Kishinkaï Aïkido; dans, kyus et shikens
Le bref texte qui suit a été écrit il y a quelques années lors de la structuration de l'école Kishinkaï d'Aïkido. Il est destiné à éclairer ce que signifie un grade, et les attentes qui y sont liées. Je souhaite à l'avenir donner des éléments supplémentaires sur ce sujet aux élèves et enseignants. D'ici là, il donne déjà quelques éléments de réflexion aux pratiquants.
L'Aïkido est un Budo, une Voie martiale. Si chacun peut l'emprunter avec des objectifs différents, on ne peut avancer efficacement sans apprendre à se connaître, savoir évaluer ses capacités, ses progrès et ses lacunes. Pour cela, le passage de grade, shiken, est un outil particulièrement intéressant lorsqu'il est utilisé à bon escient, et peut être une intéressante source de progrès en raison de ses exigences particulières.
Qu'est-ce qu'un grade ?
Il existe deux types de grades en Kishinkaï Aïkido, les kyus et les dans.
Les grades kyus permettent de reconnaître l'acquisition d'une connaissance formelle des techniques.
Si les grades dans intègrent un aspect technique, ils sont aussi la reconnaissance du chemin parcouru par l'élève, et des efforts fournis dans son cheminement.
Quelle est la valeur d'un grade ?
La valeur d'un grade est une question d'appréciation personnelle. Elle est liée au respect que les personnes portent à l'école et à l'enseignant qui les a délivrés.
Attention, aucun grade, qu'il s'agisse de kyus ou de dans, ne peut être considéré comme une mesure objective permettant de se comparer à autrui.
Quel est l'intérêt d'un grade ?
Un grade en soi ne sert à rien. En revanche, tout le processus qui mène à son obtention, de la préparation à son examen, peut être très utile dans la progression.
L'Aïkido étant une discipline non-compétitive, les examens sont des situations sortant de l'ordinaire qui permettent au pratiquant de mesurer leurs progrès face à la gestion du stress et de l'imprévu.
Les passages de grades nécessitent en outre d'étudier l'ensemble du catalogue technique de la discipline, et de ne pas se cantonner aux éléments qui ont notre préférence.
Ils permettent aussi au professeur de voir le travail de l'élève de façon globale, et de noter des éléments qui auraient pu lui échapper dans les cours habituels. Ils sont ainsi l'occasion de recevoir des conseils précis sur les éléments à travailler dans le futur.
Kyus
Les kyus sont les grades que l'on passe avant la ceinture noire. Ils sont au nombre de huit.
Un pratiquant débutant l'Aïkido est appelé "mukyu", sans kyus. Il passe ensuite ces niveaux dans l'ordre décroissant, du 8ème au 1er kyu. Les pratiquants de niveau kyu portent généralement une ceinture blanche.
8ème kyu = hachikyu
7ème kyu = nanakyu
6ème kyu = rokkyu
5ème kyu = gokyu
4ème kyu = yonkyu
3ème kyu = sankyu
2ème kyu = nikyu
1er kyu = ikkyu
Les examens de kyus ont lieu au dojo où l'on pratique de façon régulière. Le détail et l'ordre d'apprentissage des connaissances sont à l'appréciation de l'enseignant, tout en sachant qu'une personne ayant obtenu le premier kyu est supposée connaître l'ensemble du catalogue technique du Kishinkaï.
Pour les grades kyus, le pratiquant apprendra à connaître les principes techniques sous-jacents à un mouvement, et qui sont invariables quelle que soit l'attaque. Il apprendra en parallèle à connaître les spécificités qui sont liée à chaque attaque.
Dans
Les dans sont les différents niveaux de ceinture noire. Il en existe huit. Ils s'obtiennent en ordre croissant, du 1er au 8ème dan. Les yudanshas, pratiquants de niveau dan, portent traditionnellement le kuro-obi, la ceinture noire.
1er dan = shodan
2ème dan = nidan
3ème dan = sandan
4ème dan = yodan
5ème dan = godan
6ème dan = rokudan
7ème dan = nanadan
8ème dan = hachidan
Les examens de dans ont lieu à l'occasion de stages.
Toute personne se présentant à un examen dan, quel qu'en soit le niveau, est supposée connaître l'ensemble du catalogue du Kishinkaï.
Pour les grades dans, le pratiquant devra être capable de présenter les principes techniques et les spécificités liées aux attaques. Au fur et à mesure de sa progression, il est attendu qu'il soit capable de faire vivre ces éléments, et de les exprimer librement.
Temps de pratique entre les grades
Le temps de pratique nécessaire à l'obtention d'un grade n'est pas fixe, et les chiffres qui suivent sont donnés à titre indicatif. Ils permettent toutefois de mesurer l'investissement habituel nécessaire. Les chiffres correspondent aux heures de pratique. Un élève pratiquant régulièrement au dojo et en stages fait en moyenne 200 heures par an.
1er dan (shodan) = 300 heures après le ikkyu
2ème dan (nidan) = 600 heures après le shodan
3ème dan (sandan) = 900 heures après le nidan
4ème dan (yodan) = 1 200 heures après le sandan
5ème dan (godan) = 1 500 heures après le yodan
6ème dan (rokudan) = 1 800 heures après le godan
7ème dan (nanadan) = 2 100 heures après le rokudan
8ème dan (hachidan) = 2 400 heures après le nanadan
8ème kyu (hachikyu) = 10 heures après le début de la pratique
7ème kyu (nanakyu) = 10 heures après le hachikyu
6ème kyu (rokkyu) = 20 heures après le nanakyu
5ème kyu (gokyu) = 20 heures après le rokkyu
4ème kyu (yonkyu) = 40 heures après le gokyu
3ème kyu (sankyu) = 40 heures après le yonkyu
2ème kyu (nikyu) = 80 heures après le sankyu
1er kyu (ikkyu) = 140 après le nikyu
Voici quelques textes pour approfondir le sujet des grades :
"Relativisons", le regard de Christain Tissier sur les grades
Attention, aucun grade, qu'il s'agisse de kyus ou de dans, ne peut être considéré comme une mesure objective permettant de se comparer à autrui.