Sentō à Nagasaki, un voyage dans le temps…
Les sentōs sont les bains publics japonais. Un article de Wikipédia présente de façon claire et détaillée ces établissements et je vous invite à y jeter un œil si le sujet vous intéresse.
Sentō, bain public japonais
Brève présentation des sentōs, bains publics japonais
Les sentōs actuels sont très proches de ceux de l'ère Meïji (1867/1912) et sont restés quasiment inchangés depuis l'époque Taisho (1912/26). Aujourd'hui ils consistent grossièrement en un ou deux bains et de quelques rangés de robinets proches du sol, généralement accompagnés de pommes de douches à hauteur de tête d'une personne assise.
Un ou deux bains, quelques rangés de robinets accompagnés de pommes de douches
Actuellement les sentōs sont divisés en deux parties, une pour les hommes et une pour les femmes. La séparation est occasionnellement faite d'un mur allant jusqu'au plafond, mais il fait souvent simplement 2m de hauteur (le plafond étant généralement situé à 3 ou 4m).
A 42° l'eau des bains japonais est considérée comme très chaude par la plupart des occidentaux.
Comment j'ai renoué avec les sentōs
Mes premiers contacts avec les sentōs ont eu lieu durant mon enfance lors des voyages que j'avais faits au Japon avec mes parents. Lorsque je suis retourné y vivre à 24 ans je n'avais pas de souvenirs précis et je ne pensais pas y remettre les pieds, les appartements actuels disposant tous, à de très rares exceptions, d'une salle de bains. C'était sans compter que, sans un sou, j'allais me retrouver à travailler sur des chantiers.
L'une des principales caractéristiques du Japon est la mutation permanente et rapide du pays. Certains métiers pourtant, gardent plus que d'autres le goût des traditions et un fonctionnement quasi archaïque. C'est le cas des métiers du bâtiment et c'est ainsi que je me suis retrouvé, après d'éprouvantes journées de travail, à aller au sentō avec mes collègues.
J'avoue que c'est sans comprendre la nécessité d'aller au bain public lorsqu'on dispose de tout le nécessaire chez soi que j'y suis retourné. Ma première visite m'a convaincu de la différence.
Tout d'abord les sentōs offrent de l'espace. Cela n'a l'air de rien mais dans un pays comme le Japon où la place est comptée cela est un véritable luxe. Mais il y a aussi et surtout l'aspect convivial. Le sentō est un lieu social où l'on peut nouer des liens dans une ambiance détendue et informelle. Même si dans l'archipel les conventions ne sont jamais très loin…
Devanture d'un sentō
Sentō à Nagasaki
Je termine actuellement mon séjour estival d'un mois au Japon par quelques jours chez mes beaux-parents à Nagasaki. L'occasion de respirer un peu après quatre semaines intenses et notamment de pouvoir réécrire à nouveau sur Budo no Nayami.
Malheureusement j'appris en arrivant que la douche et le bain ne fonctionnaient pas. Avec une température extérieure de 35° et plus de 70% d'humidité j'avoue que la nouvelle ne me réjouis pas particulièrement… C'est alors que mon beau-père me proposa d'aller au sentō.
Le sentō, un lieu populaire qui tend à disparaître
Voyage dans le temps
Contrairement à l'image d'Epinal je m'entends bien avec mes beaux-parents. Mais le moment que j'ai partagé avec mon beau-père au sentō restera pour moi un souvenir cher. Nous nous sommes rendus à un bain dans une ruelle obscure que je n'avais jamais remarqué, à quelques centaines de mètres de la maison. Ecoutant mon beau-père égrener ses souvenirs le long du trajet j'avais l'impression de remonter dans le temps. Cela faisait plus de trente ans qu'il n'était pas allé au sentō…
Photographie de Julia Baier qui a réalisé un projet sur les sentōs
Pour moi cela faisait moins de cinq ans mais j'avais l'impression que cela faisait une éternité. Dans l'intervalle j'étais allé très souvent dans les onsens, sources thermales, mais même si j'adore ces endroits le plaisir y est autre car l'ambiance y est différente. Plus calme, propice à l'introspection mais moins populaire, moins chaleureuse.
J'ai vraiment apprécié ce voyage dans le temps, celui de mon beau-père, du Japon, le mien, et j'ai regretté d'apprendre que la salle de bains familiale fonctionnait à nouveau. Mais c'est certain, cette fois je ne laisserai pas cinq ans passer avant de retourner au sentō.
Allez, je vous laisse, je retourne au bain ;-)