Entretien avec Shimizu senseï (8): les limites de la transmission
Le maître peut-il tout transmettre?
Je pense qu'il y a des choses que l'on ne peut transmettre et que l'élève devra expérimenter et découvrir lui-même.
Le maître est une référence. Il transmet les bases sur lesquelles l'élève développera son art, sa propre façon de faire.
J'ai eu la chance de recevoir beaucoup du Fondateur. Mais nos corps, nos réflexions, nous sont personnelles. Même si l'on veut ressembler ou imiter quelqu'un, il y aura toujours des différences. Il y a donc une partie de l'Aïkido de Ueshiba Moriheï qui a disparue avec lui.
L'essence de ma pratique est l'enseignement que j'ai reçu d'Osenseï. C'est sur ces fondations que s'est développé mon Aïkido. Et c'est ainsi pour chacun. Il nous est impossible de reproduire exactement l'art d'une personne. Mais nous pouvons, nous devons respecter les fondements que nous recevons de nos maîtres. Leur pratique reste ainsi la base de la nôtre.
Quelles sont les limites de la transmission? Un savoir peut-il être transmis dans son intégralité ou reste-t-il une part que l'élève devra découvrir seul, que l'on ne peut enseigner?
Je pense comme Shimizu senseï qu'il y a des choses que l'on ne peut transmettre. C'est pourquoi même dans les ryus le contenu technique évolue avec le temps. C'est pourquoi même les maîtres qui ont mis la perpétuation du travail de leur maître au cœur de leur pratique présentent des différences avec leur enseignant. Comme le souligne maître Shimizu "Il y a donc une partie de l'Aïkido de Ueshiba Moriheï qui a disparue avec lui.".
Pourtant "Le maître est une référence.", ainsi, même si les formes peuvent évoluer, l'esprit de l'école perdure. Il ne fait aucun doute à mes yeux que la très large majorité des pratiquants d'Aïkido se retrouve dans le message d'Osenseï. Même si l'expression technique de leur maître s'est éloignée de celle du Fondateur.
Cela me rappelle à nouveau les paroles de Suga senseï:
"Shu, ha et ri sont trois étapes qui sont suivis par les voies traditionnelles japonaises classiques. En simplifiant on peut dire que shu correspond à l'intégration, c'est une période où l'élève travaille dans une imitation totale de son maître. Ha est la période "destructrice". L'élève travaille dans des directions parfois opposées à celle de son maître et fais le maximum d'expériences possibles afin de s'approprier ce qu'il a reçu dans l'étape précédente. Finalement le dernier stade, ri, est l'expression véritable de l'art que l'élève, devenu maître à son tour, a développé. Il est au-delà de la dualité et ne cherche ni à imiter ni à se différencier. Il est devenu son art et l'art s'exprime spontanément à travers lui. C'est l'état qu'a atteint aujourd'hui Tamura senseï dans sa pratique de l'Aïkido."
Osenseï eu de nombreux élèves qui devinrent des géants du Budo. Parmi eux certains s'affranchirent notablement de la forme qu'ils avaient reçus de lui tels que Tomiki senseï, Nishio senseï, Yamaguchi senseï, Noro senseï, Tamura senseï ou Saotome senseï, tandis que d'autres y restèrent plus fidèles tels Hikitsuchi senseï, Saïto senseï ou Shimizu senseï. La majeure partie se retrouvant sans doute de façon moins marquée entre ces deux tendances.
A mes yeux chacun d'entre eux exprime tout simplement l'Aïkido.
Shimizu senseï donnera un stage en France les 27 et 28 février.
Note: Ces entretiens font partie d'une nouvelle série enregistrée. Il est possible que des erreurs se soient glissées dans mes retranscriptions mais j'ai pensé que l'intérêt des réponses dépassait le risque de mes fautes. Je prie les lecteurs de considérer ces entretiens comme des conversations rapportées qui pourront nourrir des réflexions et non comme paroles d'évangiles.
Je pense qu'il y a des choses que l'on ne peut transmettre et que l'élève devra expérimenter et découvrir lui-même.
Le maître est une référence. Il transmet les bases sur lesquelles l'élève développera son art, sa propre façon de faire.
J'ai eu la chance de recevoir beaucoup du Fondateur. Mais nos corps, nos réflexions, nous sont personnelles. Même si l'on veut ressembler ou imiter quelqu'un, il y aura toujours des différences. Il y a donc une partie de l'Aïkido de Ueshiba Moriheï qui a disparue avec lui.
L'essence de ma pratique est l'enseignement que j'ai reçu d'Osenseï. C'est sur ces fondations que s'est développé mon Aïkido. Et c'est ainsi pour chacun. Il nous est impossible de reproduire exactement l'art d'une personne. Mais nous pouvons, nous devons respecter les fondements que nous recevons de nos maîtres. Leur pratique reste ainsi la base de la nôtre.
Quelles sont les limites de la transmission? Un savoir peut-il être transmis dans son intégralité ou reste-t-il une part que l'élève devra découvrir seul, que l'on ne peut enseigner?
Je pense comme Shimizu senseï qu'il y a des choses que l'on ne peut transmettre. C'est pourquoi même dans les ryus le contenu technique évolue avec le temps. C'est pourquoi même les maîtres qui ont mis la perpétuation du travail de leur maître au cœur de leur pratique présentent des différences avec leur enseignant. Comme le souligne maître Shimizu "Il y a donc une partie de l'Aïkido de Ueshiba Moriheï qui a disparue avec lui.".
Pourtant "Le maître est une référence.", ainsi, même si les formes peuvent évoluer, l'esprit de l'école perdure. Il ne fait aucun doute à mes yeux que la très large majorité des pratiquants d'Aïkido se retrouve dans le message d'Osenseï. Même si l'expression technique de leur maître s'est éloignée de celle du Fondateur.
Cela me rappelle à nouveau les paroles de Suga senseï:
"Shu, ha et ri sont trois étapes qui sont suivis par les voies traditionnelles japonaises classiques. En simplifiant on peut dire que shu correspond à l'intégration, c'est une période où l'élève travaille dans une imitation totale de son maître. Ha est la période "destructrice". L'élève travaille dans des directions parfois opposées à celle de son maître et fais le maximum d'expériences possibles afin de s'approprier ce qu'il a reçu dans l'étape précédente. Finalement le dernier stade, ri, est l'expression véritable de l'art que l'élève, devenu maître à son tour, a développé. Il est au-delà de la dualité et ne cherche ni à imiter ni à se différencier. Il est devenu son art et l'art s'exprime spontanément à travers lui. C'est l'état qu'a atteint aujourd'hui Tamura senseï dans sa pratique de l'Aïkido."
Osenseï eu de nombreux élèves qui devinrent des géants du Budo. Parmi eux certains s'affranchirent notablement de la forme qu'ils avaient reçus de lui tels que Tomiki senseï, Nishio senseï, Yamaguchi senseï, Noro senseï, Tamura senseï ou Saotome senseï, tandis que d'autres y restèrent plus fidèles tels Hikitsuchi senseï, Saïto senseï ou Shimizu senseï. La majeure partie se retrouvant sans doute de façon moins marquée entre ces deux tendances.
A mes yeux chacun d'entre eux exprime tout simplement l'Aïkido.
Ueshiba Moriheï, fondateur de l'Aïkido, entouré de certains de ses disciples les plus célèbres
(second à partir de la gauche Shimizu Kenji, troisième Saotome Mitsugi, quatrième Kanaï Mitsunari, cinquième Toheï Akira, sixième Kisshomaru Ueshiba)
(second à partir de la gauche Shimizu Kenji, troisième Saotome Mitsugi, quatrième Kanaï Mitsunari, cinquième Toheï Akira, sixième Kisshomaru Ueshiba)
Shimizu senseï donnera un stage en France les 27 et 28 février.
Attention, merci d'envoyer les préinscriptions avant le 20 février!
Note: Ces entretiens font partie d'une nouvelle série enregistrée. Il est possible que des erreurs se soient glissées dans mes retranscriptions mais j'ai pensé que l'intérêt des réponses dépassait le risque de mes fautes. Je prie les lecteurs de considérer ces entretiens comme des conversations rapportées qui pourront nourrir des réflexions et non comme paroles d'évangiles.
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