Nakama Taïkaï, votre succès. Merci
Un nouveau week-end de stage se termine. Douze heures de pratique et d'enseignement de plus. Mais ce stage n'était pas comme les autres car, bien au-delà de quelques heures consacrées à transmettre ou perfectionner sa technique, c'était un moment de solidarité et de compassion.
11 mars 2011
Le 11 mars 2011 le Japon a subi le plus grand tremblement de terre de son histoire et l'un des plus puissants de tous les temps. En quelques instants des milliers de personnes ont péri englouties, noyées, broyées…
Instantanément plusieurs centaines de milliers de personnes se sont retrouvées sans abri, sans nourriture et sans chaleur dans le froid de l'hiver.
Les estimations actuelles portent à 20 000 le nombre de morts et disparus.
Aujourd'hui et malgré l'épée de Damoclès qu'est la centrale de Fukushima le Japon relève la tête, mais il souffrira encore et longtemps des blessures de ce 11 mars…
La compassion des budokas
Face à la douleur du peuple japonais comme à celle de tout homme qui souffre, nul ne peut et ne doit rester indifférent. Toutefois notre vie, nos expériences, nos affinités nous portent à être plus sensibles à certains drames qu'à d'autres.
Les pratiquants d'arts martiaux japonais développent fréquemment une curiosité pour la civilisation et le peuple qui a créé les disciplines qu'ils poursuivent et qui occupent une part importante de leur vie. Le temps passant cet intérêt se développe souvent en une affinité, une inclination pour le Japon et ses habitants. Aujourd'hui beaucoup de Budokas qui se sentent liés à ce pays vivent au rythme des informations provenant de l'archipel, espérant à chaque fois que les nouvelles vont enfin être bonnes.
Les Budokas sont des hommes de compassion mais aussi des hommes d'action. Ne pouvant se contenter de paroles ils pratiquent jour après jour afin de pouvoir agir dans l'instant lorsque la nécessité l'exige.
Une action décisive
Lorsque j'ai eu l'esprit libéré de mes inquiétudes concernant certains proches j'ai immédiatement décidé d'organiser un Nakama Taïkaï. Un événement de cette ampleur ne pouvait être mis en route en une journée. Il le fut en quelques heures.
Chaque personne que j'ai contactée m'a donné une réponse décisive et claire dans l'instant permettant au Taïkaï d'être lancé rapidement et efficacement.
Isseï qui nous accueilla dans son dojo d'Herblay
Votre succès
Le Nakama Taïkaï a permis de réunir 5 000€ avec environ 150 participants.
Durant deux jours 8 enseignants et 150 pratiquants se sont réunis durant 12 heures afin d'encourager le Japon et faire un geste financier. La plupart n'entendront jamais parler de ces deux jours de partage et on ne peut espérer que 5 000€ ne soient autre chose qu'une goutte d'eau dans un océan de besoin. Mais je crois profondément que chaque geste compte et beaucoup de japonais, pratiquants ou pas, m'ont contacté afin de remercier tous les participants. Je pense particulièrement à une femme qui vit dans un camp de rescapés qui a découvert cette initiative sans que je lui en parle et qui en était profondément émue. Je pense aussi aux maîtres qui ont été particulièrement touchés par ce geste.
Lorsque l'on vit un drame de cette ampleur il existe des besoins matériels énormes. Mais il y a aussi un besoin de soutien, de solidarité et d'encouragement. De compassion tout simplement… Au-delà des quelques milliers d'euros c'est surtout cela je crois qui a été le succès de ce week-end.
Brahim Si Guesmi, compassion, joie et encouragement
L'émotion
Il y a eu des moments d'émotion forts durant ce week-end, notamment lors des minutes de silence qu'ont voulu les enseignants. Le moment le plus intense pour moi fut la minute du dimanche matin.
Quelques instants plus tôt je regardais la télévision japonaise, la NHK, en prenant mon petit déjeuner, et les reportages sur les zones dévastées se succédaient. L'un deux où l'on voyait une cérémonie de remise de diplôme de fin de lycée m'avait ému aux larmes. Il y avait les discours poignants des élèves mais surtout cet homme d'âge mur aligné parmi les étudiants. Digne et silencieux il tenait entre ses mains la photo de son fils décédé qu'il représentait. A l'heure où j'écris ces lignes je ne peux retenir mes larmes en le revoyant monter sur l'estrade recevoir le diplôme à sa place, le visage ravagé par la douleur…
Christophe Martin qui enseigna l'Aunkaï en compagnie de Tanguy Le Vourch
Le plaisir de partager
Mais le Nakama Taïkaï fut aussi un moment de joie et de partage autour des disciplines que nous ont transmis les japonais. J'ai apprécié les cours des amis avec qui je partage beaucoup de conceptions de la pratique, mais aussi ceux des experts avec qui je n'avais jamais travaillé comme Alain Floquet et Rémi Hourdequin du dojo Tenchi. Le Taïkaï m'a permis de pratiquer pour la première fois leurs écoles, l'Aïkibudo et l'Aïkido Iwama ryu. J'ai pris beaucoup de plaisir à jouer le jeu et ils ont tous deux été très généreux en répondant à mes nombreuses questions.
Léo Tamaki
Alain Floquet, un homme qui fait la différence
Je connaissais maître Floquet depuis quelques années et nous avions toujours eu des relations cordiales. Lorsque je l'ai contacté afin de lui proposer de participer au Nakama Taïkaï je dois avouer que je n'avais pas grand espoir car je sais que le calendrier d'experts de ce niveau est très chargé. Comme je l'imaginais il donnait déjà un stage ce week-end. Pourtant maître Floquet fit le nécessaire pour se libérer et fit passer le message à tous les pratiquants d'Ile de France de son école grâce à ses assistants. Lorsqu'il arriva samedi après-midi il était accompagné au bas mot… de soixante pratiquants!
Floquet senseï présenta avec générosité et de façon très vivante sa discipline. Pour avoir eu le plaisir de lui servir d'uke plusieurs fois je peux assurer que sa technique est de très haut niveau et j'invite tous les pratiquants d'Aïkido à aller le rencontrer si ils en ont l'occasion.
Encore un grand merci à maître Floquet pour sa générosité humaine et technique. Le Taïkaï n'aurait en aucun cas eu le même succès sans sa présence.
Merci à tous
Je voudrais enfin remercier tous et chacun pour avoir fait le déplacement et un geste de solidarité. Si certains avaient la chance d'être proches d'Herblay beaucoup sont venus de loin en Ile de France mais aussi de province. Je pense aux pratiquants de Limoges, Belfort, Clermont Ferrand, Rennes, Brest et j'en oublie qui ont fait le déplacement.
Merci à tous les enseignants pour leur temps, leur générosité et leur enseignement.
Merci à Isseï et ses élèves qui ont mis à disposition leur magnifique dojo et leur chaleureux accueil.
Merci à tous pour les gestes financiers. De 5 à 300€ chacun a fait ce qu'il a pu selon ses moyens dans une période qui est financièrement très dure pour beaucoup. Merci aux nombreux clubs qui ont fait des dons.
Merci aux nombreux enseignants qui sont venus accompagnés de leurs élèves.
Merci à tous ceux qui ont tenus à faire un geste malgré leur absence, merci à ceux qui sont venus faire un don alors qu'il ne pouvaient pas pratiquer à cause d'une blessure ou d'un emploi du temps trop chargé.
Merci à tous les bloggeurs qui ont relayé l'info ;-)
Merci à Sébastien pour sa réactivité et l'affiche.
J'en oublie sûrement avec honte et je les prie de m'excuser.
Du fond du cœur merci à tous.