Budo no Nayami

Le premier secret du Budo

11 Janvier 2022 , Rédigé par Léo Tamaki Publié dans #Budo - Bujutsu

Précieux outil de survie, la pratique martiale resta longtemps secrète, jalousement transmise entre initiés. De ces temps passés reste le sentiment que des écoles développèrent une science donnant accès à une efficacité magique. Après quatre décennies à parcourir le monde, j'ai bien évidemment découvert de précieux enseignements. Rien pourtant de magique. Des savoir-faire précis affinés au fil des générations et qui permettent de gagner un temps précieux. Mais rien, rien qui ne remplace engagement et persévérance.

 

 

Chinen Kenyu : Au coeur des traditions d'Okinawa (Yashima 4)

Avez-vous un conseil pour les pratiquants ?

Le sport c’est vaincre autrui, parcourir un mètre de plus que lui, mettre quelques secondes de moins que l’autre. Ce n’est pas quelque chose de mauvais, mais c’est un combat pour l’extérieur, jugé par les autres. La tradition n’est pas la compétition mais la lutte avec soi-même.

Quand on débute on trouve beaucoup de choses difficiles, et il faut se vaincre au quotidien. Mais le temps passant, les difficultés surmontées se traduiront en plaisir dans la pratique. C’est alors que l’on touche au haut niveau. La seule condition est de persévérer, ne jamais abandonner.

 

Shimizu Kenji : Le dernier disciple d'Osenseï

La pratique a donc principalement un but spirituel ?

L'Aïkido est un Budo et sa pratique implique évidemment de chercher à développer sa compétence martiale. Mais aujourd'hui l'Aïkido tend à se limiter à la pratique de formes. C'est bien sûr quelque chose d'essentiel mais que l'on surestime. C'est une chose qui me préoccupe beaucoup.
Dans certains dojo la posture dès que l'on porte le keïkogi est "fabriquée", empruntée, les gens jouent un rôle. La force que l'on peut percevoir n'est pas la véritable force.

Avec le temps la pratique doit permettre au corps et à l'esprit de ne faire qu'un. Plus on s'affermit plus on devient souple et doux avec un esprit fort. Ceux qui paraissent forts en surface sont ceux qui n'ont pas confiance en eux. Les gens qui sont véritablement forts n'ont pas besoin de l'exhiber.
C'est cette force que je voudrais acquérir et aider les gens à obtenir. Pas une technique forte, mais la capacité à endurer, persévérer. Le courage et la force morale sont l'essence de la véritable force de l'homme.

 

Shimabukuro Yukinobu : Efficacité et bienveillance (Yashima 11)

Vous évoquez l'aspect mental. Comment se développe-t-il à travers le Karaté ?

Au départ on vient au Karaté pour renforcer notre corps ou notre esprit. Pour que cela fonctionne, il faut s'engager totalement car celui qui s'économise durant la pratique ne peut progresser. Persévérer, faire des efforts, est donc nécessaire pour évoluer. Et passer à travers ce processus nous élève.

 

Gambaru

Gambare, gambaro (fais un effort, persévérons), sont des termes quotidiens dans la pratique martiale au Japon. Le premier kanji de頑張る, gambaru, signifie "obstiné, têtu". Le second se traduit par "allonger, étirer".

La constance de l'engagement, la persévérance, se traduisent ainsi par… l'extension de l'entêtement !

 

Jean-Marc Chamot : L'héritage des maîtres du passé (Yashima 14)

Avez-vous un conseil pour les pratiquants ?

Persévérer. Il faut persévérer.

Si l'on pratique suffisamment longtemps, vient un moment où on est déstabilisé. On peut avoir le sentiment de ne plus progresser, de ne plus savoir rien faire, et le doute s'installe. Ce sont ces moments qui forgent le caractère. La détermination que j'ai développée sur les tatamis m'a permis de surmonter les épreuves professionnelles et personnelles auxquelles j'ai eu à faire face dans ma vie.

L'Aikidō recèle nombre de leçons de valeur. Mais l'une des plus simples et des plus précieuses est la force de la persévérance.

 

Tsuchida Shinya : Pionnier du Kudo (Yashima 6)

Avez-vous un conseil pour terminer ?

Sincèrement, je ne me sens pas en position de conseiller qui que ce soit. (Rires) Toutefois je partagerai cette idée : Il y a une chose que je pense essentielle, c’est de persévérer.

On commence pour diverses raisons. Qui ne nous sont pas toujours claires. Mais si l’on a commencé, il y avait un sens, et il ne faut pas jeter l’éponge comme ça. Il faut passer les moments de doutes. Et si l’on prend la décision d’abandonner, cela ne doit pas être sur un coup de tête ou un moment d’abattement fugace.

Il y a des moments où l’on se sent bien dans la pratique, mais il y a aussi beaucoup de moments difficiles. Si l’on continue, cela passera. Et cela est la même chose en tous domaines. Dans les épreuves il ne faut pas abandonner. Faire un pas de plus, continuer quelques secondes, ça change tout.

 

Comme beaucoup de "secrets", la force de la constance est "hidden in plain sight". Omniprésente elle est invisible à la plupart d'entre nous. Les plus grands maîtres le disent et l'écrivent. Les géants l'incarnent humblement, pratiquant chaque jour inlassablement jusqu'à leur dernier souffle. Mais, sourds et aveugles, nous mettons leur incroyable efficacité sur le compte du talent ou de l'accès à un savoir plus fin, à des méthodes secrètes. Cela nous dédouane, jusqu'à justifier notre médiocrité.

Le premier secret du Budo est clair.

Le premier secret du Budo est à notre portée à tous.

Constance et persévérance. Gambarimashō !

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
Merci Me Tamaki vous me donner du courage et un sens. Il a une logique pour toute chose.
Répondre
L
Merci pour la lecture, et bonne pratique !<br /> <br /> Léo<br />
J
Pour moi, l'efficacité d'un militaire se joue en deux phases : la sueur épargne le sang et éviter de réfléchir dans l'action..Si vous réfléchissez à ce qui peut vous arriver, vous ralentissez le mouvement et vous êtes mort..Un bon guerrier se remet toujours en question et recherche la meilleure solution pour résoudre un problème..Il existe toujours quelqu'un de meilleur que vous.. Tout cela devrait correspondre aux Arts martiaux<br /> ..
Répondre