L'Aïkido dans la douleur
Je reviens du stage d'Albi/Gaillac. J'ai énormément apprécié ce week-end à de nombreux titres.
Une organisation sans faille
Organiser un stage est simple. Il suffit de prendre contact avec l'enseignant, trouver une salle, et faire circuler l'information. Effectivement, ces étapes réalisées, un stage peut avoir lieu. Mais selon la façon dont elles auront été effectuées, le résultat peut être aussi différent que le jour de la nuit.
J'ai organisé un certain nombre de stages et d'évènements, pour savoir que lorsque les choses se passent bien, cela demande un énorme investissement. C'est un effort qu'a réalisé Simon Pujol, et qui a fait que je n'ai pas passé un bon, mais un excellent week-end. Plus encore, tout avait été organisé de façon à ce que l'on ne se rende pas compte du travail en amont et dans les coulisses, et c'est une élégance que j'apprécie beaucoup.
Simon Pujol et Yann Goffin
Rassembler
Une des choses les plus difficiles est de rassembler. Simon est un homme charismatique et bienveillant, et c'est tout naturellement qu'il a l'oreille de beaucoup. Grâce à cela, ce week-end plus de la moitié des participants étaient des pratiquants d'autres disciplines qu'il avait convaincus de venir pratiquer l'Aïkido.
Plus de 50 personnes se sont réunies pour pratiquer ce week-end à l'invitation de Simon
Au-delà de la complaisance
Pratiquer avec des personnes venant d'autres disciplines est un exercice que j'apprécie beaucoup. Je n'ai de cesse de répéter qu'une technique doit pouvoir fonctionner sans que l'on ait besoin de dire à uke comment suivre. Ainsi, je n'attends pas que l'attaquant suive de telle ou telle façon, car "c'est mieux pour lui", "sinon il se met en danger", etc… A mon sens, une technique correctement réalisée fonctionne sans participation de celui qui la reçoit, point final.
Je crois que certains pratiquants d'Aïkido ont d'abord été étonnés en voyant des tenues inhabituelles. Et lors de la pratique, leurs premiers mouvements ont parfois été subis de façon originale, n'ont pas fonctionné, ou ont même été retournés. Mais chacun a pris cela pour ce que c'était, une chance. Et ils ont hissé leur pratique à un autre niveau, au-delà de la complaisance.
Alex avec Sylvain, un ami de Simon aussi drôle que passionné et investi
Un accueil chaleureux
Les tâches de chacun avaient été réparties efficacement, et toute l'organisation du stage s'est déroulée à merveille. L'accueil, surtout, était extrêmement chaleureux et attentionné, tant sur que hors du tatami. Au final, j'ai donc passé un très bon week-end. Et ce n'était pas gagné d'avance car…
Plié en deux
Jeudi 26 septembre, 10h. Je marche tranquillement dans la rue lorsque tout à coup je ressens une gène. En quelques pas cette gène se transforme en une douleur intense qui court du bas du dos jusqu'à mon genoux en passant sur l'avant et l'intérieur de la cuisse. Soudain je ne peux plus marcher! Je prends un taxi pour rentrer chez moi et m'écroule.
Quelques heures plus tard, la douleur ne passant pas, j'appelle SOS médecins. "Hmm, vous avez une tendinite. Vous allez prendre ceci et cela. Et puis encore ça.".
Une tendinite?!! Armé de mon ordinateur je navigue sur le net en indiquant mes symptômes. Ils sont si clairs qu'il ne peut y avoir le moindre doute, je souffre d'une cruralgie.
Je passe les jours suivants misérable. Plié en deux et d'humeur exécrable, je rate le mariage d'un ami pour lequel j'avais gardé un des de mes deux seuls week-ends de repos de l'année. Je vois ensuite une ostéopathe qui m'indique que je souffre d'une… cruralgie. Je lui demande de faire le maximum pour que je sois opérationnel pour le stage et, après une heure de véritable souffrance où je riais pour ne pas pleurer, j'ai récupéré un peu de mobilité.
Je n'avais pas eu mal au dos depuis douze ans, et c'était la première fois que je souffrais d'une cruralgie. Les muscles de ma cuisse étaient pris de spasmes, je ne pouvais pas me redresser, ma jambe était engourdie, la force qu'elle pouvait développer était quasiment réduite à néant, et alors que je sentais des décharges électriques en permanence, ma sensibilité était émoussée dans toute ma jambe droite. Le stage s'annonçait très, très compliqué…
Face à ses déclarations
Je n'ai pas songé à annuler le stage. Je savais que cela poserait non seulement des problèmes à l'organisateur, mais aussi à toutes les personnes qui avaient réservé leur transport et/ou leur logement. En outre, malgré la douleur, je n'étais pas mécontent d'avoir l'occasion de voir si je pouvais soutenir mes paroles par des actes.
J'ai pour habitude de dire que ce que nous travaillons doit permettre de faire face lorsque l'on est diminué, que nous ne devons pas utiliser de force, etc…
Disons-le clairement, j'ai passé une grande partie du stage assis, voire à quatre pattes! Mais dès lors que je pratiquais, j'ai pu exécuter les techniques tel que je le souhaitais, et sans incidence sur leur efficacité. Le travail sans force, sans pousser dans le sol, la recherche où la vitesse vient de l'épuration technique et non d'un mouvement rapide donnaient des résultats stables quel que soit mon état, et j'ai vraiment été satisfait de constater cela.
Compte-rendus
Le stage a déjà donné lieu à deux compte-rendus. Un de Simon G/Celebanor sur Aïki-forum, et l'autre de Vincent et Claudette sur le site du Cercle d'Aïkido de Pau Lons. Merci à eux pour ce retour.
Remerciements
Merci à Simon pour l'accueil et l'organisation sans failles.
Merci à tous ceux qui ont œuvré dans l'ombre pour lui prêter main forte.
Merci à tous les participants, notamment ceux qui ont fait un très long trajet tels que Marie, Marie-Laure, Alex, Magalie, Simon G., Nicholas, etc…
Merci à Thomas Taragon pour les photos.
La pratique dans la joie ;-)