Les félins d'Agadir, la fierté de l'Aïkido
Brahim a eu la gentillesse de m'inviter pour une semaine de stage privée au Maroc du 8 au 15 février. Ravi de quitter la grisaille parisienne je dois avouer que je ne m'attendais à rien de particulier concernant la pratique. Je savais que le niveau serait correct car je connais l'exigence de Brahim mais je savais aussi que les experts ne sont pas nombreux à traverser la Méditerranée et que le niveau s'en ressentirait probablement.
Aïkido à Agadir
Hospitalité marocaine
La première chose qui m'a frappée lorsque nous sommes arrivés au dojo est l'extrême délicatesse de l'accueil que nous avons reçu. Les élèves et moi-même avons été accueillis par des fleurs, du thé et des pâtisseries à déguster avant le début du cours. Mais ce que je n'ai pas remarqué dans l'instant tant cela était fait avec simplicité, est le parfait respect de l'étiquette qui entourait toutes ces attentions.
Respect de l'étiquette
Le Budo commence et se termine avec la courtoisie
C'est une fois sur le tatami que j'ai remarqué le respect de l'étiquette de tous les élèves. Une chose d'autant plus flagrante que les élèves du premier cours étaient… des enfants. Je voyais exécuter des gestes tels que les saluts, le rangement des zooris avant d'entrer avec le naturel que seule permet la pratique régulière. Des gestes qui semblent simples mais sont si souvent oubliés ou réalisés l'esprit absent même par les adultes.
Remise de diplôme avec Brahim à gauche et Lahcen à droite
Brahim m'avait prévenu que je pouvais montrer n'importe quelle technique mais je gardais toutefois quelques réserves. Sentiment balayé dès les premiers instants de pratique. Le silence total était la marque d'une concentration comme… je n'en ai JAMAIS rencontré dans un dojo jusqu'à aujourd'hui, même chez les plus grands maîtres du Japon. Shizuka, mon épouse japonaise, me dit à quel point elle avait été impressionnée de retrouver l'esprit japonais en ces lieux. L'esprit japonais en effet, mais j'étais heureux qu'elle n'ai jamais assisté à un cours d'enfants de l'Aïkikaï. Quel contraste entre les marmots bruyants à la discipline plus que relative du centre mondial de l'Aïkido et ces enfants si concentrés et présents de ce dojo du bout du monde.
Enfants concentrés et présents
Une attitude irréprochable
Le cours d'enfant se déroula dans une ambiance de travail exceptionnelle qui me laissa littéralement sans voix. J'étais évidemment impatient de voir comment pratiquaient les adultes d'un dojo dont les enfants en auraient remontré par leur attitude à n'importe quel aîné de n'importe quel dojo!
Sans surprise les adultes étaient irréprochables. Silencieux et concentrés, ouverts, souples et dynamiques dans leur pratique.
Mehdi, un pratiquant exemplaire parmi tant d'autres
Au-delà de l'affection que j'ai pour lui, Brahim est l'un des adeptes que je respecte le plus. Son dojo à Boulogne est l'un des meilleurs que je connaisse et beaucoup de ses élèves ont un niveau excellent. Une des raisons pour lesquelles j'ai été surpris est que les élèves d'Agadir qui suivent son enseignement… sont encore meilleurs en moyenne que ceux qui le suivent à Paris!
Le plaisir de la pratique
Je me suis longtemps demandé ce qui faisait que les pratiquants des Félins d'Agadir étaient si bons. Je ne crois pas qu'il y ait de réponse simple mais un faisceau de raisons. Il y a tout d'abord la rencontre entre deux pratiquants passionnés, Brahim Si Guesmi et Lahcen Abachouch. La générosité de l'un, l'ouverture d'esprit de l'autre et un respect mutuel ont permis de développer une relation de confiance qui seule permet un enseignement véritable et profond.
Il y a ensuite le fait que les pratiquants marocains vivent dans des conditions bien plus difficiles que celles que l'on rencontre dans les pays plus industrialisés. Aller pratiquer demande des efforts bien plus importants qu'en Europe. C'est un privilège qui demande un engagement personnel. Même la plupart des enfants y sont probablement conscients de la chance qu'ils ont comparé à certains de leurs camarades qui vivent dans le dénuement le plus total et dont la rue est le seul terrain de jeu. Quelle différence avec les enfants parisiens qui viennent si souvent l'esprit absent, fatigués avant d'avoir commencé et déçus de devoir quitter leurs téléphones portables et leurs consoles…
Concernant l'aspect physique de la pratique je crois qu'une chose qui fait la différence est la façon dont les gens ont grandis. Tandis que dans les pays industrialisés la plupart des adultes se sont développés en n'ayant que des activités physiques limitées, spécialisées, ceux du Maghreb ont souvent grandi en jouant plus "simplement", "naturellement". On retrouve là une des théories de Kono senseï qui pense que c'est une des raisons pour lesquelles les Mongols sont très présents au plus haut niveau du Sumo. La moyenne des pratiquants marocains était en tout cas plus souple, puissante et dynamique que ceux que j'ai rencontrés jusqu'à présents.
Brahim, un enseignement généreux et profond
La fierté de l'Aïkido
La semaine que j'ai passée au Maroc a été un véritable moment de bonheur. Grâce à Brahim dont l'accueil et la disponibilité ont été une leçon de générosité. Mais surtout grâce à tous les pratiquants des Félins d'Agadir et des autres dojos qui sont venus pratiquer avec nous. Merci à tous pour votre accueil mais surtout pour cette leçon d'humilité. Si un jour je me retrouve à déprimer en voyant une attitude déplacée ou un manque d'investissement, je sais que votre souvenir me redonnera le moral!
Un souvenir qui donne le moral
Lorsque j'ai débuté l'article je pensais l'intituler "Les félins d'Agadir, la fierté de l'Aïkido marocain". Mais il m'est apparu évident que ces pratiquants ne formaient pas le meilleur dojo du Maroc, mais tout simplement l'un (le?) des meilleurs dans lesquels j'ai pratiqué jusqu'à aujourd'hui. Bravo Brahim, bravo Lahcen et merci!
Merci Brahim, merci Lahcen ;-)