Le courage de s'engager
Etudiant de tout, maître de rien
Je ne suis pas nostalgique d'un passé idéalisé. Oui il y a eu de grandes choses par le passé, mais nous vivons aussi à bien des égards une époque passionnante et privilégiée. L'information n'a jamais autant circulé, et tout est plus facile d'accès que jamais. Cela nous donne un nombre incroyable d'opportunités qu'il ne tient qu'à nous de saisir, mais ces chances ont leur revers.
Tout étant accessible en un clic, plus pressés que jamais, nous sommes devenus impatients, incapables de concevoir les choses dans la durée. Nous devenons de moins en moins capables de fournir des efforts intenses, de travailler dur. De peur de rater quelque chose, nous papillonnons, essayant ceci puis cela, sans jamais percevoir l'essence de quoi que ce soit. Elèves de tout, nous ne serons maîtres de rien...
Le courage de faire des choix
Je suis retourné faire de l'escalade cette année, pour la première fois depuis… vingt-cinq ans ! La mâtinée que j'ai passée à la salle avec l'ami qui m'avait invité m'a énormément amusé. Et durant une semaine je me suis plongé dans le monde de l'escalade sur internet. Je souhaitais me mettre sérieusement à cette activité, et voulait savoir ce que cela requerrait. En terme d'investissement en temps, c'était huit heures pour moi.
Les sources sérieuses indiquaient que passé le court terme, il ne fallait pas espérer de progrès à moins de deux séances de deux heures par semaine. En incluant mon temps de trajet aller et retour, j'arrivais à huit heures par semaine. Un temps qui m'aurait obligé à couper dans d'autres domaines que je souhaite préserver. J'ai donc, au moins temporairement, renoncé à cette activité.
En particulier lorsque l'on habite dans une grande ville, les possibilités sont multiples. Aïkido, Yoga, Shiatsu, langue japonaise, etc. Et il est tentant de se lancer dans de multiples activités. Je crains malheureusement que, faute de s'y investir suffisamment, beaucoup soient abandonnées faute de résultats satisfaisants.
S'engager dans la durée
Il est évident que tout le monde n'a pas vocation à être maître d'Aïkido. Et l'on peut tirer des bénéfices de la pratique avec beaucoup moins que trois heures de pratique quotidienne. A l'inverse, il est évident à mes yeux que c'est une perte de temps de pratiquer une heure et demie par semaine en espérant obtenir plus que des résultats superficiels.
En Aïkido comme dans la plupart des domaines, deux cent heures par an me semblent un pallier qui permet d'obtenir des résultats satisfaisants. Qui permet de dépasser le vernis d'aptitudes pour développer de réelles compétences. Mais cet effort doit être maintenu dans la durée.
L'exemple des géants
Chaque année qui s'achève voit apparaître la liste des personnes disparues durant les douze derniers mois. A cet égard, comme malheureusement à d'autres d'ailleurs, 2016 aura été une année noire. Dans le monde de la musique uniquement, elle aura vu s'éteindre des monuments tels que Prince, Léonard Cohen, David Bowie ou George Michael.
Oh, aucune de ces étoiles n'était dépourvue de son côté sombre. Mais l'adage ne dit-il pas que, "Ce n'est pas avec de petits saints, que l'on fait de grands sages !". La jeunesse fougueuse de nombreux budokas contraste d'ailleurs aussi souvent avec la sagesse qu'on leur prête dans leur grand âge. Sans compter que, tel Léonard Cohen, certains artistes arrivent aussi à atteindre une forme de sérénité. Aucune de ces légendes disparues ne contestait d'ailleurs ses faiblesses. Et celles-ci étaient aussi sans doute parfois parmi les origines des chefs d'œuvre qu'ils nous ont légués.
Mais les géants qui nous quittent ne nous laissent pas que leurs œuvres. Ils sont aussi des modèles d'engagement, d'acharnement, de travail obstiné. Et en cela, ils furent toujours exemplaires.
Qu'importent les objectifs qui nous amènent à prendre le chemin du dojo semaine après semaine. Ils nous sont propres et ne regardent que nous. Sachons simplement nous inspirer des géants pour maintenir nos efforts et les atteindre !
Shinnen akemashite omedeto gozaimasu