Budo no Nayami

Shinaï et fukuro shinaï pour la pratique de l'Aïkido

1 Septembre 2015 , Rédigé par Léo Tamaki Publié dans #Budo - Bujutsu

Le shinaï est un sabre de bambou. Connu pour son utilisation en Kendo, son origine est bien plus ancienne. La première trace que l'on trouve du shinaï remonte ainsi au 16ème siècle, où l'on crédite Kamiizumi Nobutsuna, créateur du Shinkage ryu, de son invention.

 

Kamiizumi Nobutsuna avec un fukuro shinaï

Kamiizumi Nobutsuna avec un fukuro shinaï

Les différents types de shinaïs

Aujourd'hui on dénombre trois types de shinaï :

 

-Shinaï : le shinaï "classique" utilisé en Kendo, qui est en réalité le plus moderne. Fait de quatre lattes de bambou, sa création serait l'œuvre de Nakanishi Chuzo Tsugutate au 18ème siècle. Après de nombreuses variations dans la forme, la longueur et le poids, ses dimensions sont aujourd'hui essentiellement celles décidées par la Fédération Internationale de Kendo.

Les adultes utilisent un shinaï dont la longueur est supérieure à celle d'un véritable sabre.

 

Shinaïs classiques Kendo (photo BudoExport)

Shinaïs classiques Kendo (photo BudoExport)

-Fukuro shinaï Kashima Shinden Jiki Shinkage ryu : fukuro signifie "sac". Le fukuro shinaï utilisé essentiellement par les pratiquants de l'école Kashima est fait d'un bambou intégralement recouvert de cuir, et employé avec une tsuba. Il est épais, lourd et très solide.

 

Fukuro shinaï Kashima Shin ryu (photo BudoExport)

Fukuro shinaï Kashima Shin ryu (photo BudoExport)

-Fukuro shinaï Shinkage ryu : le fukuro shinaï Shinkage ryu est fait d'un bambou dont la pointe est fendue de 2 à 16 fois, selon la flexibilité désirée. Le bambou est ensuite recouvert de cuir de la pointe jusqu'à la garde. Ce type de fukuro shinaï, créé par Kamiizumi Nobutsuna, est le plus ancien. D'une longueur similaire à celle d'un sabre, il permet un travail intense en toute sécurité.

 

Fukuro shinaï Yagyu Shinkage ryu (photo BudoExport)

Fukuro shinaï Yagyu Shinkage ryu (photo BudoExport)

Shinaïs en Aïkido ?

Hormis les pratiquants travaillant le sabre d'une façon issue de l'école Kashima, comme Christian Tissier et ses élèves, il est très rare de voir des adeptes d'Aïkido utiliser shinaïs ou fukuro shinaïs. Je considère pourtant que c'est un outil très utile, à condition d'être utilisé de façon pertinente.

 

Tout d'abord il ne doit pas être utilisé trop rapidement. Un emploi du shinaï très tôt dans l'apprentissage permet en effet de limiter les risques de blessure. Cela a toutefois l'inconvénient de placer l'élève dans une situation de sécurité artificielle, et d'enlever la pression et l'application supplémentaires qu'implique l'utilisation d'armes, quand bien même seraient-elles en bois. Je pense qu'il est préférable que les pratiquants travaillent avec de véritables bokkens, mais avec une vitesse réduite. La modulation se faisant sur la rapidité, il n'y a alors nulle nécessité dans ce cas de modifier la forme et de changer d'outil.

 

Une fois les bases acquises, il peut alors être intéressant occasionnellement d'utiliser un shinaï. Attention, lorsque je parle de bases acquises, je ne pense pas à quelqu'un qui a fait dix cours d'une heure de travail aux armes. Dix heures qui peuvent selon les dojos correspondre à un an de travail des armes ou plus généralement trois mois. Dix heures qui peuvent en réalité être calées… dans une journée.

Quand j'évoque des bases acquises, c'est à quelques centaines d'heure de travail que je pense. Et je ne parle pas simplement d'heures sur le tatami, mais avec une arme en main.

 

Bruno Gonzalez et Pascal Guillemin présentant le sabre de Kashima à Bercy

Bruno Gonzalez et Pascal Guillemin présentant le sabre de Kashima à Bercy

Comment utiliser le shinaï en Aïkido ?

Je ne vais ici évoquer que les formes de travail fondamentales. A chaque adepte ensuite de réfléchir et explorer les outils qui peuvent faire évoluer sa pratique martiale.

 

La première façon d'utiliser un shinaï pour un pratiquant est de lui faire face lorsque son enseignant l'utilise. Il est possible, lorsque les premières étapes de l'étude sont passées avec l'apprentissage des formes, que l'augmentation de l'intensité provoque des réactions inattendues de l'élève. C'est une étape où il peut être intéressant pour l'enseignant ou le sempaï avancé d'attaquer avec un shinaï. Si l'on peut évidemment supposer que ces derniers sauront s'adapter aux réactions de l'élève et qu'un bokken ferait aussi bien l'affaire, il arrive dans les faits que cela ne soit pas le cas. Un shinaï permettra alors de tirer le pratiquant hors de sa zone de confort tout en gardant une marge de sécurité.

Notez que je préfère ne pas faire utiliser, même à ce niveau, de shinaï à l'élève. L'utilisation de cet outil peut en effet donner une impression de sécurité, et conduire le pratiquant à faire preuve d'un manque de vigilance dans l'utilisation de son arme, voir même d'agressivité. Un expert de Kendo m'expliquait d'ailleurs qu'il détestait voir des pratiquants d'Aïkido venir s'essayer à sa discipline chez lui, car le port de l'armure et l'utilisation du shinaï les transformaient et qu'ils travaillaient comme des brutes.

 

La seconde façon d'utiliser le shinaï consiste à travailler les kihons et les katas avec une intensité élevée. Attention, avant de passer à ce travail, il est fondamental que les pratiquants aient la maîtrise des formes. Le shinaï ne sert pas à leur apprentissage, mais à leur travail à haute intensité. Là aussi, il faut que l'enseignant veille à ce que l'augmentation de la vitesse et de la pression soit graduelle.

 

Enfin, il devient possible d'aborder le travail libre. Il s'agit d'une étape essentielle, mais qui ne doit pas être abordée précipitamment et sans expérience… de l'enseignant. Aujourd'hui en effet, très peu de pratiquants d'Aïkido ont une expérience du travail libre à mains nues, et encore moins aux armes. Et il est très dangereux d'improviser ce type de pratique avec ses élèves. J'invite les enseignants qui sont intéressés par ce travail à trouver un maître ou un sempaï qui en a l'expérience. A défaut, à l'aborder en privé hors des cours en petit comité.

 

Des écoles ou des disciplines se font l'avocat d'un travail libre très tôt dans l'apprentissage. Je comprends ce choix, et il a ses avantages. J'essaierai de prendre le temps de détailler ma réflexion sur ce sujet dans le futur. Pour aujourd'hui, je me contenterai de dire que si j'estime le travail libre indispensable, je considère que les avantages de son utilisation tôt dans l'apprentissage me semblent inférieurs aux problèmes que cela engendre.

 

Miguel Silva et Thibaut Chatry pratiquant avec des fukuro shinaïs

Miguel Silva et Thibaut Chatry pratiquant avec des fukuro shinaïs

Quel shinaï utiliser ?

Pour les pratiquants de styles mettant l'accent sur la puissance, et/ou où sont travaillés de nombreux blocages, il est évidemment conseillé d'utiliser les mêmes modèles qu'en Kashima.

A titre personnel, j'utilise un shinaï type Kendo taille 36, et en paire des fukuro shinaïs Shinkage ryu. S'il en existe à différents prix, pour cet outil je vous conseille vivement de prendre le haut de gamme. L'écart n'est généralement pas très important, mais le confort, la solidité et la flexibilité présentent souvent un écart marqué.

 

Où les trouver ?

Il est facile de trouver de nombreux revendeurs de shinaïs et fukuro shinaïs sur le net. Je vous invite toutefois à jeter un œil sur BudoExport. La qualité de leur matériel est exceptionnelle, leur service impeccable, et à produits égaux leurs tarifs sont à ma connaissance les plus concurrentiels du marché. Enfin leur connaissance de leurs produits est inégalée dans le secteur, au point que leurs concurrents vont chercher leurs informations sur leur site.

Vous trouverez à ce titre un excellent article présentant les différents types de shinaï de Kendo sur leur blog.

 

Bonne pratique !

 

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