Budo no Nayami

Briser les frontières martiales

2 Mars 2022 , Rédigé par Léo Tamaki Publié dans #Budo - Bujutsu

Longtemps les traditions martiales sont restées l'apanage d'une poignée d'élus. Ces précieux outils de survie se transmettaient alors dans le plus grand secret à l'abri des yeux et oreilles indiscrètes. La paix venant, chacun voulu avoir accès à ce savoir réservé à une élite. Pour subsister les experts se mirent alors à diffuser leur enseignement.

Afin de se démarquer, nombre d'écoles multiplièrent des détails sans application pratique, qui avaient pour seul intérêt de fidéliser leur audience. Naturellement, le monde continua sa course, et aujourd'hui les arts martiaux sont dédaignés par le grand public. Quand les anciens se préoccupaient de sécuriser leur part d'audience, les experts d'aujourd'hui doivent comprendre que l'heure est au partage et à la diffusion.

 

 

Garder sa singularité et partager son essence

Face à l'évolution précipitée de nos sociétés, nous n'avons que trop tardé à nous adapter. Aujourd'hui le monde des arts martiaux se rétrécit à vue d'œil. En Aïkido les effectifs combinés des deux grandes fédérations qui tutoyaient les 60 000 en 2010 gravitent autour de 20 000 douze ans plus tard. Et la tendance à la baisse est la même en Karaté, Judo, etc.

Chaque discipline, chaque école, chaque expert a sa singularité. Mais lorsque l'on débarrasse la pratique de ses "tics" et effets de manche, son essence peut parler à tous. Bien sûr un pratiquant d'un autre style, d'une autre discipline, n'adoptera pas la pratique telle qu'elle. Mais il pourra être inspiré, s'approprier certains éléments, et voir son propre travail d'un œil neuf.

 

 

Une fierté profonde

Lorsque je donne un stage, 15% des pratiquants en moyenne viennent d'autres disciplines que l'Aïkido (Karaté, Penchak, Jujitsu, Krav Maga, etc.). 20% viennent généralement du Kishinkaï, et les deux tiers qui restent d'autres écoles d'Aïkido. Je suis profondément honoré par l'intérêt que tous ces adeptes peuvent trouver à la pratique que je propose, et cela m'encourage naturellement à continuer à concentrer mes efforts sur la transmission des principes qui sous-tendent l'efficacité de l'Aïkido Kishinkaï.

Je ne peux qu'espérer que nous soyons de plus en plus nombreux à transmettre l'essence de nos pratiques, reléguant aux oubliettes les effets de manche destinés à segmenter le public. C'est en partageant le cœur efficient de nos pratiques que nous pourrons redonner ses lettres de noblesse au monde des Arts Martiaux.

 

 

Ci-dessous quelques brefs extraits d'un stage à Bergamo, invité par l'Associazione Sportiva Aikido Italia. L'ASAI a naturellement une pratique qui lui est propre, et seul un travail sur les principes peut être intéressant pour ses membres.

 

 

 

 

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N
Bonjour Léo, je tombe sur cet article par hasard - ou peut-être pas, partageant cette réflexion sur le déclin actuel des budo (tout au moins en nombre de pratiquants) - Si la pente dégressive de l'Aikido était déjà bien entamée depuis 12 ans et plus, j'ai l'impression que cela touche maintenant tous les budo voire arts martiaux au sens large (si on met de côté la popularité dont jouit le mma). Pourtant, la communication a changé en Aikido, et les frontières ne sont pas hermétiques pour certaines écoles (la preuve par ton billet)...<br /> Le creuset naturel de pratiquants se réduit-il ? L'intérêt des arts martiaux disparait-il pour le néophyte ?
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L
Bonjour Nicolas,<br /> <br /> Un déclin en nombre effectivement. Quant à la qualité, je le crains aussi car il est improbable d’imaginer que ne restent et viennent que les meilleurs…<br /> Et si pour le coup l’Aïkido était à « la pointe » en matière de déclin, tu as raison, c’est maintenant le monde martial tout entier qui est ébranlé. Les raisons sont sûrement multiples. Les valeurs des arts martiaux et l’investissement en temps et énergie qu’ils requièrent ne sont plus vraiment au goût du jour. Il nous faut à la fois faire le dos rond et garder la tête haute ;-)
J
Enfin quelqu'un qui comprend que gardé ses techniques secrètes , c'est amené à les faire disparaitre. Les techniques ne sont pas l'essentiel, le plus important c'est la volonté d'aller jusqu'au bout de la connaissance et de vérifier si chaque technique est efficace au combat. Le légionnaire est efficace car il ne prend que ce qui peut le servir au combat et cela jusqu'au service ultime. Les Arts Martiaux ont les mêmes racines.. Makoto ni arigato gozaimashita
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