Budo no Nayami

Dernier au revoir à René VDB

22 Février 2012 , Rédigé par Léo Tamaki Publié dans #Budo - Bujutsu

6h30, il fait frais et le soleil n'est pas encore levé. La nuit a été courte et une brève douche achève de me réveiller. Alors que je revêts mon costume noir mes pensées vont vers René et glissent vers ceux qui l'ont récemment précédé. Jean-Yves Le Vourch, Tamura Nobuyoshi, Abe Seïseki, Sunadomari Kanshu

 

 

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Miguel, un élève et ami, et moi-même, partons chercher la voiture que nous avons louée. L'agence ouvrira en retard, l'employé mettra une éternité, nous serons pris dans des bouchons, le GPS ne fonctionnera pas correctement et nous arriverons... à 11h30 au cimetière, loin de la maison funéraire où la cérémonie avait lieu à 10h00.

 

Habituellement enclin à l'impatience j'accueilli pourtant toutes ces péripéties avec un vague sourire, comme un clin d'œil du destin, ou de René.

 

 

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Les rendez-vous manqués avec René…

Je n'ai jamais été un élève de René. Pourtant il a toujours été là, à l'horizon de mon parcours. A la fin de ma première semaine de pratique, quand mon premier enseignant, Jacques Bardet, m'a emmené à un stage de Tamura senseï, c'était au Havre. Le cours qui devait si fortement influencer le reste de ma vie avait été organisé par VDB.

Pièce rapportée de dernière minute, je me souviens encore d'avoir dormi sur un lit pliant pour enfant dans la chambre de deux sempaïs, Yann et José. Je me souviens du sourire lumineux de Tamura senseï lorsqu'il reçut comme cadeau de fin de stage une magnifique tsuba dont René, des années plus tard, me raconterait l'origine.

 

 

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Dans l'entourage de mes débuts en Aïkido plusieurs personnes avaient un à priori négatif sur René et, bêtement, je le fis mien. Quels que soient ses actes, ils furent dès lors teintés d'un voile négatif. De son côté René me raconta la même chose. Lorsque mon nom commença à être un peu connu on lui rapporta des choses négatives qu'il prit pour argent comptant.

Les paroles de ses élèves proches comme Brahim ou Philippe adoucirent vaguement mon opinion mais sans aller bien loin, je l'avoue. Jusqu'à ce que nous passions, liés par notre amitié avec Brahim, deux jours ensembles à la suite de la disparition de Tamura senseï. Je découvris alors un homme entier qui m'offrit généreusement une amitié qui, loin de faiblir, se renforcerait avec le temps.

 

Après que nous nous soyons apprivoisés, René m'a proposé à plusieurs reprises que nous fassions un stage en commun. Pour de mauvaises raisons j'en ai laissé passer l'occasion. Brahim me rapportait qu'il y a peu encore, à l'hôpital, il cherchait une date pour cela la saison prochaine. Le guerrier ne baissait pas les bras.

 

 

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Après la cérémonie de nombreuses personnes devaient se rendre au dojo pour boire un verre en son honneur. Je n'avais jamais été un élève de René et j'ai préféré laisser ceux qui l'avaient suivi, côtoyé et avaient su voir la beauté en lui longtemps avant moi, se retrouver entre eux. Miguel et moi, perdus dans nos pensées, nous sommes promenés dans le silence des allées du cimetière Sainte Marie.

 

Oui, René et moi nous étions souvent ratés. Et la larme à l'œil j'ai souri à ce dernier rendez-vous manqué…

 

 

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M
<br /> Bonjour, ton témoignage m'a beaucoup ému, je laisse ici le mien, libre à toi de le conserver ou non.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je suis moi-même passé "à côté" de René durant plusieurs années, faute à la fainéantise, certains appellent ça procrastiner, moi j'appelle ça du gâchis… <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J'ai toujours voulu pratiquer cet art martial, j'aimais la notion de ne pas être un "attaquant". J'ai débuté en 2003, je suis allé acheter mon kimono puis me suis rendu un peu avant le cours au<br /> dojo de René en lui disant:<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> - "j'aimerais apprendre l'aïkido", <br /> <br /> <br /> - "vous voulez commencer quand ?", <br /> <br /> <br /> - "Maintenant" <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Quelle découverte ! J'ai réappris à marcher, à me déplacer, à avoir moins peur, à être plus moi-même, une sacrée année …<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> René m'a beaucoup aidé à une période pénible de ma vie en 2004 : il m'a simplement convoqué lors d'un appel téléphonique je débutais depuis un an et ne me rendais plus au dojo depuis quelques<br /> semaines :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> "Bonjour, c'est VDB ! Alors vous n'avez pas de boulot en ce moment ? Et votre compagne est partie ? Alors vous avez tout le temps de venir au dojo… A toute à l'heure dans ce cas."<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Cela m'a remis le pied à l'étrier et être là, au dojo, neuf heures par semaine, entouré, à me dépenser et essayer de progresser plutôt que de me morfondre sur mon sort m'a permis de reprendre<br /> soin de moi et de penser à autre chose, puis tout naturellement d'aller beaucoup mieux.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> René était aussi cet homme assez joyeux qui donnait énormément d'un point de vue humain : rieur, parfois narquois, très accessible et impressionnant malgré tout cela. <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ensuite on dira ce que l'on veut, on le pensera aussi, mon boulot m'a pris du temps j'allais de moins en moins au dojo, une tendinite, puis une entorse, puis des "la semaine prochaine j'y<br /> retourne" pendant plus de trois ans…<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> A l'annonce de son décès j'ai été profondément bouleversé, je me suis rendu à son inhumation, puis au dojo et j'ai eu tellement de plaisir à revoir ces gens avec qui je pratiquais avant. Je me<br /> sentais un peu décalé, honteux de mon manque d'assiduité…<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J'ai repris depuis une semaine, plein de courbatures, le souffle court, mais quel plaisir (même si j'ai dû rouler dans mon lit pour me lever mercredi dernier…), j'aimerai participer plus<br /> activement à la vie du dojo, pour aider celles et ceux qui veulent continuer de faire vivre ce lieu où le temps, la classe sociale et d'autres "valeurs" n'ont pas tant d'importance que dehors.<br /> <br /> <br /> Je me suis imposé de travailler beaucoup, de ne plus remettre au lendemain, d'arrêter la clope vite et de faire honneur dans ma pratique et mon engagement à ce "bonhomme", qui aurait dit à un<br /> proche "c'est dommage, il me reste tellement à donner".<br />
Répondre
L
<br /> <br /> Cher Mehdi,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci pour ce très beau témoignage.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Léo<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Tu aurais du prendre mon phone et tu aurais retrouvé tous ses amis dans le dojo de René.<br /> <br /> <br /> Dommage<br />
Répondre
L
<br /> <br /> <br /> Cher Alan,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C'est gentil mais, comme je l'indiquais dans le post, je me serai senti déplacé.<br /> <br /> <br /> J'ai peu connu René, et de son entourage je ne connais réellement que Brahim et Philippe.<br /> <br /> <br /> Je savais qu'ils étaient, avec Toshiro et d'autres partis au dojo. J'avais l'adresse et leurs numéros<br /> <br /> <br /> mais je préférais laisser les gens qui se connaissaient parler entre eux.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Un jour si cela ne dérange pas je viendrai découvrir et le dojo de René et saluer sa mémoire.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Léo Tamaki<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />