Remplaçants du professeur
J'essaie de manquer aussi peu que possible les cours que je donne. Malgré tout il arrive régulièrement que je sois absent, en raisons de stages, rhumes ou autres impondérables. Dans ces cas-là il m'arrive de demander à un élève de me remplacer, mais aussi parfois de laisser les choses se faire.
Laisser les choses se faire lorsqu'un impondérable arrive ;-)
Des choix réfléchis…
Il est rare que je fasse les choses au hasard. Lorsque je choisis un élève pour être uke, c'est normalement un choix réfléchi. Parce que ce pratiquant est capable de montrer la réaction la plus intéressante, parce qu'il est capable de recevoir la technique même si je l'applique avec puissance ou rapidité, parce que je veux lui faire sentir quelque chose en particulier, parce que je veux l'honorer, parce que… Les raisons sont innombrables et peuvent évidemment se cumuler. De même lorsque je suis absent, mes choix sont réfléchis.
Il m'arrive de laisser les élèves se débrouiller entre eux. Ce n'est pas un exercice évident car beaucoup d'éléments entrent en jeu. L'ancienneté, le niveau, l'expérience, l'âge, sont autant de critères qui peuvent être pris en compte pour déterminer celui, ou celle, qui devrait donner le cours. Les choses étant rarement complètement noires ou complètement blanches, ce sont des situations assez compliquées qu'ils doivent gérer rapidement et efficacement.
(photo Johann Vayriot)
… mais pas toujours évidents à saisir
J'ai la chance d'avoir de nombreux élèves gradés, expérimentés et talentueux. Cela signifie que j'ai l'embarras du choix lorsque je m'absente. Cela signifie aussi que plusieurs personnes qui assisteront au cours en mon absence, auraient aussi bien pu être choisies pour enseigner. J'ai conscience que mes choix ne doivent pas toujours paraître évidents.
Il m'arrive par exemple de demander à quelqu'un qui n'est pas très expérimenté de donner le cours car je souhaite qu'il se forme. Cet élève n'est donc pas choisi parce qu'il est meilleur que les autres présents, mais pour ce que cela lui apportera. Il m'arrive aussi de choisir un élève parce que je sais qu'il va aborder les choses sous un angle différent et que je pense que ce sera une bonne chose pour les autres pratiquants. Au final, là aussi, les raisons peuvent être très variables.
(photo Johann Vayriot)
Prendre sur soi et "the big picture"
Il n'est pas évident de pratiquer sous la direction de quelqu'un qu'on estime moins bon que soi, et/ou que l'on apprécie pas spécialement. C'est toutefois un bon exercice, quand bien même son seul intérêt serait d'apprendre à prendre sur soi.
Lorsque j'étais élève il m'est arrivé souvent d'être frustré en découvrant qu'un de mes enseignants était absent, mais plus encore en découvrant celui qu'il avait choisi pour le remplacer. Je souris aujourd'hui car je ne voyais les choses que d'un point de vue personnel et égoïste, incapable de voir la situation dans son ensemble. Je sais aujourd'hui qu'il prenait ses décisions en ayant à l'esprit le bien du dojo…
(photo Johann Vayriot)