions personnelles
Je participais pour la 1ère fois à un stage d'été. Ayant participé à quelques stages de Léo et ayant été séduit par son approche, je me suis dis que ce stage permettrait de mieux comprendre son travail.
Le travail aux armes a constitué une partie importante de ce stage ce qui m'a plutôt plu (même s'il n'y a pas eu assez de ken à mon goût ^-^).
Les cours qu'ont animés Tanguy et Julien m'ont permis de faire de très bonnes découvertes. Le travail de ces deux adeptes est assez similaire à celui de Léo, ce qui permet de voir une autre approche mais de travailler dans la même direction. Le travail de Julien sur mae geri était vraiment intéressant et Tanguy m'a laissé vraiment une super impression. Après, pour être tout à fait honnête, au moment où Léo dit qu'il laisse la suite du cours à XX, j'étais un peu déçu. Mais bon, la déception disparaît vite quand on voit le travail qui ait proposé.
J'avais déjà entrevu certaines des notions clés (cf. le début du CR), mais avec ce stage d'une semaine, j'ai pu m'en faire une meilleure idée, ce qui laisse matière à travailler pour quelques temps.
Je trouve de plus en plus de similitudes dans les approches/méthodes de Léo et celle de Philippe Grangé, ce qui est plutôt appréciable, mais aussi de vraies différences...
L'ambiance est celle des stages que j'apprécie où les pratiquants sont là pour apprendre, chercher et où chacun peut donner son ressenti et ses conseils sans s'occuper du grade de la personne avec qui il travaille. Le mieux ? Ils font ça avec une bonne ambiance !!
La méthode d'enseignement de Léo est très bien construite. On voit peut de technique, mais on travaille sur des principes essentiels. Les jiyu waza avec changements de partenaire en fin de chaque séance sont vraiment intéressants. On apprécie ou pas le contexte (samouraïs) qu'a Léo, mais dans tous les cas, cela donne une cohérence à l'ensemble de ce qui est vu.
Voilà, en bref un super stage qui m'a permis de bien voir dans quelle direction je compte travailler (en parallèle d'autres).