Faiblesse des pratiquants d'Aïkido au sabre?
Suite à la publication de la vidéo de Tamura senseï au sabre, j'ai reçu un commentaire qui soulève quelques points intéressants.
Ueshiba Moriheï et Tamura Nobuyoshi
"Loin de moi l'idée de troller, mais même si le parallèle entre travail au sabre et travail à mains nues est intéressant, il faut noter la faiblesse de certains pratiquants d'aikido au sabre. Notamment dans la vidéo ci-dessus il arme en avançant, cela est particulièrement net lors du travail au ralenti.
A ce point élémentaire, on pourrait noter l'absence de menace réelle (seme), le fait d'être dominé psychologiquement par le sensei, etc.
Ma question serait de savoir enfin si l'attaque shomen est l'évocation/le symbole d'une attaque au sabre, ou si elle est une frappe à la manière d'un tsuki car il me semble que dans des formes plus anciennes de pratique le shomen n'était qu'un élément de l'attaque combiné avec une menace (aux cotes par ex.)
cdlt
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Ueshiba Moriheï et Tamura Nobuyoshi
"Loin de moi l'idée de troller, mais même si le parallèle entre travail au sabre et travail à mains nues est intéressant, il faut noter la faiblesse de certains pratiquants d'aikido au sabre."
Le niveau de nombreux pratiquants d'Aïkido aux armes est en effet souvent assez faible comparé aux pratiquants de disciplines telles que l'escrime, le Kendo, le Jodo mais aussi l'Eskrima, etc…
La première raison est que le travail aux armes est très peu abordé dans de nombreuses écoles.
La seconde raison est que, même lorsqu'il est abordé, c'est souvent pour illustrer un point, un principe, et que l'applicabilité n'est pas un point primordial.
La troisième raison… est que le travail aux armes ne s'improvise pas, et que malheureusement beaucoup de maîtres n'ont souvent que démontré sans expliquer. Si on ajoute le fait qu'il n'y a en général ni compétition ni combat, les pratiquants d'Aïkido se retrouvent à mimer une chorégraphie qu'ils n'ont jamais l'occasion de "tester". De petits décalages s'introduisent alors dans le travail, jusqu'à faire perdre tout sens à l'ensemble.
Ce sont là les principales raisons que j'entrevoie, à la faiblesse de la pratique des armes en Aïkido. Ces raisons ne sont évidemment pas des "excuses", mais des tentatives d'explications. Pour ma part le faible niveau aux armes ne me gène pas tant que l'enseignant et les pratiquants ne s'illusionnent pas et ne font pas de discours sur l'efficacité et la martialité.
Saïto Morihiro
"Notamment dans la vidéo ci-dessus il arme en avançant, cela est particulièrement net lors du travail au ralenti.
A ce point élémentaire, on pourrait noter l'absence de menace réelle (seme), le fait d'être dominé psychologiquement par le sensei, etc."
Concernant le fait d'armer en avançant, c'est une grosse erreur. Je travaille depuis des années à la corriger chez moi comme chez mes élèves, mais force est de constater que c'est bien plus facile à dire qu'à faire :D
Cela a en effet pour conséquence une absence de menace. Comme vous le notez il y a aussi effectivement souvent en Aïkido une admiration pour le maître, l'enseignant, qui font que l'on part perdant. Ce week-end encore je n'ai cessé de demander aux élèves lors d'un stage d'attaquer sur moi, dans le temps, de me donner de la difficulté. C'est la seule façon pour chacun, et en particulier l'enseignant, de progresser.
Tamura Nobuyoshi
"Ma question serait de savoir enfin si l'attaque shomen est l'évocation/le symbole d'une attaque au sabre, ou si elle est une frappe à la manière d'un tsuki car il me semble que dans des formes plus anciennes de pratique le shomen n'était qu'un élément de l'attaque combiné avec une menace (aux cotes par ex.)"
Le shomen est-il une attaque? Pour moi oui. Et très efficace lorsqu'il est bien effectué, tant aux armes qu'à mains nues. Toutefois il est vrai que lorsqu'on étudie les écoles anciennes, on découvre que souvent le shomen est un attaque qui vient à partir d'une garde haute. Le départ ne se fait donc pas de seïgan (garde de "base"). Le sabre est en haut dès la prise de garde, ou suite à d'autres mouvements qui l'y ont amené. Cela rend le travail d'autant plus difficile et intéressant pour celui qui reçoit l'attaque. Pour ma part je fais travailler mes élèves face à une attaque dont le départ est seïgan puis, lorsque le mouvement commence à être intégré, jodan.
Ueshiba Moriheï et Tamura Nobuyoshi