Budo no Nayami

Yamada Yoshimitsu 1964 / 2019, la générosité dans l’engagement

13 Avril 2019 , Rédigé par Léo Tamaki Publié dans #Budo - Bujutsu

Première vidéo de Yamada Yoshimitsu, 1964

Ce film serait le premier de Yamada senseï aux États-Unis, à son arrivée en 1964.

Le style Yamada

Lorsque j’ai demandé à maître Yamada comment il définirait ce qu’on appelle « Yamada style », il m’a répondu :

« Tous mes élèves sont différents, et je ne pense pas qu'il y ait une chose telle que "le style Yamada". Je ne pense pas avoir un style. Mais si j'en avais un, je ne voudrais pas que mes élèves le copient. Parce qu'ils sont uniques, et que s'ils me copiaient cela aura l'air ridicule.

Dans beaucoup de situations l'élève imite de façon exagérée le maître, et c'est une caricature. C'est creux et je n'aime pas cela. Lorsque mes élèves le font je leur dis "S'il te plaît, non. Ne fais pas ça. Ne me fais pas honte.". Il faut faire les choses naturellement. »

 

Yamada Yoshimitsu,

par Bryan Anselm pour Yashima

 

Si certains adeptes mettent un fort accent sur la forme extérieure des mouvements, Yamada senseï privilégie dans ses cours le travail des principes, ce qu’il considère le fondement de l’Aïkido. Naturellement on retrouve chez beaucoup de ses élèves une forme de corps particulière, et certaines caractéristiques formelles telles que la circularité et une grande amplitude, mais je ne l’ai jamais vu reprendre ceux qui travaillaient de façon différente pour peu qu’ils respectent l’essence de ce qu’il demandait.

 

Constance et évolution d’une pratique

Il est intéressant d’observer les vidéos d’adeptes au long de leur carrière. On remarque souvent que les traits les plus caractéristiques de leur pratique de la maturité sont, parfois de façon marquée, parfois plus discrète, présents dès leurs débuts. Chez Noro senseï c’était naturellement l’ouverture et l’amplitude. Chez Tamura senseï les mouvements incisifs et directs. Chez Yamada senseï c’est une pratique ample, circulaire, et puissante sans être violente.

Maître Yamada est l’un des adeptes les plus puissants que j’ai rencontrés. Je me souviens qu’il y a une vingtaine d'années, il m’avait littéralement fait rebondir à plusieurs reprises en me projetant ! Nous sommes retourné le voir avec mon frère à l’Aïkikaï de New York il y a quelques semaines, et avons suivi son cours du matin. J’ai d’abord été étonné par sa forme, à 81 ans passés. Mais j’ai surtout été stupéfait par sa pratique. Dans son aspect extérieur, il y avait très peu de différences. Ses mouvements amples étaient toujours aussi généreux et engagés. Mais lorsque je l’ai saisi, c’était comme si j’essayai de tenir un nuage. L’expert à la soixantaine conquérante que j’avais connu n’était plus. À sa place, un maître serein et souriant. BAM ! Rencontre avec le tatami. Oui, la forme extérieure de Yamada senseï était inchangé, tandis que son travail intérieur semblait profondément différent. Mais le sol était toujours aussi dur.

 

Yamada Yoshimitsu,

par Bryan Anselm pour Yashima

 

La générosité de maître Yamada

Yamada senseï est l’un des adeptes les plus généreux que j’ai rencontrés, tant dans sa pratique que son quotidien. Je l’ai interviewé deux fois, à dix ans d’écart. Le premier entretien, « Yamada Yoshimitsu, l’homme libre », est disponible sur mon blog. Le second, réalisé pour le second numéro de Yashima, est actuellement en rupture de stock. Vous pouvez le précommander afin de le recevoir dès sa réédition. Quelle que soit la discipline que vous pratiquez, je vous recommande vivement ces textes empreints de sagesse et de bienveillance.

 

 

Pour prolonger la lecture :

Yamada Yoshimitsu, l'homme libre

Tamura Nobuyoshi, l'aigle de l'Aïkido

Noro Masamichi, pionnier de l'Aïkido hors du Japon

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