Se relâcher ou disparaître
Morishita-san m'a dit il y a quelques mois que j'avais réellement progressé. Il y a des moments où l'on sent que l'on progresse, que l'on comprend ou arrive mieux à faire quelque chose. Mais je n'avais pas particulièrement cette impression. Pourtant il m'a dit une chose qui m'a fait réfléchir.
"Il y a deux ans à Paris tu avais déjà progressé mais cela restait du domaine du relâchement. Tu devenais simplement de plus en plus souple. Mais aujourd'hui tu commences à disparaître. C'est normal que tu ne t'en rendes pas compte toi-même pour le moment."
Disparaître?
Bien sûr il ne s'agit pas de disparaître au sens où l'on est téléporté ou que l'on devient invisible. Comme souvent en japonais les mots sont utilisés pour transmettre un sentiment, une sensation. Comme lorsque Kuroda senseï explique qu'un maître de Shodo n'arrivait pas à le voir derrière son jo:
" Quelle que soit le domaine un oeil exercé voit des choses que la plupart des gens ne voient pas. Il ne s'agit pas de choses mesurables qui sont faciles à voir et qui peuvent être contrefaites, mais de l'essence des choses. Du regard qui permet de voir au-delà des apparences souvent trompeuses et de voir même recouvert de boue le véritable trésor.
Dans le domaine des arts martiaux il n'est pas nécessaire par exemple d'être un pratiquant pour reconnaître de telles choses et Nishioka senseï, le maître de Shodo, voit parfaitement le seichusen alors qu'il reste invisible au commun des gens, même pratiquants.
Après avoir vu la vidéo où je pratique le bo il m'a dit: "Je voyais quelque chose de bizarre en la regardant mais je n'arrivait pas à savoir quoi jusqu'à ce que je vois que tout votre corps était en permanence caché par le bo."
La technique consiste effectivement à être en permanence protégé mais il ne s'agit pas d'être réellement derrière le bo dont le diamètre ne peut absolument pas cacher la largeur du corps même de profil. Mais il voyait et comprenait la technique. Si on parle de ça avec une personne qui ne possède pas cette vision elle répondra juste: "Evidemment on vous voit!"."
Lâcher prise
Les cours suivants j'ai alors cherché ce qui avait changé et effectivement ce que j'essayais de faire depuis un certain temps était différent et cela s'était fait inconsciemment.
Lorsqu'on se relâche on change la sensation de son corps mais on la conserve. Lorsqu'on essaye réellement de bouger sans à coups, sans que cela soit perceptible on ne doit plus "sentir" son corps. C'est quelque chose de très difficile car nous aimons naturellement nous sentir faire. Je me souviens du plaisir que j'avais à frapper au makiwara ou aux paos. L'impression de puissance est grisante. Mais je suis aujourd'hui certain qu'à terme cela ne peut mener qu'à une impasse.
Accepter de ne pas sentir sa puissance, sa force, laisser les choses se faire est une étape majeure dans laquelle j'ai le sentiment d'avoir mis un pied. C'est là aussi que la pratique physique rejoint le développement spirituel. On rentre alors dans le domaine de l'union et du lâcher-prise. C'est une sensation trouble et perturbante au départ mais qui me semble fondamentale.
"Il y a deux ans à Paris tu avais déjà progressé mais cela restait du domaine du relâchement. Tu devenais simplement de plus en plus souple. Mais aujourd'hui tu commences à disparaître. C'est normal que tu ne t'en rendes pas compte toi-même pour le moment."
Disparaître?
Bien sûr il ne s'agit pas de disparaître au sens où l'on est téléporté ou que l'on devient invisible. Comme souvent en japonais les mots sont utilisés pour transmettre un sentiment, une sensation. Comme lorsque Kuroda senseï explique qu'un maître de Shodo n'arrivait pas à le voir derrière son jo:
" Quelle que soit le domaine un oeil exercé voit des choses que la plupart des gens ne voient pas. Il ne s'agit pas de choses mesurables qui sont faciles à voir et qui peuvent être contrefaites, mais de l'essence des choses. Du regard qui permet de voir au-delà des apparences souvent trompeuses et de voir même recouvert de boue le véritable trésor.
Dans le domaine des arts martiaux il n'est pas nécessaire par exemple d'être un pratiquant pour reconnaître de telles choses et Nishioka senseï, le maître de Shodo, voit parfaitement le seichusen alors qu'il reste invisible au commun des gens, même pratiquants.
Après avoir vu la vidéo où je pratique le bo il m'a dit: "Je voyais quelque chose de bizarre en la regardant mais je n'arrivait pas à savoir quoi jusqu'à ce que je vois que tout votre corps était en permanence caché par le bo."
La technique consiste effectivement à être en permanence protégé mais il ne s'agit pas d'être réellement derrière le bo dont le diamètre ne peut absolument pas cacher la largeur du corps même de profil. Mais il voyait et comprenait la technique. Si on parle de ça avec une personne qui ne possède pas cette vision elle répondra juste: "Evidemment on vous voit!"."
Lâcher prise
Les cours suivants j'ai alors cherché ce qui avait changé et effectivement ce que j'essayais de faire depuis un certain temps était différent et cela s'était fait inconsciemment.
Lorsqu'on se relâche on change la sensation de son corps mais on la conserve. Lorsqu'on essaye réellement de bouger sans à coups, sans que cela soit perceptible on ne doit plus "sentir" son corps. C'est quelque chose de très difficile car nous aimons naturellement nous sentir faire. Je me souviens du plaisir que j'avais à frapper au makiwara ou aux paos. L'impression de puissance est grisante. Mais je suis aujourd'hui certain qu'à terme cela ne peut mener qu'à une impasse.
Accepter de ne pas sentir sa puissance, sa force, laisser les choses se faire est une étape majeure dans laquelle j'ai le sentiment d'avoir mis un pied. C'est là aussi que la pratique physique rejoint le développement spirituel. On rentre alors dans le domaine de l'union et du lâcher-prise. C'est une sensation trouble et perturbante au départ mais qui me semble fondamentale.
Lâcher prise...
(photo Sébastien Chaventon)
(photo Sébastien Chaventon)
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