Takamura ha Shindo Yoshin ryu, une tradition guerrière ouverte au monde
Takamura ha Shindo Yoshin ryu
Le Shindo Yoshin ryu est un Sogo Bujutsu, un système pluridisciplinaire intégrant des techniques guerrières aux armes et à mains nues. Son fondateur, Matsuoka Katsunosuke, créa cette école afin de redonner une efficacité guerrière aux pratiques martiales, à une époque où elles s'orientaient essentiellement vers un travail d'opposition duelles.
Le Shindo Yoshin ryu est souvent connu des pratiquants d'arts martiaux car Otsuka Hironori, fondateur du Wado ryu Karaté, en était menkyo kaïden.
Un occidental à la tête d'une koryu ?
Tobin Threadgill est aujourd'hui le leader incontesté de la Takamura ha Shindo Yoshin ryu (THSYR). Ses qualités de pratiquants et d'enseignants sont reconnues, et il peut se targuer de l'amitié et la considération d'adeptes tel que Kuroda Tetsuzan.
Etant parmi les premiers dans sa situation, comme beaucoup de pionniers Tobin a dû lutter contre les idées reçues. Et si sa compétence et son lignage ont été authentifiés par des sommités, ce n'est pas un secret que des pratiquants japonais ne sont pas encore prêts à accepter qu'un occidental accède à une telle charge. Rien de bien surprenant dans tout cela.
Ce qui l'est en revanche, est que contrairement à la plupart des "premiers", "première femme à…", "premier afro-américain à…", "premier japonais à…", Toby ne soit pas célébré pour son achèvement. Au contraire, comme certains de ses confrères dans une situation similaire, il souffre même d'une sorte de racisme parmi les siens. Celui d'occidentaux qui ne peuvent concevoir qu'un blanc soit aussi compétent, sinon plus, qu'un asiatique en matière de pratique martiale.
La France est le pays qui compte le plus de pratiquants d'arts martiaux japonais au monde hors de l'archipel. Pourtant, lors de sa venue en mai pour un stage public abondamment annoncé, à peine plus d'une trentaine de participants ont fait le déplacement. Un chiffre étonnamment bas au regard de la qualité du travail proposé par Threadgill senseï.
Bien qu'à l'inverse de Toby, je bénéficie régulièrement d'un à priori favorable compte tenu du fait que j'ai des origines japonaises, je trouve cette situation déplorable. Et Threadgill senseï est loin d'être le seul. J'ai ainsi à plusieurs reprises été témoin du désarroi d'experts du plus haut niveau face à certains de leurs élèves qui les quittaient pour un adepte moins compétent… mais asiatique. Au regard d'une telle situation, le succès de personnes telles que Toby Threadgill, André Cognard ou Christian Tissier n'est d'ailleurs que plus impressionnant.
Transmettre et diffuser
La Takamura ha Shindo Yoshin ryu est une koryu, et fonctionne d'une façon aussi stricte, parfois plus même que ce que j'ai pu observer dans l'archipel, que si elle avait un japonais à sa tête. Tobin Threadgill réussit le difficile numéro d'équilibriste qui consiste à ouvrir et diffuser son école suffisamment pour assurer sa survie, tout en conservant une authentique transmission où certains éléments restent réservés à ses membres.
Le Tesshinkan
La France a aujourd'hui la chance de compter en son sein un dojo fondé par Nicolas Delalondre, le Tesshinkan, qui est un groupe de travail officiel de la THSYR. Si je n'ai que brièvement croisé Nicolas lors de certaines NAMTs, j'ai suivi son parcours et son évolution avec grand intérêt. Après avoir pratiqué l'Aïkido, il s'est lancé passionnément dans l'étude du Shindo Yoshin ryu. Son investissement et ses progrès lui ont permis de gagner la confiance de Threadgill senseï, et incidemment la chance pour nous de pouvoir accéder à cet enseignement lors de stages et d'évènements tels que la NAMT et le Taïkaï.
J'ai le plus grand respect pour Tobin Threadgill, et c'est un grand honneur de le recevoir à la NAMT et au Taïkaï où il donnera exceptionnellement deux cours.
Ne manquez pas un instant de sa présence, et soyez assuré qu'il est aussi compétent, sinon plus, qu'un asiatique occupant la même position ;-)