Nouvelle vidéo de Hino Akira senseï, seichusen, intention...
J'avais déjà abordé certains exercices travaillés lors des stages de Hino senseï en septembre 08 ici et ici. Voici un extrait d'un DVD des cours qu'il donna lors du week-end.
(Le DVD n'est pas encore terminé et je donnerai toutes les informations nécessaires ici lorsqu'il le sera.)
La technique que l'on voit dans cette vidéo m'avait beaucoup intéressée pour le travail sur l'intention et le seichusen qu'elle permettait.
Ne pas réfléchir ou mushin, "l'esprit vide"
Au début de l'extrait Hino senseï explique qu'il ne faut pas réfléchir. Cela semble une évidence pour beaucoup mais de nombreux Aïkidoka ne font jamais cette expérience car la façon de pratiquer (l'étude de formes, très peu de travail libre et absence de combats) permet de l'éviter. En revanche des pratiquants de sports de combats expérimentent plus souvent cet état.
Dans le cas de cette technique, la pensée consciente empêche de sentir l'intention du partenaire. Bien sûr il sera toujours possible à une personne agile et dotée de bons réflexes d'éviter le coup. Mais le but de l'exercice ici est de bouger en saisissant l'intention du partenaire. Avoir une pensée consciente reviendrait en quelque sorte à vouloir écouter les paroles de quelqu'un en parlant en même temps.
Lorsque la main guide le corps
Dans la réalisation de cette technique Hino senseï insiste sur le fait de laisser la main guider le corps. En regardant la vidéo cela m'a rappelé certaines explications de Kono senseï où il démontrait que le corps était plus facilement mobilisé selon la direction que l'on donnait à tel ou tel doigt.
Voici quelques avantages que je vois au fait de laisser partir la main d'abord. N'ayant pas abordé ce sujet avec Hino senseï je ne sais si cela correspond à son intention.
-Cela aide à ne pas pousser dans le sol.
-Si la main reste centrée, le corps reste dans l'axe de l'attaque jusqu'à sa "disparition". L'attaquant ne modifie donc pas sa trajectoire, ou seulement pour éviter la main (j'y reviendrai plus tard).
-Cela permet d'attaquer où d'intercepter l'attaque.
Saisir l'intention
Lorsque deux combattants de haut niveau se font face, l'interception de l'intention devient un élément majeur du combat. En Daïto ryu et en Aïkido il semble que le travail des attaques arrières, qui ne s'effectuaient pas en commençant de face, ait notamment eu ce but. De nombreux épisodes relatent d'ailleurs les capacités des grands adeptes à saisir l'intention, que ce soit des personnages historiques tels que Tsukahara Bokuden ou qu'ils soient plus proches de nous tels que Ueshiba Moriheï. Chez les adeptes que j'ai rencontrés, Kuroda senseï et Hino senseï ont développé des capacités étonnantes dans ce domaine. J'avais été stupéfait lorsque Hino senseï sentait les attaques alors qu'il était en position de salut, face contre terre et ne voyant aucune partie du corps de l'attaquant.
Seichusen
Un autre point fondamental est le contrôle du seichusen, l'axe du corps. La définition de ce terme étant variable selon les écoles, considérons juste ici qu'il s'agit de la ligne qui sépare votre corps en deux. De face elle correspond normalement à votre colonne vertébrale. En hanmi (oui là aussi selon les écoles la définition varie…) ou de profil, il s'agit toujours de la ligne qui passe par le milieu de votre corps mais cela ne correspond plus à la colonne vertébrale.
Il ne me semble pas possible d'expliquer par les mots ce qui se transmet par l'expérience mais je vais tenter de donner quelques pistes.
L'interprétation classique voudrait que l'on considère que deux personnes debout sont aussi centrées l'une que l'autre. Pourtant même en position neutre, debout et de face, alors que l'on croit être droit, chacun a des tensions qui déséquilibrent son corps, même s'il est stable et que sa colonne est verticale. Le seichusen n'est alors pas correct. C'est une chose que l'on apprend à ressentir en soi et voir chez les autres.
Lorsqu'une personne a un meilleur seichusen que son adversaire il lui devient très facile d'agir, que cela soit pour couper, frapper ou effectuer une technique. En revanche, avec un mauvais seichusen, alors même que la forme semblera la même à un regard non averti, la technique ne fonctionnera pas ou se reposera sur la force, la vitesse, etc…
Le contrôle de son centre et de celui de l'adversaire est une notion fondamentale du combat entre adeptes. Il me semble d'ailleurs que c'est une des origines des mouvements de kissaki entre kendoka.
Développer son seichusen est un point fondamental de la pratique du Shinbukan, mais je crois que cette notion devait être présente dans la plupart des koryu, même si elle prenait un autre nom ou des formes légèrement différentes. C'est un travail qui me semble très rare actuellement ou abordé de façon assez grossière.
Un passage de l'interview de Kuroda senseï où il aborde le seichusen:
Vous expliquez souvent que ceux qui ne peuvent pas voir ne voient pas. Qu'entendez-vous par là?
Quelle que soit le domaine un oeil exercé voit des choses que la plupart des gens ne voient pas. Il ne s'agit pas de choses mesurables qui sont faciles à voir et qui peuvent être contrefaites, mais de l'essence des choses. Du regard qui permet de voir au-delà des apparences souvent trompeuses et de voir même recouvert de boue le véritable trésor.
Dans le domaine des arts martiaux il n'est pas nécessaire par exemple d'être un pratiquant pour reconnaître de telles choses et Nishioka senseï, le maître de Shodo, voit parfaitement le seichusen alors qu'il reste invisible au commun des gens, même pratiquants.
Après avoir vu la vidéo où je pratique le bo il m'a dit: "Je voyais quelque chose de bizarre en la regardant mais je n'arrivait pas à savoir quoi jusqu'à ce que je vois que tout votre corps était en permanence caché par le bo."
La technique consiste effectivement à être en permanence protégé mais il ne s'agit pas d'être réellement derrière le bo dont le diamètre ne peut absolument pas cacher la largeur du corps même de profil. Mais il voyait et comprenait la technique. Si on parle de ça avec une personne qui ne possède pas cette vision elle répondra juste: "Evidemment on vous voit!"
(N.d.T. : -Shodo = calligraphie.)
Différence de sensibilité
Pour en revenir à la technique de Hino senseï, son seichusen est tel que lorsqu'il effectue son mouvement, un pratiquant ayant développé un certain degré de sensibilité esquivera son geste en déviant son attaque. Lorsqu'il démontre la technique sur des personnes n'ayant pas encore cette sensibilité, Hino senseï dévie très légèrement son mouvement. Tokitsu senseï disait dans un de ses ouvrages quelque chose comme, "celui qui ne peut sentir sera frappé" (ou coupé).
L'essentiel est invisible
Le passage à partir de 2,44 est aussi très intéressant. Il révèle bien à quel point alors même que le geste extérieur semble en tout point similaire, la différence de sensation de l'attaquant. Je crois qu'il s'agit là d'un point fondamental. L'essentiel est invisible et ne peut qu'être ressenti. On voit d'ailleurs qu'à la fin de sa coupe sur l'élève, l'attaquant est stable. Lorsqu'il attaque Hino senseï il termine déséquilibré.
Saisir l'intention, suite
A partir de 3,19 senseï explique un point très important, qu'il a démontré chez Brahim Si Guesmi comme je le mentionne plus haut, il ne faut pas saisir avec le regard. Il faut saisir l'intention. C'est une capacité qui lorsqu'elle est développée donne aux spectateurs une impression de faux. Alors qu'une réaction est compréhensible, le fait de saisir l'intention et d'agir à ce moment donne l'impression que le maître a anticipé… Comme à 4,40.
Mais comme le dit l'adage, "Le propre du véritable Aïkido est d'avoir l'air faux."
Notre mouvement est le résultat de celui de l'adversaire
A 3,55 Hino senseï explique que ce n'est pas nous qui devons bouger, mais que "nous sommes mus" par l'action du partenaire. Une idée que l'on peut rapprocher de l'esprit d'Osenseï, notre mouvement n'est que le résultat de l'action de l'attaquant…
Hino senseï sera à Paris pour un stage exceptionnel les 16 et 17 mai.
(Le DVD n'est pas encore terminé et je donnerai toutes les informations nécessaires ici lorsqu'il le sera.)
La technique que l'on voit dans cette vidéo m'avait beaucoup intéressée pour le travail sur l'intention et le seichusen qu'elle permettait.
Ne pas réfléchir ou mushin, "l'esprit vide"
Au début de l'extrait Hino senseï explique qu'il ne faut pas réfléchir. Cela semble une évidence pour beaucoup mais de nombreux Aïkidoka ne font jamais cette expérience car la façon de pratiquer (l'étude de formes, très peu de travail libre et absence de combats) permet de l'éviter. En revanche des pratiquants de sports de combats expérimentent plus souvent cet état.
Dans le cas de cette technique, la pensée consciente empêche de sentir l'intention du partenaire. Bien sûr il sera toujours possible à une personne agile et dotée de bons réflexes d'éviter le coup. Mais le but de l'exercice ici est de bouger en saisissant l'intention du partenaire. Avoir une pensée consciente reviendrait en quelque sorte à vouloir écouter les paroles de quelqu'un en parlant en même temps.
Lorsque la main guide le corps
Dans la réalisation de cette technique Hino senseï insiste sur le fait de laisser la main guider le corps. En regardant la vidéo cela m'a rappelé certaines explications de Kono senseï où il démontrait que le corps était plus facilement mobilisé selon la direction que l'on donnait à tel ou tel doigt.
Voici quelques avantages que je vois au fait de laisser partir la main d'abord. N'ayant pas abordé ce sujet avec Hino senseï je ne sais si cela correspond à son intention.
-Cela aide à ne pas pousser dans le sol.
-Si la main reste centrée, le corps reste dans l'axe de l'attaque jusqu'à sa "disparition". L'attaquant ne modifie donc pas sa trajectoire, ou seulement pour éviter la main (j'y reviendrai plus tard).
-Cela permet d'attaquer où d'intercepter l'attaque.
Saisir l'intention
Lorsque deux combattants de haut niveau se font face, l'interception de l'intention devient un élément majeur du combat. En Daïto ryu et en Aïkido il semble que le travail des attaques arrières, qui ne s'effectuaient pas en commençant de face, ait notamment eu ce but. De nombreux épisodes relatent d'ailleurs les capacités des grands adeptes à saisir l'intention, que ce soit des personnages historiques tels que Tsukahara Bokuden ou qu'ils soient plus proches de nous tels que Ueshiba Moriheï. Chez les adeptes que j'ai rencontrés, Kuroda senseï et Hino senseï ont développé des capacités étonnantes dans ce domaine. J'avais été stupéfait lorsque Hino senseï sentait les attaques alors qu'il était en position de salut, face contre terre et ne voyant aucune partie du corps de l'attaquant.
Seichusen
Un autre point fondamental est le contrôle du seichusen, l'axe du corps. La définition de ce terme étant variable selon les écoles, considérons juste ici qu'il s'agit de la ligne qui sépare votre corps en deux. De face elle correspond normalement à votre colonne vertébrale. En hanmi (oui là aussi selon les écoles la définition varie…) ou de profil, il s'agit toujours de la ligne qui passe par le milieu de votre corps mais cela ne correspond plus à la colonne vertébrale.
Il ne me semble pas possible d'expliquer par les mots ce qui se transmet par l'expérience mais je vais tenter de donner quelques pistes.
L'interprétation classique voudrait que l'on considère que deux personnes debout sont aussi centrées l'une que l'autre. Pourtant même en position neutre, debout et de face, alors que l'on croit être droit, chacun a des tensions qui déséquilibrent son corps, même s'il est stable et que sa colonne est verticale. Le seichusen n'est alors pas correct. C'est une chose que l'on apprend à ressentir en soi et voir chez les autres.
Lorsqu'une personne a un meilleur seichusen que son adversaire il lui devient très facile d'agir, que cela soit pour couper, frapper ou effectuer une technique. En revanche, avec un mauvais seichusen, alors même que la forme semblera la même à un regard non averti, la technique ne fonctionnera pas ou se reposera sur la force, la vitesse, etc…
Le contrôle de son centre et de celui de l'adversaire est une notion fondamentale du combat entre adeptes. Il me semble d'ailleurs que c'est une des origines des mouvements de kissaki entre kendoka.
Développer son seichusen est un point fondamental de la pratique du Shinbukan, mais je crois que cette notion devait être présente dans la plupart des koryu, même si elle prenait un autre nom ou des formes légèrement différentes. C'est un travail qui me semble très rare actuellement ou abordé de façon assez grossière.
Un passage de l'interview de Kuroda senseï où il aborde le seichusen:
Vous expliquez souvent que ceux qui ne peuvent pas voir ne voient pas. Qu'entendez-vous par là?
Quelle que soit le domaine un oeil exercé voit des choses que la plupart des gens ne voient pas. Il ne s'agit pas de choses mesurables qui sont faciles à voir et qui peuvent être contrefaites, mais de l'essence des choses. Du regard qui permet de voir au-delà des apparences souvent trompeuses et de voir même recouvert de boue le véritable trésor.
Dans le domaine des arts martiaux il n'est pas nécessaire par exemple d'être un pratiquant pour reconnaître de telles choses et Nishioka senseï, le maître de Shodo, voit parfaitement le seichusen alors qu'il reste invisible au commun des gens, même pratiquants.
Après avoir vu la vidéo où je pratique le bo il m'a dit: "Je voyais quelque chose de bizarre en la regardant mais je n'arrivait pas à savoir quoi jusqu'à ce que je vois que tout votre corps était en permanence caché par le bo."
La technique consiste effectivement à être en permanence protégé mais il ne s'agit pas d'être réellement derrière le bo dont le diamètre ne peut absolument pas cacher la largeur du corps même de profil. Mais il voyait et comprenait la technique. Si on parle de ça avec une personne qui ne possède pas cette vision elle répondra juste: "Evidemment on vous voit!"
(N.d.T. : -Shodo = calligraphie.)
Différence de sensibilité
Pour en revenir à la technique de Hino senseï, son seichusen est tel que lorsqu'il effectue son mouvement, un pratiquant ayant développé un certain degré de sensibilité esquivera son geste en déviant son attaque. Lorsqu'il démontre la technique sur des personnes n'ayant pas encore cette sensibilité, Hino senseï dévie très légèrement son mouvement. Tokitsu senseï disait dans un de ses ouvrages quelque chose comme, "celui qui ne peut sentir sera frappé" (ou coupé).
L'essentiel est invisible
Le passage à partir de 2,44 est aussi très intéressant. Il révèle bien à quel point alors même que le geste extérieur semble en tout point similaire, la différence de sensation de l'attaquant. Je crois qu'il s'agit là d'un point fondamental. L'essentiel est invisible et ne peut qu'être ressenti. On voit d'ailleurs qu'à la fin de sa coupe sur l'élève, l'attaquant est stable. Lorsqu'il attaque Hino senseï il termine déséquilibré.
Saisir l'intention, suite
A partir de 3,19 senseï explique un point très important, qu'il a démontré chez Brahim Si Guesmi comme je le mentionne plus haut, il ne faut pas saisir avec le regard. Il faut saisir l'intention. C'est une capacité qui lorsqu'elle est développée donne aux spectateurs une impression de faux. Alors qu'une réaction est compréhensible, le fait de saisir l'intention et d'agir à ce moment donne l'impression que le maître a anticipé… Comme à 4,40.
Mais comme le dit l'adage, "Le propre du véritable Aïkido est d'avoir l'air faux."
Notre mouvement est le résultat de celui de l'adversaire
A 3,55 Hino senseï explique que ce n'est pas nous qui devons bouger, mais que "nous sommes mus" par l'action du partenaire. Une idée que l'on peut rapprocher de l'esprit d'Osenseï, notre mouvement n'est que le résultat de l'action de l'attaquant…
Hino senseï sera à Paris pour un stage exceptionnel les 16 et 17 mai.
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