L'harmonie est avant tout un acte
合, l'union, l'harmonie. Triste paradoxe de voir le premier caractère qui désigne notre discipline si souvent galvaudé, bafoué. Entre les courants, à l'intérieur d'un même groupe, les luttes intestines et critiques publiques sont devenues monnaie courante. Ont-elles précipité la chute de l'Aïkido où en sont-elles une conséquence ? Qu'importe. Plus que jamais l'essentiel est que cette page soit tournée, pour le bien de la discipline et de ses pratiquants.
"On utilise souvent le terme Aïkido mais beaucoup de ce qui est désigné sous ce nom est très différent de ce que nous avons étudié auprès du Fondateur. Mais on ne peut dire pour autant qu'il ne s'agit pas d'Aïkido. C'est un point très délicat. (Rires)
On ne peut pas simplement dire "Ce que je fais est de l'Aïkido, ce que font les autres n'en est pas".
La pratique change selon celui qui l'enseigne. Mais si celui qui le fait pense et déclare qu'il pratique l'Aïkido, je n'y vois pas d'inconvénients."
Shimizu Kenji, le "dernier disciple d'Osenseï"
Des choix différents n'invalident pas les nôtres
Je suis très critique. Dans son aspect le plus noble, qui consiste à examiner objectivement les éléments positifs et négatifs des choses. Mais aussi dans son corollaire mesquin, le blâme dont lorsqu'il est élégant, j'apprécie l'aspect caustique. Mais s'il m'arrive de partager ce dernier plaisir coupable, j'essaie de ne réserver mes critiques publiques qu'aux questions éthiques et non aux choix techniques.
Je suis un ardent défenseur de la martialité dans l'Aïkido. Pour autant je ne me sens pas menacé et n'éprouve pas le besoin de jeter la pierre à ceux qui ont mis l'accent sur l'aspect spirituel, religieux, santé et bien-être. À fortiori lorsque l'objectif est le même, mais s'appuie sur d'autres choix techniques.
Développer plutôt que s'approprier
Voir un pratiquant adopter sa vision de l'Aïkido est flatteur. Mais s'il faut accueillir tous ceux qui le désirent, convaincre en attaquant les autres courants est une voie sans issue. D'une part parce que cela donne une image ridicule de la discipline aux regards extérieurs. D'autre part parce que les choix techniques ne sont qu'un des nombreux éléments qui décident un pratiquant à adhérer et rester dans un dojo. Même si l'on convainc une poignée, cela revient donc surtout à antagoniser une majorité des pratiquants d'Aïkido et desservir la discipline.
S'il ne s'impose pas spontanément à tous, à minima ces arguments devraient nous convaincre des bienfaits du respect des choix de chacun. Chaque école gagnera en évitant de critiquer pour convaincre et se justifier, et en concentrant ses efforts sur une vision positive de ses orientations.
Osenseï entouré d'uchi-deshis. De gauche à droite Kurita Yutaka, Shimizu Kenji, Saotome Mitsugi, Kanai Mitsunari, Toheï Akira, Ueshiba Kisshomaru, Maruyama Shuji, Watanabe Nobuyuki.
L'harmonie ce sont avant tout des actes
Ma vision de l'Aïkido est claire, et mes choix tranchés. Pour autant j'ai toujours respecté les multiples orientations de l'Aïkido, et pensé qu'elles permettent de diffuser son message au plus grand nombre. C'est pourquoi j'ai toujours mis un point d'honneur à présenter la richesse de l'Aïkido, de l'AïkiTaïkaï à la Nuit des Arts Martiaux Traditionnels, en passant par Spécial Aïkido et Yashima. Et c'est aussi pourquoi j'ai participé à des évènements comme les 24h de l'Aïkido, et que je serai à l'Aïki Days les 8 et 9 janvier.
Voici un petit clip réalisé à l'occasion de la Nuit des Arts Martiaux Traditionnels en 2010. Les experts d'Aïkido présents étaient :
L'Aïkido : un fleuve, de multiples courants
Ce week-end à Rennes, trois compréhensions de l'Aïkido autour d'un désir commun :
DYNAMISER L'AIKIDO
- Présenter sa vision
- Respecter les choix différents
- Partager une passion
Des actions à la portée de chacun. Parce que l'harmonie ce sont avant tout des actes.
P.S. 2022 ne m'a transformé. Je reviendrai dans l'année sur des éléments que j'estime nocifs à l'Aïkido quand je l'estimerai nécessaire. En veillant à ne pas déroger à l'idéal que j'évoque ici.