Dix jours avec Akuzawa senseï
Voilà trois jours aujourd'hui que la tournée européenne d'Akuzawa senseï s'est terminée et qu'il est reparti à Tokyo. Les dix jours que nous avons passés ensemble furent intenses et mouvementés mais riches en leçons comme son enseignement.
Valencia, une leçon d'humilité
C'est à Valencia en Espagne que nous avons commencé la tournée. Akuzawa senseï fut séduit par la ville, la nourriture, le climat et l'hospitalité. Enchanté par le séjour son seul regret fut qu'il débute la série de stages au lieu de la terminer et lui offrir un repos qu'il mériterait les jours à venir.
Il y eut toutefois un incident notable lors de ces quelques jours. Alors que nous faisions la fête à la terrasse d'une ruelle le dernier soir, son assistante Nori se rendit soudain compte que l'on venait de lui voler son sac. Placée en bout de table, un couple de quinquagénaires s'était assis derrière elle avant de repartir nonchalamment… avec son sac, son argent, son passeport, ses clés et son téléphone portable.
Akuzawa senseï qui avait subi une telle mésaventure aux Etats-Unis fut, comme chacun d'entre nous, très… "contrarié". Mais alors que cet incident ne laissait présager que des désagréments en temps et en argent, c'est lorsqu'à la faveur de la confusion maître Akuzawa disparut à la recherche des pickpockets que je sentis que les choses prenaient une tournure inquiétante. Akuzawa senseï a beaucoup de qualités mais je n'ai jamais eu le sentiment que la retenue ou le contrôle en était une des principales. Je me voyais déjà en train de contacter tous les organisateurs et participants afin de leur annoncer que les stages étaient reportés car le maître était en grade à vue en Espagne pour avoir massacré un couple de détrousseurs… Par chance il revint sans avoir croisé le chemin des malfaiteurs.
Il est présomptueux d'imaginer que l'on pourrait avoir la capacité de battre des professionnels à leur propre jeu. Pourtant je ne pouvais m'empêcher de voir l'incident passé comme une défaite personnelle où mon attention avait été prise en défaut. Et c'était sans aucun doute le même sentiment qui avait provoqué la colère de senseï.
La nuit qui suivit fut agitée car il fallut se rendre au commissariat, contacter l'ambassade et plusieurs personnes au Japon. L'agent de Police qui prit notre déposition commença d'ailleurs à se mettre en colère lorsqu'il vit trois personnes le suivre dans son bureau, lui expliquant qu'il y avait la victime, un interprète franco-japonais et une interprète franco-espagnole… Compte tenu du fait que nous venions de vider un certain nombre de verres sa réaction était toutefois bien compréhensible.
Bruxelles, une leçon de vie
Perdant Nori temporairement qui restait en Espagne pour refaire ses papiers avec Shizuka, c'est par Bruxelles que nous avons continué notre périple en récupérant Manabu en chemin. C'est Stéphane Crommelynck qui avait eu la gentillesse de s'occuper de l'organisation en Belgique. Une belle marque d'amitié et de confiance compte tenu du fait qu'il n'avait encore jamais rencontré Akuzawa senseï.
L'organisation fut comme toujours parfaite et l'audience au rendez-vous. C'est à l' ACEPO, dojo historique fondé en 1946 et actuellement dirigé par Robert Roman que se déroula le stage. Robert est une véritable force de la nature mais surtout un homme au caractère vif et enjoué. Akuzawa senseï apprécia particulièrement les repas que nous avons partagés en sa compagnie et celle de Stéphane. Lors de l'un d'entre eux senseï dit:
"Il est vraiment important de vivre et pratiquer dans la joie. J'apprends beaucoup en votre compagnie et j'aimerai être comme vous."
A quoi Robert répondit dans un éclat de rire:
"Ca tombe bien moi j'aimerai être comme vous!"
Robert Roman, Akuzawa Minoru, Stéphane Crommelynck
Le second jour de notre séjour fut l'occasion de faire une séance photo sous la direction d'Hélène Rasse. J'attends avec impatience sa sélection de clichés.
Paris, une leçon d'engagement
Paris était la dernière et plus importante étape de la venue de senseï puisque c'est là que se déroulait à nouveau la formation instructeurs. Omettant de limiter le nombre de participants, c'est plus de trente pratiquants qui attendaient impatiemment senseï aux portes du Fushan Kwoon. Il y avait bien sûr les passionnés de la première heure, Kris, Manu, les membres qui avaient déjà participé à la première partie de la formation, et beaucoup de pratiquants que je n'avais fait qu'apercevoir lors de Master Class.
Les quatre journées de stages furent aussi intenses qu'agréables malgré les longs transferts entre le sud et le nord de Paris. La disponibilité des salles municipales est un atout en France. Le point regrettable mais compréhensible est qu'elles ne sont malheureusement pas disponibles en semaine durant la journée. Quel luxe cela aurait été de pouvoir pratiquer durant les quatre jours à Herblay…
Concernant le détail des cours je vous invite à consulter les comptes rendus quotidiens de Manu qui, contrairement à moi, eu le courage d'écrire après les journées de pratique intensive.
Ceux qui attendaient des secrets ne furent pas déçus. Comme à chaque fois Akuzawa senseï révéla le cœur de sa méthode, Maho et Tenchijin. Comme à chaque fois il répéta que là se trouvait l'essentiel. S'il peut sembler incongru qu'une efficacité martiale puisse découler d'exercices aussi modestes c'est pourtant une conclusion que je partage. Je ne crois pas que le secret soit dans la forme du mouvement et il est sans aucun doute possible de faire travailler les mêmes principes et qualités dans un autre enchaînement. Akuzawa senseï aurait ainsi pu les multiplier dans sa méthode afin de satisfaire les pratiquants assoiffés de forme et remplir par la même occasion son portefeuille. Il a préféré aller à l'essentiel en créant des exercices simples qui, travaillés correctement et assidument, donnent d'excellents résultats.
Le travail de Maho et Tenchijin fait partie de ma pratique et je suis satisfait de ses effets. En croisant les mains avec d'autres membres de la formation instructeur lors des exercices ou des sparrings j'ai pu constater chez un certain nombre d'entre eux des progrès évidents. Je pense entre autres à Kris, Tangi et Tanguy. J'espère que les nouveaux pratiquants sauront, comme eux, voir la richesse de ce travail, et auront, comme eux, le courage de la pratiquer.
Akuzawa Minoru, fondateur de l'Aunkaï
Remerciements
Remerciements particuliers à César De La Cal, Stéphane Crommelynck, Robert Roman, Isseï Tamaki et Julien Coup pour l'organisation.
Merci à Damien et Patrick pour avoir jouer les chauffeurs.
Merci à tous les participants de la formation instructeurs pour leur enthousiasme et leur bonne humeur ;-)