Lettre ouverte de Mr Jacques Bally à monsieur Grimaldi "Président" de la FFAB
Les récents évènements qui ont secoué la FFAB continuent encore à provoquer des secousses. Un message de la FFAB présentant son point de vue est disponible sur son site. Ci-dessous vous trouverez une lettre ouverte adressée à monsieur Grimaldi par monsieur Bally.
Tous les problèmes peuvent être discutés par ceux que cela intéresse sur les forums et réseaux sociaux. Je pense que toutes les opinions sont les bienvenues, dans la mesure où elles s'expriment de façon posées et respectueuses. A titre personnel je suis encore occupé par divers projets, et je m'exprimerai sur mes choix ultérieurement.
Lettre ouverte à monsieur Grimaldi « Président » de la FFAB.
Pourquoi une lettre ouverte ?
Cela m’a l’air d’être très tendance, et vu que les fêtes approchent, autant se faire plaisir.
Monsieur, nous ne nous connaissons pas, je pense que cela ne vous a pas préoccupé, en tout cas moi, cela ne m’a pas manqué.
Je me présente donc, non que j’aie envie d’étaler ma vie, mais certains éléments du récit seront précieux pour en comprendre la conclusion.
Je suis un pratiquant / enseignant d’Aikido « lambda » d’une génération antérieure.
Ayant débuté la pratique de l’Aikido en septembre 1976, immédiatement captivé par l’approche des conflits et de la violence que cette discipline proposait.
Vous l’avez perçu également ?
J’ai, dès l’été 1977, consacré plusieurs semaines à des stages avec des Maitres Japonais : Kobayashi, Kanetsuka. Puis s’en est suivi de plus en plus temps consacré à la pratique et la participation aux derniers Villefranche de Rouergue, premiers Lesneven, etc..., les stages enseignants de Millau et St Maximin, plus occasionnellement : St Mandrier, La colle /Loup. Et des tas d’autres au fil des années.
Congrès FIA à Paris. (Plus tard celui au Japon aussi en 1984)
Devenu élève de JM. Castillon, celui-ci étant nommé CTR pour l’Aquitaine, diplômé d’état en 1981, j’avais l’intention un peu naïve de faire de l’enseignement de l’Aikido mon métier, une manière de vivre une passion. Sans en attendre fortune, seulement pouvoir pratiquer sans cesse.
Je ne fus pas un intime de M° Tamura, l’ayant côtoyé de temps à autres, comme beaucoup d’entre nous.
Arriva le vote à l’INSEP, en présence de M Bonnefond, (auquel j’ai pris part en tant président intérimaire de la ligue d’aquitaine) qui supprima l’UNA et intégra l’Aikido en tant que discipline au sein de la FFJDA.
On connait la suite.
Présent à Lesneven, lors de la réunion organisée dans la salle à côté du camping, en 1982, j’ai approuvé le projet de création de la FF L AB, à laquelle je me suis immédiatement licencié.
S’en est suivi de la part de la FFJDA une campagne d’exclusions des dojo (accès physique aux locaux) et une chasse aux sorcières, que certaines politiques et pratiques aujourd’hui au sein de la FFAB ont le désagrément de me remettre en souvenir !
Exclu de 2 dojo sur 3 où j’enseignais, et vu la difficulté pour trouver de nouveaux lieux dans ce contexte, les projets de professionnalisme étaient fortement compromis.
JE N’AI PAS POUR AUTANT RENIE MES CONVICTIONS, AU DETRIMENT DES MES INTERETS.
Refusant de rester ou revenir à la FFJDA. Ainsi qu’à la FFAAA peu après.
J’ai par la suite participé avec Mrs Cadiou et Garcia à animer, gérer développer une ligue TOTALEMENT LAISSEE POUR COMPTE PAR LA FEDE PENDANT DES ANNEES, affrontant les critiques des immobiles, mettant en cause nos compétences et le bien fondé de nos actions.
Ce n’est que par la suite que nous avons enfin suscité l’intérêt et eut la visite de techniciens.
Certains tentant de planter des drapeaux en terre aquitaine, afin de s’établir une clientèle. Qui s’est servi de la fédé ?
Dans cette aventure, mes intérêts privés et les intérêts collectifs ont toujours été clairement séparés : aucun profit quel qu’il soit n’a été obtenu ni même demandé ou attendu, en contrepartie des actions menées pour le compte de la ligue. Plutôt des pertes.
Stages d’été de Soulac /mer, plusieurs années de suite, organisés par la ligue. Accueil de Seki sensei sur Bordeaux, bref toujours de l’action.
Mis à l’écart par les aléas de la vie, je n’en suis pas resté pour le moins fidèle à la FFAB, créant une association uniquement pour pouvoir avoir une licence, en assumant tous les frais avec mes finances personnelles (étant sans dojo fixe).
Bref un pratiquant passionné comme tant d’autres, et c’est pour cela que cette lettre est ouverte, car de nombreuses personnes, que j’ai côtoyé ou non, y reconnaitrons certainement une part de leur parcours personnel. A une époque où la pratique de l’Aikido ne pouvait être qu’une démarche plus complète, une quête.
Une recherche de valeurs, présentent également dans les autres Budo que je pratique depuis 1978.
Où d’ailleurs je continue à les retrouver, contrairement à ce que propose souvent l’Aikido aujourd’hui, et que ne proposent pas les fédérations.
Ce qui aujourd’hui me fait prendre certaines décisions :
Vous avez tenu récemment des propos insultants visant certaines personnes qui auraient, selon vous, obtenu leur renommée, titres et grades grâce à la fédé (les courriers circulent).
En connaissant certains, depuis très longtemps, je pense que la plupart d’entre eux avaient débuté leur parcours avant la fédé et auraient continué celui-ci sans fédé. Ce n’est pas la fédé qui leur a donné leurs capacités individuelles, leur motivation, leurs qualités. Par contre pendant un temps la fédé a aussi profité de leur investissement personnel dans la pratique. Leur carrière est passée par la fédé, mais aurait aussi bien pu exister sans elle.
Peut-on en dire autant de tous ceux qui aujourd’hui ce cachent derrière un pseudo héritage, auto attribué, et qui ne trouve comme légitimé que le fait que M°Tamura fut le salarié de la FFAB ?
Je pense par contre que certains, sans la fédé, n’auraient jamais eu à titre individuel, les compétences nécessaires pour faire « carrière ». Restés dans l’ombre de Sensei (cachés ?), ils sont aujourd’hui aux abois.
Au passage, réduire Sensei à cette simple fonction de salarié ne me semble pas correct du tout.
M ° Tamura a laissé son héritage à tous ceux à qui il a enseigné, toute sa vie, dans le monde entier, de façon « impalpable », non quantifiable. Nul ne peut se prévaloir d’une quelconque exclusivité, tout au mieux certains ont pu en saisir plus que d’autres, souvent grâce à leurs capacités personnelles. Même si Sensei a attribué plus d’attentions à certains qu’a d’autres, suivant les périodes, vous n’étiez certainement pas présent tout le temps pour savoir qui a pu bénéficier de ses attentions.
Il ne vous est pas permis de vous prévaloir d’une propriété quelconque. Où avez-vous vu un employeur ayant droit de ses salariés ? Lié après la mort par contrat ?
Comptez-vous réclamer des royalties à tous les pratiquants ? Car l’héritage de Sensei est en eux, donné, transmis.
Sommes-nous chez Microsoft ? Nous n’aurions qu’une « licence d’utilisation mono poste » de l’enseignement de M° Tamura ?
Bref.
Déçu, désabusé, lassé de n’être que de la « chair à licence », j’exprime par ce courrier, un malaise général qui existe au sein de la FFAB aujourd’hui. Mais je ne suis le porte-parole de personne, je parle en mon nom.
Je ne suis pas le seul, je l’entends autour de moi, le lis sur le net.
Les dernières élections le montrent, vous avez été désavoué, en fin de liste après dépouillement, mais toujours président. Ce n’est pas me semble-t-il le fonctionnement démocratique d’une association 1901, dont les règles sont calquées sur celles de la république. (Même si des exemples récents de la vie politique montrent que cela se passe aussi).
Ayant affilié un club cette saison (comme depuis 1982 au moins), et réglé ma licence (celle d’origine portant le n° 459) enseignant, je reste donc membre de fait de la FFAB jusqu’à leur expiration.
Je ne renouvellerai pas cette situation par la suite.
Un petit club, peu de licenciés, vous n’allez pas y prêter grande attention.
Moi je garde mon intégrité, la FFAB ne me représente plus, je ne m’y sens plus chez moi, je la quitte. Je dis au revoir à ceux qui se rappellent de moi. Bon courage aux autres.
Je regrette profondément de voir la fédé se transformer en une machine à jeter l’anathème, exclure, à débusquer les infidèles.
A quand une police des dojo ? Venant vérifier si par hasard un pratiquant Mutokukai / Eurasia / FFAAA, ou tout autre impie ne serait pas présent sur le tapis, à partager, forcément dans une intention de complot contre la FFAB, leurs intérêts pour une discipline aux vertus supposées pacifiques ?
Vous invoquez de faux problèmes d’assurances, les brandissant comme des menaces.
Quant aux membres de jury, une fédération a effectivement le droit de les choisir, mais selon des critères de compétences, pas d’allégeance.
Imposer aux CEN d’être candidats aux élections de leur région est également un procédé douteux. Il y a un conflit d’intérêt flagrant.
Tout cela est triste et affligeant.
Pour en terminer :
1. Un rétrécissement de l’esprit me semblant bien loin des propos d’universalité que l’on prête à l’Aikido de O sensei.
2. Un groupe de personnes qui se recroqueville sur lui-même ne pouvant être source d’avenir. La sclérose les guette.
3. La FF L AB a perdu dans son sigle le L depuis 1985, les motifs en étaient justifiés, mais il me semble que depuis quelque temps c’est dans l’esprit qu’elle a perdu ce que cette lettre voulais dire : c’était une marque d’insoumission.
4. Je garderai donc mon L, ma liberté, à moi. Comme lorsque la FFJDA nous pourchassa. Continuant à pratiquer, partout où l’enseignement en vaux la peine.
Jacques Bally, Bordeaux le 13/12/2012.
Ps : je vous rassure tout de suite, je ne fais pas partie de ceux qui attendaient un grade ou un titre, et qui déçu, essaye de faire passer sa frustration pour une conscience politique (on a déjà vu ça).
Je ne suis pas non plus de ceux qui courbent l’échine ou cire les chaussures pour obtenir des grades ou autres récompenses. La pratique est ma récompense.
Au cas où vous auriez voulu me répondre, c’est inutile. J’exprime un état de fait, je ne lance pas une polémique ni une discussion (elle a déjà lieu).