Okamoto Seïgo, documentaire de la télévision japonaise
Je suis tombé récemment sur Youtube sur une vidéo que je ne connaissais pas d'Okamoto senseï. Il s'agit d'une émission télévisée japonaise tournée il y a onze ans. Okamoto shihan, 73 ans à l'époque, y est encore en pleine possession de ses moyens. Le principe de l'émission est assez classique au Japon. Un présentateur va à la découverte de quelque chose qu'il teste. Deux parties de l'émission sont disponibles sur le net et elles sont assez agréables à regarder.
Première partie
Dans cette partie le présentateur, 1m80, 85kg, teste plusieurs techniques. Dans la première il fait partie d'une chaîne humaine. Lorsqu'il chute les co-présentateurs l'accusent de complaisance et il explique alors que, ne comprenant pas ce qui s'était passé, il a demandé à subir à nouveau la technique. Le résultat est similaire bien qu'il explique qu'il tenait fermement et avait les pieds ancrés dans le sol.
Paradoxalement tenir fort est un moyen de réaliser les techniques plus facilement, l'être humain ayant des difficultés à exercer une force dans plusieurs directions. Cela rend en outre toute réaction beaucoup plus difficile. C'est aussi quelque chose qui impressionne au plus haut point les spectateurs mais aussi souvent ceux qui reçoivent la technique, surtout s'ils ne sont pas familiers avec ce type d'exercice.
Okamoto senseï lui demande d'ailleurs de résister plus encore à 2,46 lorsqu'il effectue une autre technique sur lui.
A 2,54 le présentateur explique qu'il reçoit la technique dans la main qui saisie mais que la sensation est que quelqu'un le tire par l'épaule opposée. Okamoto senseï lui explique alors en décomposant comment le déséquilibre est créé. Il explique qu'il s'agit d'amener l'attention vers l'avant avant de projeter vers l'arrière.
La technique qui débute à 3,33 est particulièrement intéressante. Je me souviens que lorsque je vivais en France, après plusieurs mois sans avoir vu Asobu, il me fit la même technique dans la rue lorsque je le revis au Japon. Je ne l'avais jamais vue et sans que l'effet soit aussi prononcé ma main s'est retrouvée "collée" à la sienne et je me suis senti déséquilibré.
Bien entendu il s'agit du type de technique qu'il est relativement facile de bloquer lorsqu'on sait ce qui va arriver et que l'on ne veut pas jouer le jeu. Ce type de travail demande donc une compréhension claire de ce qui doit être ressenti et de ce qui est recherché. C'est à mon avis une des raisons pour laquelle Okamoto senseï fait sentir directement la technique à chaque élève avant que le travail entre partenaires ne débute.
La technique à 5,13 est très drôle car les co-présentateurs s'écrient qu'ils ne peuvent y croire.
Un point intéressant est de noter que le corps du présentateur qui ne semble pas du tout pratiquer les arts martiaux ni même savoir chuter se retrouve dans les mêmes positions et les mêmes angles que les élèves. Une légère différence est visible à 4,00 où on le voit essayer de récupérer son équilibre en s'enfuyant de la technique. Il faut toutefois noter que cela semble possible car Okamoto senseï a arrêté son mouvement.
Seconde partie
La seconde partie de la vidéo présente des tentatives d'explications par deux scientifiques universitaires et Takaoka Hideo, chercheur martial. Les explications sont simples, démontrant d'abord l'importance de la longueur du bras de levier, de l'élévation du centre de gravité, du fait d'amener celui-ci sur une ligne verticale se trouvant non pas à l'aplomb mais devant les pieds.
Takaoka Hideo démontre ensuite pourquoi Okamoto senseï arrive à monter les bras aussi facilement. Il explique que quand on vient saisir on fait inconsciemment un présupposé et on donne une direction particulière à la force dans le sens où l'on suppose que l'opposition va s'exercer. Un des "secrets" est donc d'agir dans une direction différente de celle qui est attendue.
Une théorie "scientifique" explique ensuite pourquoi la saisie est conservée pendant la technique. Le temps de réaction du corps humain pour relâcher un muscle contracté étant d'environ 0,3s mais le déséquilibre étant obtenu en 0,2s par Okamoto senseï, le uke ne peut réagir efficacement.
Cela dit cela implique qu'il y ait eu contraction de l'attaquant. C'est à mon sens une des raisons pour laquelle Kuroda senseï ou Hino senseï, entre autres, insistent sur le fait de ne jamais saisir ni mettre de force. Bien entendu il est possible de "créer" cette réaction chez le uke.
A partir de 6,53 Takaoka explique un travail qui, à mon sens, démontre qu'une technique ne peut-être enseignée efficacement de façon décomposée. La compréhension que l'on croit en avoir en la fractionnant se faisant au détriment de sa maîtrise réelle, son efficacité dépendant d'un facteur temps.
Le présentateur me semble résumer le travail d'Okamoto senseï: "C'est incroyable mais on est obligé de le croire." dit-il après avoir expérimenté.
Première partie
Dans cette partie le présentateur, 1m80, 85kg, teste plusieurs techniques. Dans la première il fait partie d'une chaîne humaine. Lorsqu'il chute les co-présentateurs l'accusent de complaisance et il explique alors que, ne comprenant pas ce qui s'était passé, il a demandé à subir à nouveau la technique. Le résultat est similaire bien qu'il explique qu'il tenait fermement et avait les pieds ancrés dans le sol.
Paradoxalement tenir fort est un moyen de réaliser les techniques plus facilement, l'être humain ayant des difficultés à exercer une force dans plusieurs directions. Cela rend en outre toute réaction beaucoup plus difficile. C'est aussi quelque chose qui impressionne au plus haut point les spectateurs mais aussi souvent ceux qui reçoivent la technique, surtout s'ils ne sont pas familiers avec ce type d'exercice.
Okamoto senseï lui demande d'ailleurs de résister plus encore à 2,46 lorsqu'il effectue une autre technique sur lui.
A 2,54 le présentateur explique qu'il reçoit la technique dans la main qui saisie mais que la sensation est que quelqu'un le tire par l'épaule opposée. Okamoto senseï lui explique alors en décomposant comment le déséquilibre est créé. Il explique qu'il s'agit d'amener l'attention vers l'avant avant de projeter vers l'arrière.
La technique qui débute à 3,33 est particulièrement intéressante. Je me souviens que lorsque je vivais en France, après plusieurs mois sans avoir vu Asobu, il me fit la même technique dans la rue lorsque je le revis au Japon. Je ne l'avais jamais vue et sans que l'effet soit aussi prononcé ma main s'est retrouvée "collée" à la sienne et je me suis senti déséquilibré.
Bien entendu il s'agit du type de technique qu'il est relativement facile de bloquer lorsqu'on sait ce qui va arriver et que l'on ne veut pas jouer le jeu. Ce type de travail demande donc une compréhension claire de ce qui doit être ressenti et de ce qui est recherché. C'est à mon avis une des raisons pour laquelle Okamoto senseï fait sentir directement la technique à chaque élève avant que le travail entre partenaires ne débute.
La technique à 5,13 est très drôle car les co-présentateurs s'écrient qu'ils ne peuvent y croire.
Un point intéressant est de noter que le corps du présentateur qui ne semble pas du tout pratiquer les arts martiaux ni même savoir chuter se retrouve dans les mêmes positions et les mêmes angles que les élèves. Une légère différence est visible à 4,00 où on le voit essayer de récupérer son équilibre en s'enfuyant de la technique. Il faut toutefois noter que cela semble possible car Okamoto senseï a arrêté son mouvement.
Seconde partie
La seconde partie de la vidéo présente des tentatives d'explications par deux scientifiques universitaires et Takaoka Hideo, chercheur martial. Les explications sont simples, démontrant d'abord l'importance de la longueur du bras de levier, de l'élévation du centre de gravité, du fait d'amener celui-ci sur une ligne verticale se trouvant non pas à l'aplomb mais devant les pieds.
Takaoka Hideo démontre ensuite pourquoi Okamoto senseï arrive à monter les bras aussi facilement. Il explique que quand on vient saisir on fait inconsciemment un présupposé et on donne une direction particulière à la force dans le sens où l'on suppose que l'opposition va s'exercer. Un des "secrets" est donc d'agir dans une direction différente de celle qui est attendue.
Une théorie "scientifique" explique ensuite pourquoi la saisie est conservée pendant la technique. Le temps de réaction du corps humain pour relâcher un muscle contracté étant d'environ 0,3s mais le déséquilibre étant obtenu en 0,2s par Okamoto senseï, le uke ne peut réagir efficacement.
Cela dit cela implique qu'il y ait eu contraction de l'attaquant. C'est à mon sens une des raisons pour laquelle Kuroda senseï ou Hino senseï, entre autres, insistent sur le fait de ne jamais saisir ni mettre de force. Bien entendu il est possible de "créer" cette réaction chez le uke.
A partir de 6,53 Takaoka explique un travail qui, à mon sens, démontre qu'une technique ne peut-être enseignée efficacement de façon décomposée. La compréhension que l'on croit en avoir en la fractionnant se faisant au détriment de sa maîtrise réelle, son efficacité dépendant d'un facteur temps.
Le présentateur me semble résumer le travail d'Okamoto senseï: "C'est incroyable mais on est obligé de le croire." dit-il après avoir expérimenté.
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