Pourquoi médiatiser un stage d'Aïkido ?
Parmi les stages que je donne durant l'année, un certain nombre sont médiatisés par les organisateurs. Par des articles publiés en amont et/ou en aval dans la presse locale et régionale, et/ou par le passage de télévisions. Bien sûr ces actions peuvent avoir un effet pour les clubs hôtes en faisant connaître leur présence et leur pratique. Mais au-delà de cela, il y a surtout un effet bénéfique pour la discipline dans sa globalité.
Des bénéfices de la médiatisation
Je me suis toujours prêté de bonne grâce aux interviews et aux reportages. Je me souviens encore des premières fois où, ému, j'étais interviewé. Je collectionnais alors les coupures de presse avec une fierté un peu puérile. Si aujourd'hui le fait n'est plus rare et l'égo rassasié, c'est un exercice que non seulement je ne dédaigne pas, mais auquel j'estime important de se prêter.
Il y a en Aïkido des amateurs, des semi-professionnels, et quelques professionnels. Si je souhaiterai parfois que les proportions de ces différentes catégories changent, elles n'en sont pas moins toutes les trois indissociables et essentielles. Et quelle que soit la catégorie à laquelle on appartient, je crois qu'il est important d'agir en professionnel lorsque, d'une façon ou d'une autre, on représente la discipline.
Présentation du stage de Poitiers
Si l'on regarde les choses objectivement, répondre à des sollicitations médiatiques lors d'un stage n'a aucun impact pour l'intervenant. En effet, il est hautement improbable qu'un lecteur ou spectateur se mette à vous suivre, et encore moins à aller pratiquer à des lieues de chez lui à l'endroit où vous donnez cours en semaine. En revanche il peut s'intéresser au dojo local, mais surtout à la discipline. Séduit par la beauté et/ou l'efficacité de la pratique, les bénéfices exposés, il se peut qu'il devienne un jour pratiquant, ou qu'il en parle autour de lui.
Oui, là aussi le retour pour l'expert sollicité ne sera qu'à la marge. Mais je crois que tout adepte investi agit autant qu'il le peut pour la discipline, bien au-delà des bénéfices personnels potentiels.
Christian Tissier, le meilleur porte drapeau de l'Aïkido
Je n'ai jamais été élève de Christian Tissier, et mes premiers pas en Aïkido ont été faits dans un environnement qui lui était résolument hostile. "Le businessman de l'Aïkido", murmurait-on avec dédain lorsqu'un malheureux avait le tort de prononcer son nom.
Oh il est indéniable que Tissier senseï a toujours agi en professionnel, et il en récolte naturellement les fruits. Mais il n'a jamais rien fait d'autre que faire connaître son travail. Son activité dans ce domaine ne s'est jamais basée sur la vente d'illusions, et j'ai la certitude absolue qu'elle n'a jamais empiétée sur sa pratique. En outre, il s'est prêté avec élégance et professionnalisme à toutes les sollicitations, même celles dont il savait pertinemment qu'elles ne lui apporteraient aucun retour direct.
Photo issue d'une excellente interview à lire ici.
Répondre à une interview n'est pas chose aisée. Il faut savoir être clair et pertinent, tout en n'ayant pas peur de faire des raccourcis simplificateurs lorsque cela est nécessaire en fonction du public et du média. Dans la vidéo prise lors du stage de Barbezieux, je me suis retrouvé un peu pris au dépourvu par certaines questions, et j'ai regretté de ne pas être mieux préparé. J'en ai d'autant mieux pris la mesure du travail de quelqu'un comme Christian Tissier. Je crois qu'il est, comme Shioda Gozo dans le passé au Japon, la personnalité la plus médiatisée de l'Aïkido, et e pense que son influence positive sur le développement de la discipline est loin d'être appréciée à sa juste valeur.
Quoi qu'il en soit, si toutes les personnes sollicitées se prêtaient au jeu avec autant de bonne grâce et de talent que lui, nul doute que l'Aïkido dans sa globalité en profiterait. De mon côté je ferai de mon mieux pour être à la hauteur lorsque les occasions se présenteront ;-)