Maître Tamura à l'Aïkikaï
Maître Tamura m'avait dit qu'il serait au Japon en septembre. Lorsque j'allais quotidiennement à l'Aïkikaï et qu'il venait à Tokyo je le rencontrais régulièrement, notamment au cours de Sasaki senseï.
Aujourd'hui mes visites à l'Aïkikaï sont espacés car je pratique au Shinbukan et que je visite régulièrement d'autres dojos. Mais il y a quelques jours j'ai reçu un coup de téléphone de Tamura senseï prenant de mes nouvelles à la suite duquel je l'ai retrouvé le lendemain au Hombu dojo.

Un simple pratiquant...
De nombreux maîtres reviennent régulièrement au Japon. Ce qui différencie maître Tamura est qu'il vient régulièrement à l'Aïkikaï en tant que simple pratiquant. J'ai été sidéré la première fois que je l'ai vu traversant simplement le vestiaire pour aller assister à un cours pour pratiquer.
J'avais déjà eu de nombreuses fois l'occasion de pratiquer avec lui dans ces occasions. Généralement nous étions trois ou quatre avec lui et il nous acceptait tous, se jouant de nous avec une déconcertante facilité. A l'époque j'étais toujours le moins expérimenté, entouré d'enseignants ou d'uchi-deshis. Nous repartions toujours lessivés et maître Tamura me donnait une ou deux indications avant de s'éclipser aussi simplement qu'il était arrivé.
Avant-hier maître Tamura accepta de travailler avec moi mais ne prit personne d'autre.
Je n'ai jamais été aussi épuisé de ma vie.

Un miroir impitoyable
Nous n'avons travaillé que des techniques fondamentales, kokyu nage, ikkyo, irimi nage et shiho nage. Au bout de quelques minutes je transpirais à grandes eaux. Après 15 mn je commençais à avoir le souffle court. Au bout de 30 mn mon corps était tétanisé par l'acide lactique notamment dans mes épaules et mes jambes.
Mon niveau est clairement limité en Aïkido. Mais j'ai une condition physique correcte. Mon cœur bat à soixante pulsations minute, je fais des séances de 700 tractions et des séries de 150 pompes. Par ailleurs je tends dans toute ma pratique à travailler sans utiliser de force et en étant relâché. Je pensais que l'ensemble me permettrait au moins de suivre sans trop de mal. Quelle erreur...
J'ai pu apprécier à quel point j'étais loin de mon objectif. Maître Tamura, tel un miroir impitoyable me mettait face à moi-même et mes tensions...

Un uchi-deshi frustré
Pendant tout le cours un uchi-deshi et un enseignant de l'Aïkikaï ont regardé maître Tamura pratiquer. A quinze minute de la fin il a invité l'uchi-deshi à pratiquer avec nous.
Les muscles brûlés par l'acide lactique je dois avouer que j'ai apprécié chaque instant de répit, aussi bref soit-il pendant que maître Tamura pratiquait avec l'uchi-deshi.
L'uchi-deshi mesurait environ un mètre quatre-vingt et devait peser dans les 80 kilos. Puissant il essayait de passer ses techniques en force. Bloqués par maître Tamura qui lui montrait l'impossibilité de passer ainsi face à un pratiquant expérimenté je sentais qu'il s'énervait.
Chose incroyable il a commencé à forcer de plus en plus, essayant même de contrer les techniques, d'amener maître Tamura au sol. L'enseignant de l'Aïkikaï le rappela sévèrement à l'ordre mais cela n'eu aucun effet.
Pratiquant alternativement ensemble tous les trois je sentais que la tension montait encore chez l'uchi-deshi. Nous avons alors commencé le travail libre. Là il a complètement disjoncté, essayant de faire des crocs en jambes, tirant et poussant, impitoyablement maîtrisé par Tamura senseï et incapable de passer la moindre technique.
Lorsque Yasuno senseï annonça la fin du cours maître Tamura souriant l'immobilisa subitement sur le ventre et s'assit sur sa tête en lui faisant une clé de bras. Pratiquant à l'arrière, tous les élèves se plaçant pour le salut furent alors témoins de la leçon qu'il venait de prendre…
Cette anecdote m'a beaucoup occupé l'esprit.
Maître Tamura aurait pu laisser l'uchi-deshi n'en faire qu'à sa guise voyant qu'il avait l'esprit fermé. Aurait-il pu lui donner une leçon moins sévère?
L'attitude de cet uchi-deshi était évidemment inadmissible. Quatrième ou cinquième dan il se devait de maîtriser ses émotions quand bien même la façon d'enseigner de Tamura senseï pouvait le frustrer. De même s'il est imaginable qu'il ait voulu "tester" cela ne devait pas devenir une bagarre de rue avec croche-pieds et autres gestes stupides dans le cadre d'un cours classique.
Maître Tamura considère qu'il a un devoir envers Osenseï et l'art qu'il a reçu de lui. J'imagine que vu la gravité de l'attitude de l'uchi-deshi et le manque de temps il a décidé de lui donner une leçon pour tenter de le remettre dans le droit chemin…
A la fin l'uchi-deshi s'est excusé et à remercié Tamura senseï. Celui-ci lui a dit qu'il fallait polir sa technique plutôt que d'essayer de passer à tout prix. J'espère que le message est passé…

Une source de motivation inépuisable
De mon côté j'ai en tout cas pris une nouvelle leçon magistrale. Le fait de voir un vieillard de 74 ans pesant 40 kilos se jouer de deux jeunes d'une trentaine d'année pesant le double de son poids et en parfaites conditions physiques mis à part, j'ai senti à quel point j'étais loin de pouvoir appliquer ce que je cherche, souplesse et relâchement.
Deux jours plus tard mon corps est plus courbaturé que jamais me rappelant à quel point face au relâchement de maître Tamura j'ai forcé en utilisant mes jambes et mes épaules. Le cours terminé mon dogi était pire qu'une serpillère. Maître Tamura par contre n'avait pas sué une goutte! Arrivé chez moi je me suis écroulé et j'ai dû dormir plusieurs heures.
Quel fossé mais aussi quelle source de motivation.
J'ai mis en ligne sur Tsubakijournal une interview de maître Tamura que j'avais faite en juin et qui était parue dans le numéro d'été du magazine Dragon.
Autre article sur maître Tamura.
Aujourd'hui mes visites à l'Aïkikaï sont espacés car je pratique au Shinbukan et que je visite régulièrement d'autres dojos. Mais il y a quelques jours j'ai reçu un coup de téléphone de Tamura senseï prenant de mes nouvelles à la suite duquel je l'ai retrouvé le lendemain au Hombu dojo.

Un simple pratiquant...
De nombreux maîtres reviennent régulièrement au Japon. Ce qui différencie maître Tamura est qu'il vient régulièrement à l'Aïkikaï en tant que simple pratiquant. J'ai été sidéré la première fois que je l'ai vu traversant simplement le vestiaire pour aller assister à un cours pour pratiquer.
J'avais déjà eu de nombreuses fois l'occasion de pratiquer avec lui dans ces occasions. Généralement nous étions trois ou quatre avec lui et il nous acceptait tous, se jouant de nous avec une déconcertante facilité. A l'époque j'étais toujours le moins expérimenté, entouré d'enseignants ou d'uchi-deshis. Nous repartions toujours lessivés et maître Tamura me donnait une ou deux indications avant de s'éclipser aussi simplement qu'il était arrivé.
Avant-hier maître Tamura accepta de travailler avec moi mais ne prit personne d'autre.
Je n'ai jamais été aussi épuisé de ma vie.

Un miroir impitoyable
Nous n'avons travaillé que des techniques fondamentales, kokyu nage, ikkyo, irimi nage et shiho nage. Au bout de quelques minutes je transpirais à grandes eaux. Après 15 mn je commençais à avoir le souffle court. Au bout de 30 mn mon corps était tétanisé par l'acide lactique notamment dans mes épaules et mes jambes.
Mon niveau est clairement limité en Aïkido. Mais j'ai une condition physique correcte. Mon cœur bat à soixante pulsations minute, je fais des séances de 700 tractions et des séries de 150 pompes. Par ailleurs je tends dans toute ma pratique à travailler sans utiliser de force et en étant relâché. Je pensais que l'ensemble me permettrait au moins de suivre sans trop de mal. Quelle erreur...
J'ai pu apprécier à quel point j'étais loin de mon objectif. Maître Tamura, tel un miroir impitoyable me mettait face à moi-même et mes tensions...

Un uchi-deshi frustré
Pendant tout le cours un uchi-deshi et un enseignant de l'Aïkikaï ont regardé maître Tamura pratiquer. A quinze minute de la fin il a invité l'uchi-deshi à pratiquer avec nous.
Les muscles brûlés par l'acide lactique je dois avouer que j'ai apprécié chaque instant de répit, aussi bref soit-il pendant que maître Tamura pratiquait avec l'uchi-deshi.
L'uchi-deshi mesurait environ un mètre quatre-vingt et devait peser dans les 80 kilos. Puissant il essayait de passer ses techniques en force. Bloqués par maître Tamura qui lui montrait l'impossibilité de passer ainsi face à un pratiquant expérimenté je sentais qu'il s'énervait.
Chose incroyable il a commencé à forcer de plus en plus, essayant même de contrer les techniques, d'amener maître Tamura au sol. L'enseignant de l'Aïkikaï le rappela sévèrement à l'ordre mais cela n'eu aucun effet.
Pratiquant alternativement ensemble tous les trois je sentais que la tension montait encore chez l'uchi-deshi. Nous avons alors commencé le travail libre. Là il a complètement disjoncté, essayant de faire des crocs en jambes, tirant et poussant, impitoyablement maîtrisé par Tamura senseï et incapable de passer la moindre technique.
Lorsque Yasuno senseï annonça la fin du cours maître Tamura souriant l'immobilisa subitement sur le ventre et s'assit sur sa tête en lui faisant une clé de bras. Pratiquant à l'arrière, tous les élèves se plaçant pour le salut furent alors témoins de la leçon qu'il venait de prendre…
Cette anecdote m'a beaucoup occupé l'esprit.
Maître Tamura aurait pu laisser l'uchi-deshi n'en faire qu'à sa guise voyant qu'il avait l'esprit fermé. Aurait-il pu lui donner une leçon moins sévère?
L'attitude de cet uchi-deshi était évidemment inadmissible. Quatrième ou cinquième dan il se devait de maîtriser ses émotions quand bien même la façon d'enseigner de Tamura senseï pouvait le frustrer. De même s'il est imaginable qu'il ait voulu "tester" cela ne devait pas devenir une bagarre de rue avec croche-pieds et autres gestes stupides dans le cadre d'un cours classique.
Maître Tamura considère qu'il a un devoir envers Osenseï et l'art qu'il a reçu de lui. J'imagine que vu la gravité de l'attitude de l'uchi-deshi et le manque de temps il a décidé de lui donner une leçon pour tenter de le remettre dans le droit chemin…
A la fin l'uchi-deshi s'est excusé et à remercié Tamura senseï. Celui-ci lui a dit qu'il fallait polir sa technique plutôt que d'essayer de passer à tout prix. J'espère que le message est passé…

Une source de motivation inépuisable
De mon côté j'ai en tout cas pris une nouvelle leçon magistrale. Le fait de voir un vieillard de 74 ans pesant 40 kilos se jouer de deux jeunes d'une trentaine d'année pesant le double de son poids et en parfaites conditions physiques mis à part, j'ai senti à quel point j'étais loin de pouvoir appliquer ce que je cherche, souplesse et relâchement.
Deux jours plus tard mon corps est plus courbaturé que jamais me rappelant à quel point face au relâchement de maître Tamura j'ai forcé en utilisant mes jambes et mes épaules. Le cours terminé mon dogi était pire qu'une serpillère. Maître Tamura par contre n'avait pas sué une goutte! Arrivé chez moi je me suis écroulé et j'ai dû dormir plusieurs heures.
Quel fossé mais aussi quelle source de motivation.
J'ai mis en ligne sur Tsubakijournal une interview de maître Tamura que j'avais faite en juin et qui était parue dans le numéro d'été du magazine Dragon.
Autre article sur maître Tamura.
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