L'avenir de l'Aïkido, pétition pour ceux qui sont lassés de l'autoritarisme et de l'incompétence
J'ai reçu hier, 18 novembre, le message suivant:
"L'avenir de l'Aïkido
Depuis qq jours j'ai eu connaissance, en tant que secrétaire de la ligue Ile de France, d'une pétition signée par bon nombre de pratiquants s'inquiétant de ce que les deux fédérations s'apprêtent à signer concernant les modalités des futurs passages de grades. Ce courrier est l'expression de l'inquiétude de beaucoup de pratiquants et enseignants de notre région et ils m'ont demandé de diffuser ce courrier. J'ai donc souhaité en tant que simple pratiquante et sans l'accord de qui que ce soit de le porter à votre connaissance. Si vous partagez vous aussi cette inquiétude, n'hésitez pas à en informer votre siège fédéral par courrier ou courriel.
Cordialement
Anne VO VAN
Secrétariat de la ligue IDF"
Suivait le courrier qui est aujourd'hui disponible en ligne ici:
Objet : Lettre ouverte aux dirigeants des fédérations FFAAA et FFAB et au ministère des sports concernant l’avenir de l’Aïkido
"Messieurs,
En prévision de la prochaine réunion entre les dirigeants des deux Fédérations Françaises d'Aïkido et du Ministre, nous souhaiterions vivement réagir.
La nomination d'un médiateur, spécialiste du Karaté, nous parait inopportune, dans la mesure où nos arts martiaux respectifs ne développent que peu de points communs.
Ainsi, la perspective d'envisager nos passages de grades sur un mode de fonctionnement issu de la pratique du karaté nous semble absurde, en inadéquation avec les enseignements reçus de nos maîtres.
Tout comme l'idée de ne pas parvenir à trouver de terrain d'entente entre deux systèmes de fonctionnements si proches.
Nous vous demandons, au nom de tous les aïkidokas, de tous niveaux, de tous horizons, de faire votre possible pour que nos deux Fédérations arrivent enfin à unir leurs énergies de manière positive, afin que la qualité de notre pratique soit l'unique objectif de chacun, et le seul moteur de nos aspirations.
Par avance, nous vous remercions de l'attention que vous nous porterez.
Les signataires"
Comme je l'expliquais récemment je ne me suis jamais occupé de politique fédérale et, bien que je sois en accord avec le principe général de cette pétition, je ne comptais pas aborder le sujet. Aujourd'hui je reçus le message suivant:
"Bonjour,
Les pratiquants semblent concernés par ce que les fédérations sont sur le point de signer. Plusieurs d'entre vous ont soumis l'idée de mettre ce courrier en ligne sous forme d'une pétition. Voici l'url, vous pouvez maintenant vous exprimer en nombre ...
http://www.petitionpublique.fr/?pi=P2010N4000
Anne VO VAN"
Suivi de celui-ci, message transféré issu du bureau fédéral de la FFAB:
"Monsieur le Président,
Le bureau fédéral vient de prendre connaissance du mail ayant pour objet "Pétition" envoyé par Anne VO VAN, cette pétition prenant des positions complètement à l'opposé des décisions prises par les assemblées générales fédérales successives pour que nos deux fédérations arrivent enfin à unir leurs énergies.
Le bureau fédéral exige qu'un mail soit envoyé à l'ensemble des destinataires initiaux infirmant la proposition de signer une telle pétition.
Le bureau considère que cette pétition est antifédérale et fragilise d'autant les travaux engagés et l'avenir de notre fédération au moment de la disparition de notre Maître.
Cette situation sera évoquée durant ce week-end.
Cordialement
Le Bureau Fédéral"
On croit marcher sur la tête à la lecture d'un tel message. Chaque licencié a le droit le plus élémentaire de signer et faire circuler une pétition. Il est une évidence pour chacun que nous sommes à nouveau dans une impasse et faire part de son mécontentement est naturel.
"cette pétition prenant des positions complètement à l'opposé des décisions prises par les assemblées générales fédérales successives pour que nos deux fédérations arrivent enfin à unir leurs énergies"
Il n'est pas de décision prise par le passé qui ne puisse être rediscutée et la situation dans laquelle sont pris en otages les pratiquants est justement le résultat "des décisions prises par les assemblées générales fédérales successives". On croit aussi rêver lorsqu'on lit que ces décisions ont été prises "pour que nos deux fédérations arrivent enfin à unir leurs énergies".
"Le bureau fédéral exige qu'un mail soit envoyé à l'ensemble des destinataires initiaux infirmant la proposition de signer une telle pétition."
"Exige" que l'on infirme la proposition de signer une telle pétition. Mais d'où sort donc cette attitude autoritaire inadmissible de ceux qui sont censés représenter les adhérents de la Fédération? Je crois qu'il est temps que les dirigeants de tous bords prennent conscience du mécontentement GENERAL des pratiquants d'Aïkido, indépendamment de leurs courants, groupes et fédérations. Et ce n'est pas en essayant d'étouffer les voix discordantes que l'on règle les problèmes. Si cette attitude prévaut lors des négociations je ne peux pas être surpris de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui.
"Le bureau considère que cette pétition est antifédérale et fragilise d'autant les travaux engagés et l'avenir de notre fédération au moment de la disparition de notre Maître."
Lorsque l'on connaît la teneur des travaux engagés et les scénarios proposés (voir ci-dessous) il y a de quoi pleurer. D'autant qu'en interne c'est en réalité la panique totale et que personne ne se réjouit des solutions qui semblent devoir se mettre en place.
Je passe sur l'accusation de trahir la mémoire de Tamura senseï alors que chacun a à cœur de ne pas laisser filtrer ses positions sur le sujet qui étaient bien connues de nombre de ses proches. Ses actions ou plus encore absences d'actions parlent d'elles-mêmes!
Tamura Nobuyoshi senseï
(photo Paul Muller)
"Cette situation sera évoquée durant ce week-end."
Et une petite menace voilée pour la fin à l'attention du président de la ligue Ile de France qui est à l'heure actuelle en route pour l'assemblée générale de la FFAB. Pas de raison de changer les traditions.
Je n'apprécie pas le système français de réglementation de la pratique martiale avec les fédérations, brevets fédéraux, d'état, etc… Malgré tout ce système peut fonctionner de façon supportable lorsqu'il est dirigé par des pratiquants ouverts, responsables et capables. La situation actuelle semble prouver que ce n'est pas le cas. C'est pourquoi, bien que la pétition ne soit pas rédigée de la façon exacte dont je l'aurai sans doute souhaité mais parce qu'elle est un signal d'alarme nécessaire et urgent:
J'invite tous les pratiquants fatigués des blocages et des luttes de pouvoir à aller signer la pétition.
A moins de vouloir continuer ce cirque et de se réjouir des propositions engagées:
Réunion au Ministère des sports
5 novembre 2010 – 15 heures
Présents :
Pour le Ministère : Jean Pierre Bouchout, inspecteur général, Sabine Bouchet et Vincent Bihet.
FFKAMA : Francis Didier, Président
FFAAA : Maxime Delhomme, Président et Paul Lagarrigue Vice-président
FFAB : Pierre Grimaldi, Président et Michel Gilet Vice-président
JP Bouchout : L’Administration a une obligation de résultat dans la délivrance des grades et diplômes. Tout sera fait pour y parvenir. Il souhaite une démarche partenariale. En cas d’échec, la CSDGE Aïkido serait intégrée dans la CSDGE Karaté !
Analyse de F. Didier :
Ce qui ne va pas dans le règlement CSDGE actuel :
- 2 co-présidents
- pas de DTN
- examens organisés dans les ligues par des élus et pas par la CSDGE
- pas de programme d’examen, pas de notation,
- qualification des juges floue ou insuffisante
Les élus des 2 fédérations gèrent les grades, la CSDGE n’est pas indépendante.
Proposition de F. Didier :
- CSDGE portée à 14 membres
- 1 président unique avec voix prépondérante, 1 DTN, (+1 arbitre)
- Pour les 1er et 2ème dan dans les ligues : un responsable régional des grades (RRG) et un secrétaire régional des grades, nommés tous deux par la CSDGE. Le RRG est un manager, pas un juge
- Examens organisés par les présidents de Ligues
- Les juges sont désignés par le RRG pour chaque examen à partir d’une liste de 12 ou 14 juges, fournie par chaque fédé. Les juges sont répartis en 3 tables de 3 juges à chacune
- Programme avec 6 épreuves notées chacune sur 10
- Chaque table n’est pas informée de la notation des tables voisines
- Chaque partie d’examen avec la moyenne reste acquise
- Des stages préalables permettent d’obtenir jusqu’à 3 points. Stages animés par experts ou professeurs de la Ligue mais validés par le RRG
- Le RRG a un cahier des charges précis. S’il ne le respecte pas, il est démis par la CSDGE
- Pour les 3èmedan, même schéma avec un Responsable interrégional des grades (RIG) nommé par la CSDGE. Ce RIG choisit les juges et fait valider son choix par la CSDGE.
- Les RRG et RIG reçoivent une formation : Comment gérer les examens, comment noter et harmoniser les notes, comment gérer les conflits …etc.
- Les diplômes sont signés par le Président de la CSDGE et sont la seule preuve de la validité du grade.
F Didier, indique que ce schéma doit être précisé sur de nombreux points avant de rédiger le nouveau règlement.
Aucune question sur cette méthode de travail
Analyse des différents points :
JP Bouchout : Les membres de la CSDGE doivent être indépendants des fédérations. S’ils manquent à leur indépendance, ils seront démis.
S’étonne qu’il n’y ait pas de programme pour les examens. Il faut un « référentiel » c’est fondamental y compris pour les hauts grades
Michel Gilet : Il faut que le président de la CSDGE soit extérieur ou sinon une présidence tournante.
JP Bouchout : Il faut trouver le président et composer la commission avec lui. Les fédérations proposeraient 5 noms pour que 3 soient retenus. Le président doit être déconnecté des fédérations.
Pierre Grimaldi : on fait un règlement sans tenir compte du fait qu’il y a 2 fédérations. Je ne suis pas d’accord, il faut une présidence tournante.
JP Bouchout : le DTN sera nommé par le ministre.
P. Lagarrigue : A quoi sert-il ?
JP Bouchout : à représenter la technique.
P.Lagarrigue : l’actuelle CSDGE est composée de 12 membres, tous entre 5ème et 7ème dan.
M. Delhomme : Quel sera le budget pour la formation ? L’UFA n’est plus financée par la FFAB et le Ministère ne donne aucune subvention. La formation sera portée par quelle instance ?
P. Grimaldi : « je ne signerai un règlement que si les 2 fédérations sont séparées.
La formation doit être séparée. Notre liberté doit être assurée à tous les étages.
Au niveau des ligues le président fait tout le travail et n’a aucun pouvoir. Il faut 2 responsables des grades dans chaque ligue.
Je ne veux pas venir à une réunion où on va faire un règlement pour une fédération.
Le problème majeur, c’est le oui et le non (pour les jugements aux examens) et la parité. »
M. Delhomme : Je suis d’accord pour suivre la méthode de F. Didier et pour lui fournir toute information qui pourra lui être utile.
Je demande la transparence dans ce domaine, c'est-à-dire que tous les échanges écrits avec F. Didier émanant d’une fédération doivent être transmis en copie à l’autre.
JP Bouchout : Laissez F. Didier dérouler sa mission pour qu’il fasse une proposition détaillée. D’accord ensuite pour la transparence souhaitée par M. Delhomme
Il récapitule les points à préciser :
- Le président (qui ?)
- L’arbitrage (interne ou externe à la CSDGE ? Un représentant de la CFAM ?)
- Le DTN (quelle utilité et qui ?)
- Le financement de la CSDGE
- Le « portage » et le financement de la formation
Il indique que le ministère va rédiger des fiches techniques sur les deux derniers sujets pour arriver à un « modèle économique »
* *
P. Lagarrigue : « En ma qualité de co-président de la CSDGE (étonnement des 3 représentants du ministère qui ignorent manifestement qui préside la CSDGE Aïkido) je voudrais évoquer la situation actuelle des pratiquants qui ont passé leur examen et dont
les grades ne sont pas validés. J’ai demandé la réunion de la CSDGE et la FFAB a conditionné cette réunion à la présence d’un représentant du Ministère» (approbation de la FFAB) La FFAB vous a demandé par écrit de participer à cette Commission. Il semble qu’il n’y ait eu aucune réponse (S. Bouchet recherche fébrilement dans son dossier et ne trouve rien). Que peut-on faire ? »
JP Bouchout : (agacé) C’est votre responsabilité ! C’est à vous seul de la réunir !
M. Delhomme : Le droit permet en effet à un co-président de convoquer la Commission.
P. Grimaldi : Il ne peut pas convoquer la commission tout seul !
JP Bouchout : « quand on aura établi le nouveau règlement, il faudra réunir la CSDGE actuelle pour lui demander de se saborder » (comprend qui peut !)
P. Lagarrigue : Et en attendant ???
JP Bouchout : ………. (Pas de réponse)
P. Lagarrigue : Pouvez-vous me dire pourquoi il y a 2 fédérations agréées ?
S. Bouchet : C’est légal
P. Lagarrigue : Cela ne répond pas à ma question. Je demande : pourquoi !
S. Bouchet : On ne pouvait pas juridiquement faire autrement….
P. Lagarrigue : Pourquoi avoir exigé en 2003 une fusion des fédérations pour la fin 2008 et être revenu sur cette position ?
JP Bouchout : (très agacé) « la fusion n’est plus un sujet ! »
M. Delhomme souligne alors que le ministère nous a donné une orientation précise et ferme en 2003 et est revenu sur celle-ci en 2008, sans motif, et que la FFAB a signé un règlement en 2003 et l’a contesté aussitôt après.
Il en conclut qu’il n’est pas aisé de discuter avec des interlocuteurs qui n’ont « pas de parole »
P. Grimaldi considère ces derniers mots comme une insulte personnelle et menace violemment de s’en prendre physiquement à M. Delhomme.
Celui-ci demande à JP Bouchout d’intervenir.
JP Bouchout reste silencieux.
M. Delhomme se lève et quitte la réunion (Il est 17h20)
P. Lagarrigue le suit après avoir rappelé que la FFAAA est d’accord pour accompagner F. Didier dans sa mission, jusqu’au bout.
Paul LAGARRIGUE
6 novembre 2010
Sur ce je retourne à la préparation du Taïkaï et de la NAMT que j'ai quittées à contre-cœur pour donner mon sentiment sur cette affaire déplorable. J'en profite pour dire adieu au 5ème dan fédéral :-))))))))))))))))))))