L'étude de documents dans la pratique martiale
L'omniprésence des médias est indéniablement un point positif de la modernité, et ce, malgré quelques inconvénients. Au niveau de la pratique martiale cela a permis au grand public d'accéder à de nombreux documents passionnants. Tout pratiquant intéressé peut aujourd'hui trouver un historique de son école et de nombreux documents techniques dont probablement un certain nombre de vidéos. Il est même possible qu'il ait la chance de voir le fondateur de sa discipline en action. Toutefois l'abondance de documents, les limites liées à leur nature et l'absence quasi générale de précisions sur leur contenu, peut créer la confusion.
Des documents visant un public restreint dans un langage aux niveaux d'interprétation multiples
Le Japon féodal est la source d'un grand nombre de documents écrits ou dessinés. Mais, qu'il s'agisse de traités comme le "Gorin no sho" de Miyamoto Musashi ou le "Heiho Kadensho" de Yagyu Munenori, ou de densho, tous ces documents étaient adressés à des membres du clan d'où était issu leur auteur, à des seigneurs ou à des élèves proches.
Par ailleurs ils furent écrits dans un japonais ancien qui n'est généralement pas compréhensible pour un contemporain. Si l'on ajoute à cela que les kanji ont de multiples niveaux d'interprétation et que certains termes ne peuvent être compris que par les membres d'une école, il devient évident que les traductions modernes doivent être étudiées avec beaucoup de recul. D'autant plus que la majorité des ouvrages disponibles en français sont traduits non pas directement du japonais mais de l'anglais…
L'essentiel est invisible
De nombreuses vidéos circulent aussi aujourd'hui sur le net. Chacun peut, en quelques clics, voir Ueshiba Moriheï, Funakoshi Gichin ou Kano Jigoro en action. Un véritable trésor pour tout pratiquant passionné. Mais la tentation est grande, et beaucoup y succombent, de juger la pratique de ces maîtres. C'est oublier que l'essentiel est invisible.
Un des buts principaux de la pratique martiale est de réaliser un geste imperceptible et que l'on ne peut arrêter. Ce qui peut être vu de l'extérieur est totalement différent de ce que voit et surtout ressent la personne faisant face au maître.
Une expression japonaise dit "Le propre de l'Aïkido est d'avoir l'air faux." Mais cette phrase pourrait s'appliquer à n'importe quel art martial pratiqué à haut niveau. L'impression de facilité et l'absence de gestes visibles ne sont que quelques unes des preuves de la maîtrise des adeptes en action. Pas de la complaisance de leurs uke.
Il importe bien sûr de conserver un œil critique car la supercherie n'est jamais impossible et quelques charlatans continuent à sévir. Difficile toutefois de confondre avec eux les trois plus célèbre maîtres du Budo…
Il faut par ailleurs noter que, même si vus de l'extérieur deux mouvements peuvent être similaires, le travail interne peut être totalement différent. De récentes expériences scientifiques ont démontré que selon la visualisation du pratiquant, les muscles utilisés lors d'un mouvement similaire l'étaient dans des proportions totalement différentes. Un exemple de travail essentiel qui fait la différence et ne peut être senti par le simple visionnage d'une vidéo.
Certains maîtres ou experts possèdent à l'heure actuelle des films de grands adeptes du passé en action. Ils se refusent à les diffuser et perpétuent une tradition multi séculaire. C'est sans aucun doute regrettable mais aussi compréhensible. Auraient-ils le désir de partager qu'ils ne pourraient qu'être dubitatifs devant la réception probable de ces documents. Plus les gestes seraient invisibles et l'impression de facilité trompeuse, plus ils risqueraient de voir leur maître critiqué et tourné en ridicule. On peut bien sûr dire que les aboiements de la meute importent peu, mais leur choix reste respectable. Et sans doute est-ce mieux ainsi. Le véritable chercheur devra mériter ces trésors en allant découvrir les documents à leur source…
Des documents visant un public restreint dans un langage aux niveaux d'interprétation multiples
Le Japon féodal est la source d'un grand nombre de documents écrits ou dessinés. Mais, qu'il s'agisse de traités comme le "Gorin no sho" de Miyamoto Musashi ou le "Heiho Kadensho" de Yagyu Munenori, ou de densho, tous ces documents étaient adressés à des membres du clan d'où était issu leur auteur, à des seigneurs ou à des élèves proches.
Par ailleurs ils furent écrits dans un japonais ancien qui n'est généralement pas compréhensible pour un contemporain. Si l'on ajoute à cela que les kanji ont de multiples niveaux d'interprétation et que certains termes ne peuvent être compris que par les membres d'une école, il devient évident que les traductions modernes doivent être étudiées avec beaucoup de recul. D'autant plus que la majorité des ouvrages disponibles en français sont traduits non pas directement du japonais mais de l'anglais…
Gorin no sho
L'essentiel est invisible
De nombreuses vidéos circulent aussi aujourd'hui sur le net. Chacun peut, en quelques clics, voir Ueshiba Moriheï, Funakoshi Gichin ou Kano Jigoro en action. Un véritable trésor pour tout pratiquant passionné. Mais la tentation est grande, et beaucoup y succombent, de juger la pratique de ces maîtres. C'est oublier que l'essentiel est invisible.
Un des buts principaux de la pratique martiale est de réaliser un geste imperceptible et que l'on ne peut arrêter. Ce qui peut être vu de l'extérieur est totalement différent de ce que voit et surtout ressent la personne faisant face au maître.
Une expression japonaise dit "Le propre de l'Aïkido est d'avoir l'air faux." Mais cette phrase pourrait s'appliquer à n'importe quel art martial pratiqué à haut niveau. L'impression de facilité et l'absence de gestes visibles ne sont que quelques unes des preuves de la maîtrise des adeptes en action. Pas de la complaisance de leurs uke.
Il importe bien sûr de conserver un œil critique car la supercherie n'est jamais impossible et quelques charlatans continuent à sévir. Difficile toutefois de confondre avec eux les trois plus célèbre maîtres du Budo…
Kano Jigoro, fondateur du Judo
Funakoshi Gichin, fondateur du Shotokan Karaté
Ueshiba Moriheï, fondateur de l'Aïkido
Il faut par ailleurs noter que, même si vus de l'extérieur deux mouvements peuvent être similaires, le travail interne peut être totalement différent. De récentes expériences scientifiques ont démontré que selon la visualisation du pratiquant, les muscles utilisés lors d'un mouvement similaire l'étaient dans des proportions totalement différentes. Un exemple de travail essentiel qui fait la différence et ne peut être senti par le simple visionnage d'une vidéo.
Certains maîtres ou experts possèdent à l'heure actuelle des films de grands adeptes du passé en action. Ils se refusent à les diffuser et perpétuent une tradition multi séculaire. C'est sans aucun doute regrettable mais aussi compréhensible. Auraient-ils le désir de partager qu'ils ne pourraient qu'être dubitatifs devant la réception probable de ces documents. Plus les gestes seraient invisibles et l'impression de facilité trompeuse, plus ils risqueraient de voir leur maître critiqué et tourné en ridicule. On peut bien sûr dire que les aboiements de la meute importent peu, mais leur choix reste respectable. Et sans doute est-ce mieux ainsi. Le véritable chercheur devra mériter ces trésors en allant découvrir les documents à leur source…
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