Vidéo Aïkido Kishinkaï, Léo Tamaki, Jo, Ken, Taïjutsu
Apprendre en vidéo
Je ne suis pas un grand amateur des vidéos de pratique martiale. J'en regarde peu, j'y trouve un intérêt limité, et je ne m'en suis jamais servi pour étudier. Mais cela ne concerne que moi, et j'ai de nombreux contre-exemples qui m'ont prouvé qu'il était possible d'apprendre beaucoup.
Tamura senseï à qui je prêtais des DVDs y prenait des informations, et était capable de s'approprier et intégrer avec pertinence des éléments de pratique de ce qu'il observait. Les maîtres Hino, Kuroda ou Akuzawa sont aussi d'avides consommateurs des vidéos de pratique martiale. Bien sûr, tous ces adeptes ont en commun un niveau exceptionnel. Leur regard est tranchant, leur conscience corporelle aiguisée, et ils sont capables d'analyser, trier, contextualiser, et absorber ce qui les intéresse. Ils ne sont toutefois pas les seuls à être capables de cela.
Essorer chaque ressource pour nourrir sa pratique
Si je me suis permis le luxe de ne pas regarder beaucoup de vidéos, c'est parce que j'ai eu la chance de pouvoir pratiquer avec les maîtres qui m'intéressaient. Les films m'ont beaucoup aidé, dans le sens où ils m'ont permis de faire un tri, et de sélectionner les adeptes à la rencontre desquels je suis allé. Par la suite, je me suis tout au plus servi des ressources disponibles comme aide-mémoire.
Mais mon cas est particulier, dans la mesure où j'ai investi ma vie dans la pratique martiale, au point de devenir professionnel. Les ressources que je consacre à ces rencontres, tant en temps qu'en argent, sont donc sans commune mesure avec celles d'un pratiquant classique. Car même les plus fervents doivent faire avec leurs obligations professionnelles, familiales, et ne peuvent consacrer l'intégralité de leurs revenus à leur passion.
A l'inverse de moi donc, existent des pratiquants qui essorent chaque ressource disponible jusqu'à sa substantifique moelle. Toute vidéo sera alors vue, revue, ralentie, étudiée parfois image par image, analysée, jusqu'à ce qu'elle n'ait plus aucun secret pour eux.
S'ils ne sont en aucun cas les seuls, je pense particulièrement à deux pratiquants, qui sont arrivés à des résultats incroyables de cette façon. Le premier est mon sempaï Yann Mahé. Habitant en province, souvent en déplacement professionnel, nous n'avons l'occasion de pratiquer ensemble que quelques jours par an, au mieux. Et s'il est membre du Shinbukan de maître Kuroda, il a mis sa participation à ses stages entre parenthèses en raison de son peu de disponibilité. Pourtant Yann est l'un de ceux qui a le plus compris l'essence de ce que je propose ! Plus encore, bien qu'il ne l'ait côtoyé que quelques jours il y a des années, il a su, à travers une observation minutieuse et DES HEURES et des heures d'expérimentation, comprendre comment Kuroda senseï fait vivre les principes d'utilisation du corps qui sont au cœur de son école. C'est une prouesse dont réellement peu peuvent mesurer l'étendue, car la majorité de ses élèves, au Japon même, soit reconnaissent qu'ils ne comprennent rien, soit croient comprendre et se fourvoient totalement.
Le second pratiquant qui m'a le plus impressionné par ce qu'il est arrivé à maîtriser grâce aux ressources vidéos, est Daniel Bastien. Vivant au Québec, nos rencontres sont bien sûr espacées. Pourtant, dès la seconde fois où je suis allé donner un stage au Canada, il avait intégré les principes de l'école Kishinkaï à un point incroyable ! Lorsque je lui ai demandé ce qu'il avait fait, il m'a dit "Depuis que nous nous sommes rencontrés je n'ai travaillé que ce que tu as enseigné lors du premier stage, et ce que tu montres en vidéo.". Avec cet état d'esprit, c'est presque sans surprise qu'il a brillamment passé son nidan Kishinkaï trois ans après notre première rencontre. Sa compréhension et sa pratique ne sont pas seulement au niveau des pratiquants que je vois régulièrement, elle est supérieure à la majorité d'entre eux.
Aïkido Kishinkaï au Québec
Voici une vidéo regroupant quelques extraits de ma dernière visite au Canada. Merci à Olivier Chabal pour ce plaisant montage. On y voit des mouvements au jo, un travail que je présente moins souvent que celui du sabre. Nul doute que quelque part dans le monde, des pratiquants sauront essorer ce film et s'approprier des éléments qui les feront avancer. C'est mon seul souhait.