Hino Akira, combat de consciences et ballet meurtrier
J'ai publié sur ma page Youtube un court reportage japonais sur Hino senseï. Le film est en japonais, mais il vaut la peine d'être vue, ne serait-ce que pour la beauté des images. J'ai fait un bref commentaire en-dessous de la vidéo, et traduit rapidement quelques courts extraits.
Comme la très large majorité des émissions et reportages japonais, celui-ci est scénarisé et dramatisé.
Sur le thème des traditions qui survivent dans le Japon contemporain, le commentaire sensationnaliste est distrayant mais sans grand intérêt, du type :
"Hino Akira, samouraï, ninja, qui a maîtrisé l'esprit et les techniques des adeptes de l'art de la guerre."
"Le dernier samouraï a vivre dans le Japon contemporain."
Pour autant le reportage est plaisant, particulièrement lorsque l'on voit maître Hino, à partir de 3,10.
L'inspiration de Mifune Kyuzo
Hino senseï a maintes fois évoqué son admiration pour Mifune Kyuzo, l'un des géants et pionniers du Judo. A 3,50 on peut le voir démontrer une contre-technique contre un mouvement de Judo, qui n'est pas sans rappeler le travail de maître Mifune.
Hino senseï explique :
"Lorsque son intention naît, cela se répercute dans ses muscles. C'est juste avant cela que l'on applique la force vers le bas."
Ne pas perdre
A 4,40 Hino senseï :
"Si ce n'est pas gagner, de quoi s'agit-il ? Ne pas perdre. Mais pour ne pas perdre, il n'est pas nécessaire de gagner."
Maître Hino évoque là un des éléments clés de l'esprit du Budo. On est ici loin des combats rituels où de jeunes athlètes confrontent leurs capacités athlétiques. Survivre sans détruire, ne pas perdre sans chercher à gagner… Une vision qui donne matière à réflexion.
Ishiki, kanjiru
Le travail de Hino senseï s'articule autour de quelques notions essentielles. Parmi elles celles de ishiki, conscience, et kanjiru, ressentir. Des principes que Hino Akira démontre notamment à 5,50 dans son travail avec plusieurs partenaires.
L'inspiration d'Okamoto Seïgo
Parmi les maîtres qui ont inspiré Hino senseï, figure aussi Okamoto Seïgo, récemment disparu. A 6,55, maître Hino démontre un exercice que réalisait Okamoto senseï.
J'étais l'un des ukes lorsque Hino senseï réalisa ce mouvement à la Nuit des Arts Martiaux Traditionnels en 2009. Lorsqu'il nous demanda de le soulever lors de la répétition quelques heures plus tôt, j'avais immédiatement deviné ce qu'il allait essayer de faire. Et j'avoue ne pas avoir été emballé à cette idée, car j'étais un peu dubitatif sur ce type de mouvement. Mais à ma grande surprise, cela fonctionnait parfaitement.
Après réflexion, j'ai le sentiment que le secret de cet exercice réside dans la capacité à s'unir, musubi, et à dissocier les différentes parties de son corps. Lorsqu'il a réalisé ce mouvement, je tenais la nuque de Hino senseï. Je l'ai d'abord senti remplir chaque interstice de mes mains. Sa nuque et son cou s'étaient comme fondus en elles, dans un musubi parfait. Il a ensuite commencé à bouger certains membres dans des directions différentes grâce à la dissociation. Le contact qu'il avait réussi à établir était tel, que le moindre de ses mouvements était immédiatement répercuté en nous. Chaque partie de son corps que nous tenions ne pesait que quelques kilos. Mais si huit ou dix kilos peuvent être portés sans trop de mal à bout de bras, il en est autrement lorsque ce poids se déplace subitement dans une direction inattendue !
A 7,01, on voit clairement le travail que réalise Hino senseï. Musubi, dissocier, ne pas déranger… Il ne s'agit évidemment pas d'une application martiale, mais d'un excellent exercice pour développer des qualités fondamentales du Budo.
"Un combat de consciences"
A 7,26 Hino senseï :
"Lorsqu'il y a un combat, ce que l'œil voit, c'est une lutte entre deux corps. Armés ou pas. Mais lorsque l'on réfléchit bien, il ne s'agit pas de cela. C'est un combat de consciences, une lutte entre esprits."
Si l'on entend souvent ce genre d'observations, ce n'est que récemment que, au-delà d'une compréhension intellectuelle superficielle, j'ai commencé à réellement sentir ce qu'évoque maître Hino, et l'importance de ce travail. Après 35 de pratique, il était temps…
Hino senseï à l'école primaire
On suit ensuite Hino Akira dans une école primaire. Maître Hino est régulièrement invité à intervenir dans les cadres les plus variés. En hôpital, entreprises, ou… écoles. Il explique ici à des enfants sa conception des fondements du Budo par des exercices simples, clairs et ludiques.
A 9,30 maître Hino démontre un exercice simple mais que je trouve très intéressant. Il demande à une personne de s'ancrer dans le sol pour résister à une poussée. Il fait ensuite un rapide mouvement de main pour faire de l'air sur une partie du corps de cette même personne, qui n'a plus du tout la même capacité à résister à la poussée.
Ce principe simple est similaire à celui qui est souvent employé en Aïkido avec les atémis de distraction. S'il est essentiel de pouvoir porter un atémi puissant et destructeur, il suffit souvent de "déranger" brièvement aïte pour pouvoir appliquer une technique.
En voyant maître Hino au milieu de ces enfants, je n'ai pu m'empêcher de penser à ses jeunes années où ses uchi-deshis fuyaient car il était trop strict et exigeant. Difficile à imaginer lorsque l'on voit sa bienveillance actuelle.
Le nid du tengu de Wakayama
S'il a récemment déménagé à Tokyo, Hino senseï possède encore la maison / dojo qu'il a imaginée et construite de ses mains au cœur des montagnes sacrées de Wakayama. On en a un bel aperçu à partir de 11,30.
Ballet meurtrier
Cette année maître hino sera présent à la NAMT et à l'Aïki Taïkaï où il donnera trois cours.
La démonstration de la NAMT sera effectuée avec son épouse, Kazuko, et l'un de ses élèves les plus proches, Sakamoto-san. D'après nos dernières discussions, Hino senseï a entre autres prévu de présenter un travail similaire à celui que l'on voit à partir de 12,00. Un "ballet" meurtrier, démonstration du travail sur la conscience et l'intention.
Hino senseï en Europe, à la NAMT et au Taïkaï
Hino Akira sera :
ATTENTION les préinscriptions au tarif réduit pour ce stage se terminent le 10 mai !!!
A Bruxelles les 20 et 22, et Paliseul le 21.
A la NAMT et à l'Aïki Taïkaï les 23 et 24.