La mise à l'écart d'Awazu senseï
Suite au post que j'avais écrit sur Awazu senseï, Jean-Luc Dureisseix m'a raconté une anecdote aussi triste que peu inattendue. Jean-Luc, enseignant et pratiquant de très longue date, est une encyclopédie de la pratique martiale en France. Il a connu les débuts héroïques du Karaté, de l'Aïkido et surtout du Yoseïkan. Proche de Mochizuki senseï il enseigne humblement dans le sud de la France. Les échanges que j'ai avec lui sont toujours riches d'enseignements et d'informations.
Il semble qu'il y a plusieurs années Awazu senseï ait été mis à l'écart par la Fédération de Judo alors qu'il était encore en pleine possession de ses moyens. Une mise à la retraite anticipée qu'il ne comprit pas et vécu douloureusement.
Malheureusement Awazu senseï a dû faire face à une logique qui le condamnait doublement. Celle d'une fédération sportive qui obéit à des règles telles que le changement régulier de ses directeurs techniques et la conformité de l'enseignement aux "modes" pédagogiques, et celle de l'occident moderne où l'ancien, le vieux, est considéré comme dépassé et à qui l'on souhaite simplement une retraite agréable.
Les maîtres asiatiques ayant été éduqués dans le respect des anciens ne comprennent pas cette vision et beaucoup en souffrent. Il suffit de se remémorer la triste fin de Kawaishi senseï, pionnier et père du Judo français, qui finit sa vie à l'écart dans le dénuement le plus total, abandonné de la quasi-totalité des élèves qu'il avait formés…
Malheureusement en occident le maître est souvent considéré comme un simple instructeur. Dès lors que l'élève a le sentiment d'avoir appris tout ce qu'il pouvait à ses côtés il continue son chemin sans regarder en arrière. Il est bien sûr naturel que le pratiquant continue sa route et cherche à aller de l'avant. En cela il sera normalement aidé par son maître qui le présentera à quelqu'un capable de lui faire franchir les niveaux suivants. Mais cela ne devrait en aucun cas marquer la fin de la relation.
Le maître est une sorte de père, de la même façon que le dojo est une famille où les anciens font figure d'aînés. Alors même que l'on peut avoir dépassé ses compétences techniques, l'expérience du maître restera irremplaçable. De même que la possibilité qu'il vous a donnée de devenir celui que vous êtes. Cette relation filiale de respect et de gratitude est malheureusement totalement absente dans une fédération telle que celle de Judo. Cela ne l'empêche pas d'avoir, à l'occasion, des résultats satisfaisants en compétitions, mais cela marque clairement ses limites en tant que méthode d'éducation. Peu étonnant alors que ses champions ne sachent faire preuve du plus élémentaire des respects…
Aujourd'hui Tamura senseï joui au sein de la FFAB d'une "relative" liberté (seuls ceux qui n'en connaissent pas les rouages le croient tout-puissant), la fédération fonctionnant encore comme une semi-école. Il est par contre certain qu'aucun de ses successeurs n'aura la possibilité de voir un système stable soutenir son enseignement au-delà d'une courte période. A termes réguliers, telles que les olympiades, un nouveau directeur technique sera élu. Comment, dès lors peut-on imaginer une véritable transmission qui ne peut se faire que dans la durée.
Cela dit, il faut bien admettre un autre problème, aujourd'hui aucun technicien ne sort réellement du lot par rapport aux autres. Si chacun à ses adeptes et ses qualités, il n'y en a pas un dont la technique et le charisme soient suffisamment supérieurs à ceux des autres pour imposer son autorité. Au moins ne souffriront-ils probablement pas de la désillusion d'Awazu senseï.
Il semble qu'il y a plusieurs années Awazu senseï ait été mis à l'écart par la Fédération de Judo alors qu'il était encore en pleine possession de ses moyens. Une mise à la retraite anticipée qu'il ne comprit pas et vécu douloureusement.
Awazu Shozo
Malheureusement Awazu senseï a dû faire face à une logique qui le condamnait doublement. Celle d'une fédération sportive qui obéit à des règles telles que le changement régulier de ses directeurs techniques et la conformité de l'enseignement aux "modes" pédagogiques, et celle de l'occident moderne où l'ancien, le vieux, est considéré comme dépassé et à qui l'on souhaite simplement une retraite agréable.
Les maîtres asiatiques ayant été éduqués dans le respect des anciens ne comprennent pas cette vision et beaucoup en souffrent. Il suffit de se remémorer la triste fin de Kawaishi senseï, pionnier et père du Judo français, qui finit sa vie à l'écart dans le dénuement le plus total, abandonné de la quasi-totalité des élèves qu'il avait formés…
Kawaishi Mikinosuke
Malheureusement en occident le maître est souvent considéré comme un simple instructeur. Dès lors que l'élève a le sentiment d'avoir appris tout ce qu'il pouvait à ses côtés il continue son chemin sans regarder en arrière. Il est bien sûr naturel que le pratiquant continue sa route et cherche à aller de l'avant. En cela il sera normalement aidé par son maître qui le présentera à quelqu'un capable de lui faire franchir les niveaux suivants. Mais cela ne devrait en aucun cas marquer la fin de la relation.
Le maître est une sorte de père, de la même façon que le dojo est une famille où les anciens font figure d'aînés. Alors même que l'on peut avoir dépassé ses compétences techniques, l'expérience du maître restera irremplaçable. De même que la possibilité qu'il vous a donnée de devenir celui que vous êtes. Cette relation filiale de respect et de gratitude est malheureusement totalement absente dans une fédération telle que celle de Judo. Cela ne l'empêche pas d'avoir, à l'occasion, des résultats satisfaisants en compétitions, mais cela marque clairement ses limites en tant que méthode d'éducation. Peu étonnant alors que ses champions ne sachent faire preuve du plus élémentaire des respects…
Tamura Nobuyoshi
Aujourd'hui Tamura senseï joui au sein de la FFAB d'une "relative" liberté (seuls ceux qui n'en connaissent pas les rouages le croient tout-puissant), la fédération fonctionnant encore comme une semi-école. Il est par contre certain qu'aucun de ses successeurs n'aura la possibilité de voir un système stable soutenir son enseignement au-delà d'une courte période. A termes réguliers, telles que les olympiades, un nouveau directeur technique sera élu. Comment, dès lors peut-on imaginer une véritable transmission qui ne peut se faire que dans la durée.
Cela dit, il faut bien admettre un autre problème, aujourd'hui aucun technicien ne sort réellement du lot par rapport aux autres. Si chacun à ses adeptes et ses qualités, il n'y en a pas un dont la technique et le charisme soient suffisamment supérieurs à ceux des autres pour imposer son autorité. Au moins ne souffriront-ils probablement pas de la désillusion d'Awazu senseï.
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