Les Fédérations ne sont pas le problème (principal) de l'Aïkido
Réponse à un commentaire suite à l’article "Les promesses trahies de l’Aïkido".
A noter que, tous articles confondus, 65 commentaires sont en attente de réponse. Merci pour votre patience.
"Bonjour M. Tamaki
J'apprécie votre travail mais suis un peu surpris par cette article.
Il me fait penser à un rapport du ministère des sports.
La réflexion se semble éviter un problème de fond qui pourrait être exprimé ainsi: peut on assurer un enseignement traditionnel dans une structure fédérale sportive chargée d'un enseignement de masse. La réponse je pense est non. C'est la raison pour laquelle un certains nombre d'anciens CEN ont créer leur propre structure pour assurer leur enseignement dans de meilleures conditions. Ces structures, à l'inverse des fédérations, semblent croître, ce n'est donc peut être pas le nombre des pratiquants d'Aikido qui baissent mais la popularité des fédérations.
Je suis aussi surpris par vos pensées sur "l'incompétence" des enseignants. L'Aikido est un Do oú un cheminement personel, n'est ce pas?
Vouloir l'évaluer par comparaison à l'autre oú un niveau arbitraire qui n'est qu'une construction imaginaire est hors propos. (Il en est de même pour le système artificielle des grades qui au mieux flatte l'égo et dessert l'étude).
L'enseignant n'est véritablement qu'un humble facilitateur et l'enseignement tout juste une autre étape de l'étude. La structure fédérale le dénature par des attentes de résultats artificiels et inappropriées.
Nous ne faisons peut être que revivre indéfiniment les vieilles querelles entre confucianisme et taoïsme.
Les fédérations ont atteints leurs apogées et déclinent. elles sont desormais obsolètes et produisent l'inverse de se pour quoi elles ont été créer, à savoir faciliter la recherche personnelle à travers une transmission.
Certains pensent qu'il faut la réformer par la rigueur (le contrôle des enseignants et la professionnalisation...), d'autres simplement laisser mourrir le monstre qu'elle est devenue pour que renaissent des formes plus souples et fidèles à la nature des êtres et des choses.
Respectueusement,"
Bonjour,
"La réflexion se semble éviter un problème de fond qui pourrait être exprimé ainsi: peut on assurer un enseignement traditionnel dans une structure fédérale sportive chargée d'un enseignement de masse. La réponse je pense est non."
Je pense que l'on peut transmettre malgré des règlements fédéraux, mais que cela est compliqué. Je me suis exprimé à diverses reprises sur le sujet, notamment lorsque j'ai quitté la FFAB, et c'est pourquoi je ne suis pas revenu sur le sujet.
"C'est la raison pour laquelle un certains nombre d'anciens CEN ont créer leur propre structure pour assurer leur enseignement dans de meilleures conditions. Ces structures, à l'inverse des fédérations, semblent croître, ce n'est donc peut être pas le nombre des pratiquants d'Aikido qui baissent mais la popularité des fédérations."
Ce n'est malheureusement pas factuel. J'aimerai que cela le soit, mais l'Aïkido connaît une baisse de popularité constante et globale. Ceci même dans les pays où il est pratiqué hors fédérations. Oui, il peut y avoir des exceptions ponctuelles, mais la tendance elle, est claire. Et les problèmes sont non pas administratifs, mais ceux que j'ai cités et qui sont communs à tous les groupes, dans et hors fédération, une adéquation au monde. Le monde évolue, et on ne peut figer les choses, au risque de devenir anachronique. C'est ce qui arrive à l'Aïkido et qui fait que d'une discipline dont les pratiquants étaient reconnus pour leur compétence en combat, nous sommes devenus la risée du monde du Budo. Alors oui, on peut prendre de grands airs, mais il faut plus que ça. Qui aujourd'hui est simplement capable de faire face à des pratiquants d'autres disciplines sans se ridiculiser ?
"Je suis aussi surpris par vos pensées sur "l'incompétence" des enseignants. L'Aikido est un Do oú un cheminement personel, n'est ce pas?"
Oui, mais qui passe par le corps, et dont on doit pouvoir observer des manifestations extérieures comme l'efficacité martiale, même si elle n'est pas le but final. C'est simplement la preuve d'une pratique juste et cohérente, comme le prouvaient les maîtres Ueshiba, Toheï, Shioda, etc, tous réputés pour leur compétence martiale.
Que l'objectif final ne soit pas le combat ne doit pas être une excuse pour cacher notre incompétence dans ce domaine.
"Vouloir l'évaluer par comparaison à l'autre oú un niveau arbitraire qui n'est qu'une construction imaginaire est hors propos. (Il en est de même pour le système artificielle des grades qui au mieux flatte l'égo et dessert l'étude)."
Le fondateur lui-même s'est prêté à de maintes reprises à des défis, et cela jusqu'à un âge avancé. Comme les géants d'autres disciplines. Cela est déplorable lorsqu'il s'agit de flatter son ego, mais fait partie des épreuves auxquelles la majorité des géants s'est plié afin de pouvoir évaluer leur pratique. Voir comment dans une situation extrême se comporteraient leurs corps et leurs esprits.
Quant aux grades on peut les mépriser. Si Kano, Ueshiba, Funakoshi ainsi que l'écrasante majorité de leurs élèves ont adopté ce système, malgré ses défauts, c'est probablement que ses bénéfices étaient plus importants. C'est une opinion à laquelle je me suis rangé.
"L'enseignant n'est véritablement qu'un humble facilitateur et l'enseignement tout juste une autre étape de l'étude. La structure fédérale le dénature par des attentes de résultats artificiels et inappropriées.
Nous ne faisons peut être que revivre indéfiniment les vieilles querelles entre confucianisme et taoïsme.
Les fédérations ont atteints leurs apogées et déclinent. elles sont desormais obsolètes et produisent l'inverse de se pour quoi elles ont été créer, à savoir faciliter la recherche personnelle à travers une transmission."
Se focaliser sur la structure fédérale est pour moi un problème mineur. C'est la nature de la pratique qui est en jeu. Et lorsque j'échange avec des experts d'autres disciplines, leur avis est sans appel. Il est déplorable qu'en quelques décennies une discipline qu'admirait l'ensemble du monde martial en soit devenue la risée. Et les experts ne se moquent pas des structures administratives, mais de ce qu'ils voient sur le tatami.
On peut d'ailleurs constater qu'en Karaté par exemple, de nombreux maîtres japonais s'accommodent du même système, et arrivent malgré tout à transmettre. Ou en Kendo. Il s'agit donc d'un problème de surface qui ne saurait cacher le manque de crédibilités des "experts" d'Aïkido, dans et hors système, tous confondus.
"Certains pensent qu'il faut la réformer par la rigueur (le contrôle des enseignants et la professionnalisation...), d'autres simplement laisser mourrir le monstre qu'elle est devenue pour que renaissent des formes plus souples et fidèles à la nature des êtres et des choses."
Encore une fois, la France est une exception administrative. Et force est de constater que le niveau n'est pas meilleur ailleurs où le fonctionnement est libre, comme au Japon, aux US ou en Allemagne. Pour avoir voyagé et pratiqué sur tous les continents, je peux d'ailleurs vous dire que le niveau moyen en France (même s'il est bas) est probablement le plus élevé. Indépendamment de l'appartenance ou pas aux Fédérations.
Mon aversion pour le système fédéral est connue. MAIS CELA NE DOIT EN AUCUN CAS ETRE UNE EXCUSE POUR SE VOILER LA FACE. Le problème essentiel est dans l'incompétence et donc, le manque de crédibilité. Ce qui donne naissance aux "Promesses trahies de l'Aïkido".